27 juin 2013

La justice en eaux troubles

La Justice est un marqueur et un pilier fondamental de la Démocratie. C’est un contre-pouvoir essentiel au fonctionnement des pouvoirs législatif et exécutif. Aussi, lorsqu’elle dysfonctionne, c’est la Démocratie qui trébuche. Aujourd’hui, le citoyen ressent un malaise grandissant devant des dysfonctionnements, des erreurs, des comportements étranges de la Justice. Ces assassins récidivistes remis en liberté, sous avis d’experts approximatifs ou adventices, l’affaire Bettencourt, le procès d’Outreau, l’affaire de l’arbitrage Tapie et du Crédit Lyonnais sont autant d’interrogations. Dans la première affaire, le juge Gentil se base sur une expertise effectuée en 2011 par un expert de ses amis qui stipule qu’en 2006 Mme Bettencourt n’avait pas toute sa tête, pour mettre Sarkozy en examen !! Quels sentiments ont éloigné le juge du seul bon sens qui l’aurait normalement conduit à prendre les conclusions de cette étrange expertise rétroactive de six ans avec suspicion … à moins que le résultat n’ait été arrangé d’avance ? Il est reproché à l’un des juges de l’arbitrage de l’affaire du Crédit Lyonnais d’avoir eu des relations d’affaires avec l’avocat de B.Tapie, mis en examen pour cette seule raison. Il est donc normal, en retour, que l’on reproche au juge Gentil d’avoir des relations avec l’expert intervenu sur le dossier Bettencourt ! Le désastre de l’instruction du procès d’Outreau, dans lequel le syndicat de la Magistrature a fait preuve d’un corporatisme éffrayant, avait conduit N. Sarkozy à remettre en cause l’existence du juge d’instruction au profit d’une procédure anglo-saxone. Depuis cette proposition, les juges d’instruction sont en guerre ouverte avec l’ancien Président et semblent rechercher toutes les occasions pour le mettre en cause. L’affaire de l’arbitrage Tapie est tout aussi étrange. On a, tout d’abord, l’impression que la Justice cherche, par tous les moyens, à mettre en cause, là aussi, l’ancien Président de la République et B. Tapie en suspectant, sans aucune preuve, une connivence désignée comme une association de malfaiteurs. Dans cette affaire, qui peut contester, de bonne foi, que B. Tapie avait le droit de faire tout son possible pour gagner son procès contre le Crédit Lyonnais qui s’est conduit dans cette affaire de manière plus que douteuse ? Rappelons qu’il a revendu l’entreprise Adidas trois fois plus cher qu’il ne l’avait acheté à B. Tapie un an auparavant. Si les conclusions de l’arbitrage sont contestables, cela ne peut être reproché à B. Tapie, mais uniquement aux trois juges qui l’ont prononcé. Ce doit être, d’ailleurs, ce sentiment de malaise qui a conduit la Cour de Cassation, prompte à se défausser, à se laver les mains de cette affaire en s’affirmant incompétente ! Un des pourfendeurs les plus virulents de cet arbitrage est Mr. de Courson qui a, pourtant, en son temps, donné son accord pour cette procédure. Pourquoi l’instruction cherche-t-elle, à tout prix, à trouver un moyen de mettre en cause N. Sarkozy dans cet arbitrage en pointant une connivence supposée entre un des trois juges et l’avocat de l’ancien Président et en s’appuyant sur une simple dédicace découverte sur un livre ? Cette procédure n’est pas une procédure au rabais, plus de cinquante articles du code pénal traitant de ce moyen. Lorsqu’un procès dure depuis 16 ans, sans aboutir, comment ne pas comprendre que soit recherché un moyen d’en sortir enfin ! L’instruction se focalise sur des relations supposées frauduleuses entre les acteurs. Même si ces relations sont critiquables, il reste à démontrer qu’elles sont illégales, seul point de vue que doit retenir la Justice. N’a-t-on pas l’impression qu’il s’agit d’une chasse aux sorcières visant Sarkozy et Tapie, deux personnages atypiques et volontiers matamores qui manipulent fréquemment la provocation ? Mais est-ce suffisant ? Cette affaire est en train de glisser du domaine juridique au domaine politique, ce qui rend suspect, par avance, tout jugement futur. Enfin, nous savons que le temps de la Justice n’est pas celui de tout le monde, mais il est étonnant que nous soyons, aujourd’hui, submergés par les affaires, dont presque toutes datent de plus de dix ans, certaines de vingt ans.

13 juin 2013

La langue de bois, tout un art !

La langue de bois est un art qui devient essentiel lorsque les temps sont difficiles et la sincérité impossible. C’est l’outil majeur du « Story telling ». Je propose à tout homme politique de disposer librement du discours ci-dessous, valable en toutes occasions ! « « Chers compatriotes, Il faut bien constater que le développement des diverses difficultés actuelles incite davantage à la création de formes d’action nouvelles à mettre en œuvre immédiatement. Ainsi, l’avènement d’une action générale de reconstruction des attitudes nous oblige à la formulation et à l’analyse de nouvelles propositions. Nous avons rencontré un certain nombre de difficultés qui demandent des aménagements. Il n’est pas indispensable de polémiquer longuement et de façon stérile sur la signification de celles-ci, la garantie apportée par notre volonté de changement et d’information transparente nous obligeant à l’analyse des conditions d’intervention appropriées. Des principes exigeants de moralité, mais aussi une constante consultation des partenaires sociaux, dans un véritable souci de négociation et de main tendue, nécessitent de préciser et de construire un système de consultation largement étendu, à la recherche d’une participation consensuelle. Vous l’aurez compris, le consensus est mon combat. Cependant, n’oublions pas que la structure actuelle de l’organisation de la société moderne nécessite de préciser et de mettre en œuvre de nouvelles attitudes des intervenants envers leurs multiples devoirs, sans pour autant négliger leurs droits. Le souci du développement et de la croissance, mais surtout la complexité de la situation et la diversité des attitudes entraineront obligatoirement un processus de modernisation des projets de développement et des choix de gouvernement, pour ouvrir un avenir plus radieux. Nous passerons avec les partenaires sociaux un véritable pacte de croissance pour créer un choc de compétitivité. L’effort de redressement productif consenti sera demandé dans un souci constant de justice et d’efficacité. Il nous suffit, comme nous le voulons, d’augmenter notre efficience pour atteindre nos objectifs économiques et sociaux. La pente est rude mais la route est droite qui nous mènera vers un succès collectif. C’est donc avec confiance que nous aborderons ensemble, dans l’unité retrouvée, un avenir plein de promesses pour nous-mêmes et pour nos enfants. Vive la République et vive la France ! » ». N’avez-vous pas l’impression diffuse d’avoir déjà entendu ces mots-là ? Si vous êtes responsable d’une entreprise, il vous suffit de remplacer « gouvernement » par « conseil d’administration » ou « direction générale », « République » par « entreprise ». Ça marche tout-aussi bien.

04 juin 2013

L’Anglais en Université ?

L’idée d’officialiser l’utilisation de l’anglais dans certains cours des Universités françaises divise la société qui adore ce genre de polémique. Ceux qui s’offusquent et évoquent la mort programmée de la Francophonie (ceci rappelle certains opposants du mariage homosexuel qui avançaient le risque de la pédophilie !), oublient (ou font semblant d’oublier) que cette pratique existe déjà depuis de nombreuses années dans certains cours universitaires. La mondialisation n’est autre que la recherche, par les entreprises, de marchés sur l’ensemble de la planète. Et il se trouve que la langue internationale du commerce n’est pas l’esperanto ni le français mais l’anglais. Comment les commerciaux internationaux des entreprises pourraient-ils avoir une chance de succès s’ils ne maîtrisaient pas l’anglais commercial international ? On peut d’ailleurs se demander si certains échecs commerciaux de la France ne sont pas dus à la difficulté des français à parler correctement l’anglais. Par ailleurs, le Français est une langue difficile (le nombre de Français qui parlent leur propre langue de manière incorrecte est impressionnant) et il est probable qu’un certain nombre d’étudiants étrangers préfèrent se retrouver dans une université américaine où ils ne seront pas handicapés par une mauvaise compréhension des cours enseignés. Enfin, rien n’est plus frustrant pour un professeur que de se voir mal compris par ses étudiants. On rétorquera que, si les étudiants étrangers peuvent ainsi se sentir plus à l’aise dans un cours professé en anglais, cela se fera au détriment des étudiants français maîtrisant mal cette langue. La réponse à cet argument est simple. S’il y a des étudiants maîtrisant difficilement l’anglais en université, c’est que l’enseignement de cette langue dans le secondaire est inefficace et qu’il faut que l’Education Nationale se remette en cause dans sa pédagogie. Il y a longtemps déjà que l’univers scientifique et informatique utilise l’anglais comme langue véhiculaire. La très grande majorité des parutions, même celles dont les auteurs sont français, sont éditées en anglais. Si un chercheur français souhaite que le résultat de ses recherches soit connu de la grande majorité de la communauté scientifique, il n’a d’autre choix que de le diffuser en anglais. Les contempteurs de cette évolution avancent qu’une langue qui ne parle plus de science ne parle plus, non plus, d’avenir et donc est condamnée à devenir marginale. On peut le regretter, surtout si l’on est professeur de linguistique au Collège de France, mais il n’est pas possible d’ignorer la réalité. Ce réalisme devrait, d’ailleurs, s’exercer dans bien d’autres domaines en France. Plus que de s’opposer à l’usage de l’anglais dans les universités, un juste combat pour la langue française serait de lutter vivement contre l’usage abusif d’un « franglais » insupportable, utilisé à l’envi par les medias audiovisuels et qui se répand dans l’usage courant. Les mots comme forecaster, podcaster, en live, les geeks et les fautes de français abondantes entendues dans les discours de toutes origines est une menace bien plus grande pour la langue française.