27 juin 2009

L’immoralité dans les crampons

Un grand nombre de salariés ont perdu leur emploi, tous les autres ont perdu le sommeil. La crise économique est devenu si profonde qu’elle s’est transformée en crise sociale. L’angoisse du lendemain devient le pain quotidien du plus grand nombre. En face, les émoluments mirobolants de certains patrons de grandes entreprises ont provoqué, à juste titre, une indignation légitime, ont été ressentis comme une provocation et un scandale insupportables. Mais il existe un plus grand scandale encore : le pourrissement du monde du football par l’argent. Il circule, dans ce milieu, des sommes tellement considérables qu’elles en perdent toute signification aux yeux du commun des mortels. Comment accepter que les salaires mensuels de certains joueurs atteignent plusieurs millions d’Euros, pour simplement taper du pied dans un ballon !! Cette situation est un vrai scandale et devrait soulever la même indignation populaire que celle due aux parachutes dorés patronaux. Or curieusement, il n’en est rien. Les médias en général et la télévision en particulier en sont les complices objectifs. Le nombre invraisemblable d’articles, de reportages télévisés, d’émissions radiophoniques, impriment dans les esprits un message subliminal qui donnent aux acteurs de ce sport (il n’est pas sûr que le mot soit adapté) le statut de vedettes extra-terrestres auxquelles tout est permis. Le football a remplacé les jeux du cirque et les réactions du public y sont tout aussi violentes, allant de l’invective raciste à l’imbécillité mortelle. Tout spectateur qui entre dans un stade pour assister à un match, laisse son cerveau au vestiaire et se transforme soudain en une brute épaisse, prête à toutes les injures et toutes les violences, conforté par l’anonymat que fournit à bon compte la foule. Le plus curieux, dans cette affaire, est que ces spectateurs qui s’enthousiasment pour les coffres-forts qui courent sur la pelouse, sont ceux-là même qui s’indignent des salaires patronaux.

11 juin 2009

La mort est-elle au bout du chemin ?

La déroute du Parti Socialiste, une de plus, semble n’être une surprise que pour les socialistes. Il suffit de réfléchir un tout petit peu pour comprendre que ce parti est complètement dépassé par les impératifs de l’époque actuelle. Ils sont toujours avec une vision de la société et de la Nation qui relève d’une philosophie du siècle dernier. Les références à Léon Blum ou à Jaurès sont de références effectives alors qu’elles ne devraient être qu’historiques. Le monde s’est arrêté pour le Parti Socialiste aux années 1920. Après leur défaite aux élections européennes, on entend les socialistes rabâcher, une fois de plus, qu’ils vont se réunir pour discuter de la refondation de leur programme ! La signification profonde de cet aveu est que ce Parti n’a plus aucune vision nationale de l’avenir du pays. La question qui se pose à eux est de savoir si une vision, comme celle que De Gaulle ou Mitterrand avaient de la France, se construit dans des assemblées de militants, voire dans des réunions dites de démocratie participative. Il n’est jamais rien sorti de ce genre de forum, sinon une cacophonie dont on ne peut rien conclure sauf une sacro-sainte synthèse inodore et sans saveur. Le Parti Socialiste n’a pas assimilé deux principes fondamentaux : un pays ne s’enrichit que s’il gagne plus qu’il ne dépense et une vision d’avenir national s’incarne dans un leader naturel. Aujourd’hui, il n’a ni l’un ni l’autre. Certes, la rénovation du « projet » est importante, mais alors il faut prendre cette rénovation au sérieux et ne pas la confondre avec une liste de courses établie rapidement, en quelques jours, sur un coin de table, comme le Parti l’a fait plusieurs fois, pressé qu’il était de répondre à la critique justifiée de son manque de propositions. Aujourd’hui, la France est en face de trois défis : la protection sociale (la sociologie de la population a changé et les besoins de protection ont considérablement augmenté), le changement climatique et la protection de l’environnement, l’Europe politique et le leadership au sein des institutions européennes. Pour faire face à ces trois défis, il n’y a qu’un seul moteur, la croissance. Pour pouvoir mettre en œuvre une politique sociale de redistribution efficace, encore faut-il avoir quelque chose à répartir et ne pas se contenter de vivre à crédit en creusant, chaque jour, une dette qui compromet dangereusement l’avenir des générations futures. Et, enfin, pour faire tourner le moteur, il n’y a plus qu’un seul carburant : l’innovation. C’est sur ces trois défis, sur le fonctionnement du moteur et l’accès au carburant innovation que l’on attend, en vain, depuis des années un vrai leader du Parti Socialiste qui sache s’imposer et faire taire les ambitions personnelles et mortifères de tous les vieux caciques qui l’encombre. Ceux-ci n’ont, aujourd’hui, pas d’autre objectif que d’étouffer dans l’œuf toute naissance éventuelle d’un vrai leader qui pourrait mettre en danger leur propre ambition. Tant que le fonctionnement interne du Parti favorisera cette pratique, lentement mais sûrement, il avance vers sa disparition.

08 juin 2009

Espèces en voie de disparition

Défaite électorale du Parti Socialiste et effondrement du Modem, tels sont les principaux résultats des élections européennes 2009. Une secrétaire générale en grandes difficultés et un président de parti ayant perdu tout avenir politique, telles en sont les conséquences. Est-ce réellement une surprise ? Lorsqu’un parti politique est miné de l’intérieur par des ambitions personnelles et des confrontations stériles et sans fin, lorsqu’un candidat déclaré aux futures élections présidentielles se trompe de campagne et se penche dans les poubelles de l’Histoire, est-il vraiment étonnant que la sanction populaire se manifeste avec éclat ? La gauche française est éclatée en mille morceaux, l’opposition ne porte aucun message crédible et n’a aucun leader capable d’entraîner une majorité de Français. En ce qui concerne le Parti Socialiste, les vrais responsables sont devenus soudainement silencieux et invisibles depuis quelque temps. Où sont passés Fabius, Strauss-Kahn, Lang, Ayrault, Guigou et consort ? Les rats ont-ils quitté le navire ? Contrairement à Jospin qui a préféré fuir après sa défaite, Martine Aubry reste seule, comme un capitaine sur la vigie d’un bateau qui fait naufrage. Elle ne doit compter sur aucun secours. Les éléphants sont réellement en voie de disparition. Enfin !!

07 juin 2009

Abstention-Europe : 1- 0

Les seuls français satisfaits des dernières élections européennes sont les hommes politiques de tous bords, puisqu’ils clament tous qu’ils ont obtenu un franc succès ou une leçon salutaire qui n'est qu'une péripétie. Même les « petites » listes ont atteint leur objectif financier, le seul qui réellement comptait. Il n’y a guère que ce soi-disant succès qui soit grand, car l’intelligence s’est effondrée sous les coups de boutoir de la langue de bois. La seule et grande gagnante de ces élections est, comme attendu, l’abstention qui a atteint un record de 60%. Durant la campagne, les medias lui ont fait tellement de propagande qu’il n’est pas étonnant que les individus aient été convaincus qu’il était totalement inutile de se déplacer. Mais, au-delà de ce fait, cette abstention massive pose une sérieuse question sur l’avenir de l’Europe. La doxa consiste à se plaindre que l’Europe ne protège pas assez le citoyen contre les dangers de la mondialisation et de la crise financière et économique. Il faut bien dire que les euro-sceptiques clament sur tous les tons que la commission européenne passe son temps à légiférer sur la longueur des concombres ou le diamètre des tomates. À force d’entendre ces discours caricaturaux, tout le monde finit par y croire et, il faut bien l’avouer, il n’y a rien là qui puisse alors soulever l’enthousiasme de l’électeur, ni le rassurer sur les protections que peut lui apporter l’Europe. Les hommes politiques ont également un discours qui est, la plupart du temps, complètement abscons. Les phrases du genre : « Il faut faire avancer l’Europe vers la justice sociale » ou bien « Nous allons construire un projet dans la cohérence » ou encore « Nous allons retrouver le chemin de l’Europe sociale », « Il faut un bouclier social », forment le fond du discours politique ambiant qui reste ainsi complètement incompréhensible pour le citoyen. Quelle que soit la liste électorale candidate, il était possible de lire sur ses affiches des slogans comme : « Changer l’Europe, vers une Europe sociale, Votez pour une Europe qui vous protège, … » et autres banalités sans signification. Il n’est guère étonnant que l’électeur ne sente pas concerné ou reste profondément sceptique sur l’utilité de son vote. Il y a plus grave encore. À force d’avoir truffer leurs discours d’attaques contre le gouvernement, mais surtout contre le Président de la République (anti-sarkozisme radical, psychopatologique, viscéral, pavlovien), les politiques ont poussé ceux qui ont fait l’effort de voter à le faire pour des motifs de pure politique nationale et partisane. Les enjeux européens sont totalement absents de leurs réflexions. Enfin, les très rares débats contradictoires organisés par les médias ont systématiquement tourné, comme d’habitude, à la foire d’empoigne et au brouhaha incompréhensible avec attaques personnelles et injures, donnant, une fois de plus, une image absolument déplorable des politiciens aux discours indigents où la médiocrité le dispute à l’incantation et à l’insulte. Ajoutons qu’il existe une contradiction apparente entre l’indifférence des électeurs et la multiplicité extravagante des listes électorales qui se sont présentées à ces élections. N’en a-t-on pas compté jusqu’à 28 en Île-de-France ? Cette floraison de listes n’a fait finalement qu’ajouter à la confusion du discours et au désintérêt de l’électeur. Confusion des discours, méprise sur les véritables enjeux, discrédit des hommes politiques. La question fondamentale est la suivante : comment construire un projet européen lorsqu'il n'y a que des listes purement nationales ne comportant que des nationaux et se présentant sur des circonscriptions également nationales ? L’Europe est malade. Une vraie démocratie doit trouver lieu de cité au sein de l’organisation européenne. Le sentiment ressenti par les citoyens est que les décisions sont prises par une commission sur laquelle ils n’ont aucun contre-pouvoir. Ces règles doivent impérativement changer. Ceux qui ont voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne doivent être considérés comme les grands responsables de ce désastre.