30 janvier 2010

Courant nauséabond

La politique française sombre dans le ridicule, démontrant une fois de plus la médiocrité de la plupart des hommes politiques qui nous gouvernent (ou qui voudraient bien le faire !). « L’affaire Clearstream » tout d’abord qui débouche à la tête de l’État sur un règlement de comptes du type OK Coral ! La vindicte si mal cachée du Président de la République et les imprécations grandiloquentes d’un ancien Premier Ministre donne au monde entier un spectacle navrant qui donne de la France une image déplorable. À supposer que Mr. de Villepin soit candidat à la magistrature suprême, ce qui ne fait guère de doute, et que l’actuel propriétaire de la charge ne se représente, ce qui ne fait pas de doute non plus, nous allons assister à un débat où la haine et le désir de vengeance prendront la place du débat d’idées, ce qui là encore ne fait aucun doute. Du côté de l’opposition, le spectacle n’est guère plus réjouissant. La France est un pays de culture catholique depuis deux mille ans. Cette culture se traduit dans les habitudes et les mœurs des Français. C’est ainsi que, lorsqu’il s’agit de stigmatiser quelqu’un, il est devenu naturel de dire qu’il n’a pas « l’air catholique ». Cette expression est largement passée dans le langage courant (« tout ceci n’est pas catholique … »). Cette expression a perdu depuis longtemps, si elle l’a jamais eue, toute connotation xénophobe ou antisémite. L’indignation du Parti Socialiste devant l’injure faite à Mr. Fabius est totalement artificielle et ne porte que sur la mise en cause d’un éléphant du Parti par un personnage sulfureux et grossier qui continue de séduire les militants socialistes de sa région. Cette indignation sert de prétexte mal caché pour saisir au vol l’opportunité de rompre tout lien avec cet encombrant personnage. Ainsi, à côté de l’affaire Clearstream, coule le courant nauséabond de la politique politicienne. Au plus grand bonheur des medias.

27 janvier 2010

Contradiction

L’Église chrétienne se prépare à accorder la sanctification à Jean-Paul II. La récente révélation de la pratique de la mortification de l’ancien pape est devenu un argument supplémentaire pour lui accorder cette distinction. La mortification est ainsi élevée au rang de justification de la sanctification à venir. S’infliger des souffrances physiques serait le signe indéniable d’un comportement chrétien exemplaire. Sans être adhérent au dogme de l’Église catholique, on ne peut, cependant, qu’être surpris par cette argumentation. Pour tout humaniste, la souffrance physique infligée à quiconque se dénomme torture, quel que soit celui qui l’inflige. De même que la suppression de l’être physique, qu’il s’agisse de meurtre ou de suicide, est formellement condamnée par cette Église, il devrait en être de même pour la torture. Blesser physiquement le corps est injurier ce qui est regardé par l’Église comme l’œuvre de Dieu. L’homme n’a-t-il pas été créé à son image ? La mortification physique n’est-elle donc pas une profanation ? N’est-ce pas identique à la détérioration volontaire de tout objet sacré ? L’auto-flagellation n’est pas une pratique thaumaturge, elle est une déviation psychologique pour tout homme normal. Elle ne pourrait se justifier que pour un marcionite pour qui le monde et l’homme sont l’œuvre d’un démon. Les chrétiens devraient s’interroger sur cette contradiction. Mais il faut bien avouer que ce problème reste dérisoire devant les souffrances infligées par l’homme lui-même à ses semblables à travers le monde entier. L’espèce humaine s’auto-flagelle depuis des siècles et on ne peut pas dire que le monde soit peuplé de saints !

25 janvier 2010

Désobéissance

La peur du changement est le propre de l’espèce humaine. Toute modification exogène de l’organisation socio-économique provoque une crainte qui génère automatiquement des résistances. Cette constatation se révèle vraie dans toutes les corporations qu’elles soient publiques ou privées. Les médias sont riches des évocations de conflits au sein des entreprises ou de l’administration, nés d’une volonté managériale de modification de l’organisation. L’Éducation Nationale est exemplaire en la matière. Les enseignants se sont toujours élevés contre toute tentative de changement pédagogique ou organisationnel de l’Éducation Nationale. Pratiquement tous leurs ministres ont dû abandonner leur projet, voire démissionner de leur fonction. Le projet actuel d’évolution de l’enseignement primaire n’échappe pas à cette malédiction. Actuellement, environ 17% des enfants entrant dans l’enseignement secondaire ne maîtrisent ni l’écriture ni la lecture. Devant ce grave constat d’échec, le Ministère de l’Éducation Nationale a proposé des orientations pédagogiques pour l’école maternelle et pour le cycle primaire. Ces propositions ont immédiatement suscité des réactions nombreuses et négatives du corps enseignant. Et, au sein de cette corporation, a vu le jour une catégorie plus radicale que les autres et qui s’est nommée par le néologisme des « désobéisseurs », mot inexistant dans la langue française, ce qui est un comble pour des enseignants. Ils auraient pu choisir bien d’autres mots : les insoumis, les mutins, les rebelles, les résistants, les révoltés, les opposants, etc … Mais là n’est pas le centre du problème. Ces enseignants refusent d’appliquer les directives du ministère dont ils dépendent et prétendent entrer « en résistance pédagogique ». Ce sont pourtant des fonctionnaires d’État. Dans toute entreprise, un salarié qui refuse d’appliquer les consignes de ses managers commet une faute grave qui débouche sur le licenciement. Ce risque n’existe pas pour un fonctionnaire d’État. Cette insoumission est donc sans risque. Elle est donc sans courage, sauf à ce que le fonctionnaire démissionne. Mais aucun d’entre eux n’a fait ce choix malgré les sanctions financières justifiées dont il a fait l’objet. On peut être réservé quant à l’application de ces sanctions, mais lorsque l’on entend les justifications données par les porte-parole de ces enseignants, on ne peut qu’approuver l’existence de ces sanctions. En effet, on reste confondu lorsque l’on entend qu’un des reproches faits par ces professeurs en parlant des enfants est « d’en avoir fait des élèves et non des enfants » ! Il y a là une grave confusion entre le rôle de l’école et de la famille, entre la transmission du savoir et l’éducation. Laisser les règles s’établir peu à peu par les enfants eux-mêmes est également la doctrine mise en œuvre par ces
« désobéisseurs ». L’enseignant n’enseigne plus, il n’est plus qu’un simple animateur ! On est bien loin de ce que la société demande à l’Education Nationale et on frémit du risque que ces hommes et femmes font courir aux enfants. La liberté pédagogique est une nécessité, mais celle-ci ne peut aller jusqu’à la négation du rôle de l’enseignant. La justification ultime avancée par les « désobéisseurs » est qu’il est justifié qu’un enseignant ne respecte pas les directives de son ministère pour ne pas être « rabaissé » au rang d’automate. Lorsque l’on sait que, par bonheur, ces « désobéisseurs » ne représentent que 1% du corps enseignant public (ce qui fait quand même près de 7000 personnes), il est alors insultant pour les 99% restant d’être traités « d’automates » par leurs confrères, c’est-à-dire d’individus sans conscience ni intelligence. Cette « résistance » pédagogique n’est-elle pas uniquement l’expression d’un rejet compulsif d’un gouvernement de droite ? La politique n’a-t-elle pas abusivement remplacé le devoir pédagogique ? Alors, messieurs les « désobéisseurs », ayez le courage de démissionner ! C’est la seule façon de donner une certaine crédibilité à vos discours.

22 janvier 2010

Populisme aggravé

Voulez-vous savoir ce qu’est le populisme ? Ce qui vient de se passer au sujet de la rémunération de Mr. H. Proglio en est une brillante démonstration. La levée de bouclier qu’a suscitée dans le monde politique et au sein de la population le montant du salaire de ce chef d’entreprise, qui n’était en fait qu’au niveau préalablement promis par le gouvernement avant qu’il n’ait accepté le poste, est un magnifique exemple de populisme aggravé. Le « peuple » ayant trouvé insupportable et indécent le niveau de cette rémunération, les politiques ont immédiatement enfourché le même cheval de l’indignation morale. Certes, ce montant est important. Et il est tentant de faire des comparaisons faciles avec le salaire moyen des travailleurs de tous bords et de fulminer à grands cris. Mais alors, pourquoi les politiques ne manifestent-ils aucune indignation au sujet des rémunérations touchées par certaines vedettes du show-biz, du sport en général et du football en particulier ? Certains de ces individus touchent des émoluments qui sont de 5 à 10 fois plus importants que ceux proposés à Mr. H. Proglio. De plus, beaucoup d’entre eux vont cacher leurs gains en Suisse ou dans tout autre paradis fiscal, ce qui n’est pas le cas du PDG d’EDF. Et aucun politique n’élève la moindre protestation, tout simplement parce que le « peuple » accepte cette situation et que, pour les politiques, aller dans le sens de la doxa c’est-à-dire « caresser le peuple dans le sens du poil » est une obligation avant une échéance électorale prochaine. C’est cela que l’on appelle le populisme.
Ceci étant dit, il n’en reste pas moins que Mr. H. Proglio, maintenant plus que jamais, doit démontrer sa compétence à faire prospérer son entreprise. Et il a déjà du travail ! L’échec d’Abou Dabi en face des Coréens, l’affaire des déchets nucléaires en Russie, les difficultés de l’EPR, les difficiles relations avec AREVA, sont autant de problèmes auxquels il doit apporter rapidement une réponse, faute de quoi il deviendra légitime de dire que ses compétences ne sont pas à la hauteur de sa rémunération. Mais pas avant et surtout pas à priori.

20 janvier 2010

Gouverner, c’est prévoir

Le 20 Janvier 2010, la secrétaire générale du Parti Socialiste Martine Aubry a évoqué la possibilité de porter à 61, voire 62 ans, l’âge officiel de la retraite. Lorsque l’on se souvient que « la retraite à 60 ans » est une réalisation mitterrandienne, on ne peut que souligner le courage de cette prise de position, venant d’une ancienne ministre de la présidence socialiste. Il n’est pas sûr qu’elle soit suivie dans cette voie par ses congénères du parti. Déjà, H. Emmanuelli a protesté. Et son argumentation est intéressante à analyser. La situation des retraites, dit-il, n’est pas suffisamment catastrophique pour qu’une telle mesure se justifie. Or, gouverner, c’est prévoir. Lorsque la situation démographique du pays passe de trois actifs à un actif pour un retraité, il est d’une éclatante évidence que, pour préserver les règles de la répartition, édictées en 1941 et incorporées à la Sécurité Sociale en 1945 dans le programme du Conseil National de la Résistance, il faut prévoir les conséquences de la transformation de la pyramide des âges, de l’allongement de l’espérance de vie, de la rentrée de plus en plus tardive dans la vie active qui se sont produites depuis 60 ans. Monsieur H. Emmanuelli se bande les yeux devant cette évolution et refuse de prévoir l’inéluctable effondrement du système si les règles sont laissées en l’état. Tous les autres pays européens, soumis à une transformation démographique analogue, ont pris des mesures. Il est grand temps que la France en fasse autant, même si cela nécessite des efforts, voire des sacrifices, importants. Lorsque Monsieur H. Emmanuelli refuse de prévoir cette évolution, il refuse, dans le même temps, d’être un homme politique de gouvernement. Tout simplement parce qu’il manque du courage le plus élémentaire et se réfugie dans la démagogie mensongère. Peut-être la proximité des élections régionales expliquent-elles ce comportement ? En dehors des syndicats qui resteront conformes à ce qu'ils sont, gageons qu'il y aura d'autres hommes politiques pour s'accrocher à la retraite à 60 ans.

18 janvier 2010

Quel avenir pour Haïti ?

Pour les habitants d’Haïti, il s’agit d’une fin du monde, d’une apocalypse. Pauvres au-delà du raisonnable, les voilà complètement démunis, meurtris, blessés, détruits. Cette île, posée sur la route des cyclones tropicaux, est aussi assise sur une faille importante de la tectonique des plaques. Aux douleurs dues à une Histoire chargée de révoltes humaines, de guerres et de dictatures, les habitants de cette île vivent sous la menace des révoltes de la nature. Déjà en 1751, un séisme détruisit Port-au-Prince. Les tremblements de terre, les ouragans, les inondations, sont récurrents. Depuis toujours, l’île compte ses morts. En 1963, l’ouragan Flora fait 5000 victimes, l’inondation des Cayes noie 20.000 hectares en 1986, l’ouragan Jeanne de 2004 fait 300.000 sinistrés et 3000 morts. La litanie des catastrophes est impressionnante. Le séisme de 2010 fera plus de 200.000 morts. A cette succession de catastrophes naturelles s’ajoute l’incurie des dictatures successives qui ont conduit ce pays aux portes de l’absolue pauvreté. Haïti est un pays détruit à la dérive. La réaction immédiate et importante des USA est à la hauteur de la catastrophe humanitaire qui frappe l’île. Le désordre qui s’est installé et l’incapacité du gouvernement haïtien à maintenir l’ordre justifie l’envoi par les Américains d’une force armée importante pour contenir et empêcher les débordements que crée obligatoirement le désespoir. La prise en main, par les USA, de l’administration de l’île est en cours. Un regard sur la carte du monde montre que Cuba, cette épine dans le pied de la diplomatie américaine, est à mi-chemin entre la Floride et Haïti. Comment ne pas songer que l’idée de faire de cette île le cinquante et unième état des USA n’ait surgi dans l’esprit de l’administration américaine ? Comment ne pas imaginer que les stratèges américains n’aient pas immédiatement vu la possibilité de prendre Cuba en sandwich et, ainsi, de renforcer la pression des USA sur ce « furoncle » communiste qui a poussé au beau milieu de la zone d’influence américaine ? Sans faire à priori un procès d’intention aux USA, la communauté internationale et l’ONU devront, malgré tout, rester vigilants. Les Haïtiens ont chèrement payé dans le passé leur indépendance et ils méritent de la garder.

16 janvier 2010

L’ « affaire » Peillon

Il n’est pas douteux que Monsieur Peillon ait une aversion profonde pour Monsieur Éric Besson. Peut-être cette aversion n’a-t-elle comme équivalent que celle qu’il ressent pour tout représentant du Front National. On peut comprendre les raisons de cette double et infrangible détestation. On peut comprendre que Mr. Peillon ne puisse pardonner à Mr. Besson, ancien responsable brillant et plein d’avenir du Parti Socialiste, d’avoir trahi sa famille politique en affichant son soutien à l’actuel Président de la République et, pire encore, en prenant part au gouvernement actuel. De la même façon, on peut comprendre la répugnance que Mr. Peillon ressent envers les idées et les représentants du Front National. Tout cela est légitime.
Par contre, se servir consciemment et volontairement des médias nationaux pour leur tendre un piège, minutieusement réfléchi et organisé, pour le seul bénéfice de sa notoriété, est proprement scandaleux. Il eut été compréhensible que Mr. Peillon refuse de participer au débat, en informant de son refus l’organisatrice au moment même où cette dernière lui en a fait la proposition. Il aurait même pu parler au nom de son parti, à condition d’en avoir informé préalablement les instances dirigeantes, et déclarer que le Parti Socialiste refusait de débattre de l’identité nationale avec de tels contradicteurs. C’eût été son droit. Par contre, faire semblant d’accepter le débat pour annoncer, en cours d’émission et par SMS interposé, qu’il refusait de participer est ce qui s’appelle un piège construit sur un mensonge. La première conséquence est de jeter le doute et la suspicion sur la totalité de la classe politique qui n’avait guère besoin de cela, tant la méfiance des citoyens est grande à son égard. La seconde conséquence est un scepticisme grandissant sur le courage de Mr. Peillon et ce doute portera nécessairement un préjudice important sur sa crédibilité et, donc, sur son avenir politique. La troisième conséquence est que Mr. Peillon s’est fermé pour très longtemps l’accès aux médias publics qui ne prendront plus jamais le risque de construire un débat avec sa participation.
Enfin, la cerise sur le gâteau. Pour parer sa défection de la couleur d’une indignation irrépressible, Mr. Peillon a demandé la démission de la direction de France Télévision au seul motif d’avoir organisé ce
débat ! De quoi déclencher un énorme éclat de rire. La dernière conséquence est donc que Mr. Peillon s’est couvert de ridicule.

12 janvier 2010

Le principe de précaution

L’épisode de la vaccination contre la grippe A-H1N1 met, une fois de plus, en lumière l’aspect pervers du principe de précaution. La nocivité de ce principe ne tient pas tellement au fait que les anticipations gouvernementales paraissent aujourd’hui excessives, mais bien dans le fait que, si celles-ci n’avaient pas eu lieu et que la pandémie eût été importante, la collectivité aurait violemment réagi en critiquant le gouvernement, voire en engageant des poursuites judiciaires. Ce principe est une invention allemande de la fin des années 60 et incorporé dans la Constitution Française en 2005. Traumatisé par l’affaire du sang contaminé, par l’épisode du prion de la vache folle, par la propagation du SRAS, par la canicule de 2003, le gouvernement (et la collectivité) interprète ce principe comme un principe de responsabilité de l’État Français et celui-ci se transforme alors en principe de couverture (de responsabilité) qui incite les politiques à suspendre l’action. De plus, ce principe consiste à donner le plus grand poids possible au plus petit risque supposé, donc à exagérer la menace et devient ainsi un risque subjectif de la collectivité, y compris des responsables politiques, que les médias se plaisent à exacerber. Il supprime la légitimité décisionnelle des responsables politiques, soumis de force à l’injonction de précautions maximales. Les domaines où ce principe risque d’avoir de dramatiques conséquences sont déjà nombreux : environnement, recherche (recherche génétique, nanotechnologies), applications industrielles (portables, EPR), santé. Les effets les plus dramatiques du principe de précaution se font ressentir dans le domaine de la recherche. La recherche française ne se porte pas bien depuis un certain temps déjà. On constate une diminution de la part des brevets français déposés en Europe, une désaffection des jeunes pour les filières scientifiques universitaires, la faiblesse du financement de la recherche par les entreprises. Partant de l’insuffisance avérée de l’innovation en France, un rapport confidentiel de l’Inspection des Finances en 2007 dénonce l’organisation et "l’inefficacité économique de la recherche publique". Le retard de l’innovation et de la recherche industrielle en France (et en Europe) est indiscutable. Ainsi le chiffre d’affaires des biotechnologies est de 53 milliards de dollars aux États-Unis et de 2,5 milliards de dollars pour l’ensemble de l’Europe, au sein de laquelle la France occupe une place moyenne, avec une nette tendance au recul. Le principe de précaution ne peut qu’aggraver cette situation en freinant les recherches sur la génétique (OGM, cellules souches, ADN, …), en limitant drastiquement les applications des nanotechnologies, en soulevant de multiples obstacles aux techniques utilisant des ondes porteuses, etc … Le principe de précaution cherche à supprimer le risque. Mais le risque zéro est une utopie. De plus, sans risque, il n’y a pas de vie.
Donc, si l’on veut vivre, il faut enlever au dangereux principe de précaution son caractère constitutionnel et législatif qui le rend contraignant et laisser l’appréciation du risque à l’intelligence humaine. À nous de confier la décision à des hommes capables de la prendre. C’est cela le devoir de la démocratie.

09 janvier 2010

Violence

Hakim est mort la nuit dernière. Poignardé dans son lycée par un autre élève pour une raison futile. Aussitôt, resurgissent les discours sur la « sanctuarisation » de l’école, les mesures de protection et de surveillance. On parle à nouveau de portiques de détection, de caméras. Les syndicats et les associations enfourchent à nouveau le discours du manque de moyens. Tout cela a déjà été entendu maintes fois depuis que la violence s’est installée dans la société. L’école n’échappe pas à cette intrusion (Champigny, Toulouse, Gagny, …). Il est illusoire, quels que soient les moyens mis en œuvre, d’espérer arrêter la violence aux portes de l’école lorsque celle-ci prolifère à l’extérieur, lorsqu’elle existe et pénètre journellement et par intrusion médiatique jusque dans les foyers. Comment imaginer que la violence des adultes reste sans effet sur les enfants ? La seule et vraie protection devrait se trouver dans le sein familial en charge de l’éducation, l’école ayant la charge du savoir, ce qui n’est pas la même chose. Malheureusement, beaucoup (de plus en plus ?) de parents délèguent à l’Éducation Nationale ce qui est de leur responsabilité. Les vraies questions sont donc les suivantes : comment mettre les parents en face de leurs responsabilités ? Comment la société doit-elle s’organiser pour empêcher que se développent une culture et une banalisation de la violence ? Comment la société peut-elle empêcher la création de ghettos qui deviennent des bouillons de culture pour le virus de la violence, à cause de la désespérance ?

08 janvier 2010

Caricature

Un homme politique d’envergure, le dernier représentant authentique d’un gaullisme exigeant et sans concession, est décédé. Je veux parler de Philippe Séguin. Les médias se font l’écho des hommages unanimes des politiques de tous bords. Tous parlent de son engagement sincère pour la République et de sa probité politique. Bref, un homme digne et respectable à qui la France, une fois de plus, n’a pas donné la place qu’il méritait. Lorsque l’on rapproche ce concert de louanges du traitement satirique qu’il a dû subir lorsqu’il était un acteur de la vie politique (qui ne se rappelle la caricature infamante que les « guignols de l’info » de Canal + ont fait de lui), on est en droit de se demander jusqu’où la satire a le droit d’aller, pourquoi ce droit exorbitant de n’avoir pratiquement aucune limite ne s’accompagne-t-il pas du devoir de rester décent ? Cette même question se pose pour certains chroniqueurs actuels qui se répandent dans les médias et qui, confondant humour et provocation, gagnent confortablement leur vie en déversant des tombereaux d’ordures sur le monde qui les entoure. La liberté d’expression, une des libertés fondamentales de la Démocratie, doit s’accompagner, pour tout esprit ayant un peu le sens du respect d’autrui, du devoir d’éviter la diffamation et la volonté de blesser, de s’abstenir d’abuser de l’impunité de fait que donne cette liberté d’expression.
Avec De Gaulle est morte une certaine idée de la France, avec Philippe Séguin est morte une certaine idée de la République.

06 janvier 2010

Ces politiques qui se racontent

Il n’est pas un homme politique, en exercice ou retiré, qui ne suppose indispensable de livrer au monde son histoire personnelle, persuadé qu’il répond à un devoir de mémoire collective (Chirac, Strauss-Kahn, Jospin, de Villepin, Juppé, Bayrou, etc…). Au nom de quoi ? N’y a-t-il pas une vanité démesurée à croire que le « peuple » attend, comme une révélation, le récit de leur vie, de leurs actions, de leurs erreurs (pour les plus sincères) ? Il semble que ces hommes politiques cherchent à mettre leurs pas dans ceux des grands hommes de la IVème République ou de Charles De Gaulle et de Winston Churchill qui, à leur époque, ont publié, avec beaucoup de talent, leurs mémoires. La grande différence tient dans le fait que De Gaulle et Churchill ont créé une œuvre historique. Leurs écrits sont, en effet, davantage un récit historique que des mémoires. Et, il faut bien l’avouer, le récit qu’ils nous ont fait de leur vie est d’une importance capitale pour la compréhension d’une époque exceptionnelle. Rien à voir avec ce que peuvent nous raconter les politiques d’aujourd’hui qui ne laisseront aucune trace dans l’Histoire. « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France ». Ainsi commencent les mémoires de guerre de Charles De Gaulle. Les hommes politiques actuels n’ont qu’une idée certaine de leur ambition personnelle. Contrairement à la doxa, cette dérive condamnable du monde politique vers le monde « people », qui inonde l’édition d’ouvrages sans aucun intérêt et fabriqués industriellement, n’est pas une preuve de modernité mais le signe d’une perte de la conscience profonde du service à la Nation. Servir son pays par implication politique devrait être un sacerdoce, c’est-à-dire un engagement désintéressé au service de ses concitoyens, bien éloigné de toute recherche frénétique de notoriété et d’accès au pouvoir. Mais notre époque a les hommes politiques qu’elle mérite. À moins que la médiocrité des temps présents ne soit la conséquence de celle des politiques qui nous gouvernent.

01 janvier 2010

Un impossible bilan

La première décennie du premier siècle du troisième millénaire se termine. Peut-on en faire un bilan ? Peut-on identifier une évolution de la condition humaine qui démontre un progrès dans quelque domaine que se soit ? La première évidence est que la violence est devenue la marque de fabrique de cette décennie. Les foyers de violence se sont multipliés : Chine (ouigours, tibétains), Pakistan, Afghanistan et Irak (terrorisme et guerre), Iran (dictature sanguinaire, crimes d’État), Philippines (assassinats d’État), Palestine et Israel (crimes de guerre et contre l’humanité), Zimbabwe et Ouzbékistan (dictatures mégalomaniaques), Niger (coup d’État sanguinaire), Nigeria et Mauritanie (terrorisme), Rwanda et Burundi (guerres tribales), Colombie (terrorisme), Tchétchénie (crime d’État), Somalie (terrorisme et anarchie meurtrière), Yémen (terrorisme), Soudan (génocide), Corée du Nord (dictature sanguinaire), etc … À cette violence d’État s’ajoute celle, plus secrète, de la violence du capitalisme mondialisé. Les graves atteintes à la vie de populations locales font flores dans les grandes entreprises multinationales : déforestations dévastatrices (industries du bois et du papier, industries agro-alimentaires), graves pollutions (industries pétrolières et chimiques), désertification halieutique (industries de la pêche), pollutions radiatives (industries nucléaires), disparition des cultures vivrières des pays pauvres (industries agro-alimentaires), détournement des fleuves et assèchements (responsabilité d’État). N’oublions pas la violence sociétale, celle qui s’exprime dans les agressions armées et les saccages de banlieues, dans les suicides de travailleurs poussés au désespoir dans leur entreprise, dans la mise au chômage brutale des salariés d’entreprises qui se délocalisent ou qui font faillite à cause du comportement immoral du monde financier. Que penser de ce que ressentent les populations qui voient leurs terres disparaître dans la mer dont le niveau progresse irrémédiablement et dont le seul avenir est de devenir des réfugiés climatiques ? N’oublions pas, non plus, l’extrême violence que représentent les enfants prostitués, les enfants soldats, les enfants abandonnés dans les rues des mégapoles. Et peut-on passer sous silence l’agression violente que constituent , pour les cinq millions de pauvres qui essaient de survivre en France, les émoluments extravagants de certains acteurs financiers ou chefs d’entreprise, voire de simples footballeurs ? L’origine commune de toutes ces violences est double : l’argent et la soif de pouvoir. Ne serait-ce pas là le véritable propre de l’homme ?