22 janvier 2015

Je ne suis pas Charlie

Nombreux sont ceux qui crient « je ne suis pas Charlie ». Qui sont-ils ? Que veulent-ils dire ? Les réactions virulentes, voire violentes, qui s’expriment en France et dans le monde interpellent. Les protestations internationales se sont développées dans des pays musulmans qui ne sont pas des parangons de la démocratie. La meilleure réponse est de continuer à défendre la liberté d’expression. Ils défendent leur prophète, nous défendons nos libertés. Mais on ne peut pas ignorer les « je ne suis pas Charlie » qui s’entendent en France. Ils proviennent de jeunes, le plus souvent, qui ne sont évidemment pas tous des terroristes en puissance. Mais ils sont déçus, inquiets, radicalisés ou en voie de l’être. Il est important de se poser la question : comment ces jeunes en sont-ils arrivés là ? Certains ont suivi une déviance délinquante, initiée dans les banlieues et les quartiers dits difficiles. La désertification de ces quartiers et leur abandon par les services publics ont créé un fort sentiment de déréliction et de rejet. Le chômage important de ces jeunes contribue fortement à nourrir ce sentiment de non-appartenance. Certains sombrent alors dans la délinquance, allant de petits délits au banditisme, augmentant ainsi les chances de trouver sur leur chemin des « recruteurs » radicalisés et prosélytes qui leur apportent les moyens d’une révolte contre une société qui les rejette. Comment se sentir français lorsque l’on est exclu de la vie économique, lorsque l’action policière devient de plus en plus insupportable et que l’on se sent stigmatisé ? Comment ne pas ressentir comme une discrimination le simple fait de vivre dans un ghetto ? Ces jeunes n’étaient pas présents lors de la manifestation du 11 Janvier. Pour ceux-là, « Je ne suis pas Charlie » veut dire « je ne fais pas partie de cette société qui me rejette ». Une autre voie de radicalisation est de nature plus politique. Devant l’immense défi d’une politique de la ville efficace parfois mais qui, dans certains quartiers, est un véritable échec, les jeunes de ces quartiers se trouvent isolés de la société, ressentent un ostracisme injuste et sont alors en recherche d’un cadre qui leur donne une perspective de vie. Ils deviennent la proie facile des « recruteurs » ou des imams radicaux officiant dans les mosquées de banlieue qui leur offrent une justification dévoyée de donner un sens à leur vie. La délinquance, évoquée ci-dessus, conduit un certain nombre d’entre eux en prison où ils rencontrent des individus radicalisés qui les entrainent dans leur délire. L’Islam qui leur est inculqué insiste sur la supériorité de la loi coranique sur la loi légale. Ils deviennent musulmans avant d’être français. Et l’interprétation du Coran qui leur est inculquée est dévoyée et violente. Ces jeunes sont alors prêts à prendre les armes en suivant des filières qui les envoient à l’étranger avant de revenir en France, transformés en véritables terroristes. Internet et les réseaux sont devenus, également, un moyen de recrutement, utilisés avec une efficacité dangereuse par les recruteurs djihadistes. On connaît l’attirance, allant parfois jusqu’à l’addiction, de nombre de jeunes pour Internet et les écrans. C’est à cause de ces moyens que, souvent, des parents désorientés, voient leur enfant se transformer petit à petit, jusqu’au jour où il disparaît parce que parti vers un camp djihadiste d’entrainement. L’Etat, l’ensemble des hommes politiques, les parents, les éducateurs, les enseignants, tout le monde doit se sentit interpellé par ce qui ne peut être considéré que comme un échec.

19 janvier 2015

Je suis Charlie

Le 11 Janvier 2015 restera, quoiqu’en disent déjà ses contempteurs, une date historique dans l’histoire du peuple français. Cette manifestation est de même ampleur que celles de la Libération ou de la première élection de François Mitterrand. Ce fut une manifestation au sein de laquelle se sont côtoyés, dans le calme, dans un même élan, le 9-3 et le XVIe arrondissement, les juifs et les musulmans, les riches et les pauvres, les jeunes (et même les très jeunes) et les vieux, des parisiens et des provinciaux, des français et des étrangers, au total près de 1,5 million de citoyens (en tout dans la France 4 millions). Tous défilaient en portant le signe « je suis Charlie », en français, en arabe, en hébreux, en anglais, pour dire « je suis pour la liberté d’expression et de pensée ». Les 3 journées sanglantes de janvier 2015 ont vu l’assassinat de juifs, de musulmans, d’athées, de chrétiens, ce qui est la plus belle preuve de la diversité de la France et de l’immense aveuglement des assassins. Faisant l’impasse sur la sémantique, ce n’était certes pas un soutien unanime à l’hebdomadaire, mais c’était une protestation contre l’atteinte à une caractéristique essentielle d’une démocratie, la liberté d’expression et la laïcité. Il n’y a pas de démocratie sans cette liberté qui est d’ailleurs la première que suppriment toutes les dictatures du monde. Ces assassinats soulèvent le problème poignant de l’histoire personnelle des assassins. D’où viennent-ils, quel chemin ont-ils parcouru, quelles influences ont-ils subi ? Tous les ans, 150.000 jeunes sont déscolarisés et deviennent la des cibles potentielles de tous les djihadistes radicaux, dans les quartiers difficiles voire abandonnés, dans les prisons où échouent un certain nombre de ces jeunes qui chutent dans la délinquance à force de se sentir rejetés par la société. Le sentiment de déréliction dans lequel sombrent ces jeunes les transforment en des proies faciles. L’Education Nationale devra se sentir particulièrement impliquée dans la recherche d’une solution. Elle devra réviser la formation des enseignants pour leur apprendre comment expliquer aux jeunes les notions difficiles de République, de Démocratie et de laïcité. Elle devra revoir, avec le Ministère, la manière dont elle organise l’affectation les professeurs dans les collèges et lycées pour éviter d’envoyer dans les zones particulièrement difficiles, les moins expérimentés d’entre eux, réservant aux enseignants les plus anciens les établissements les moins difficiles et ayant le plus de moyens. Pour cela, les syndicats de l4education Nationale devront abandonner une attitude fermée, souvent, réactionnaire, et s’inspirer d’expériences locales trop peu nombreuses où les enseignants ont su instaurer un contact et un dialogue féconds avec leurs élèves. Le Ministère de l’Intérieur devra, de son côté, s’impliquer davantage dans la politique de la ville afin d’éviter la disparition des services publics dans les quartiers difficiles et trouver les moyens pour une véritable formation des imams. Les musulmans sunnites, qui sont les plus nombreux, n’ont pas de hiérarchie formalisée et n’importe quel musulman peut se déclarer imam. La contrepartie de cette anomie doit être compensée par une formation organisée et contrôlée. La mollesse assez générale des responsables musulmans envers les exactions islamiques est un réel problème. De même qu’il existe une « conférence des Evêques », pourquoi n’y aurait-il pas l’équivalent pour les imams ? Un des moyens utilisés par les recruteurs de futurs djihadistes est l’utilisation des réseaux sociaux qui sont devenu de grands filets de pèche aux candidats terroristes. Là encore, le Ministère de l’Intérieur doit trouver des solutions efficaces pour surveiller ce qui se passe sur ces réseaux, n’en déplaise aux tenants d’une liberté totale d’utilisation d’Internet. Un autre moyen qu’utilisent les « recruteurs » est le prosélytisme dans les prisons. Le Ministère de la Justice doit trouver les moyens pour isoler, au sein des prisons, les petits délinquants des prosélytes connus et emprisonnés. Les politiques doivent cesser de fuir ces quartiers au prétexte qu’ils ne sont pas « rentables » sur le plan électoral à cause de l’abstention. Toutefois, il ne faut pas tomber dans l’excès consistant à rejeter sur l’Education Nationale toute la responsabilité de la situation. Enseignement et Education ne sont pas à confondre. Normalement, l’éducation relève de la responsabilité parentale, l’enseignement de la responsabilité des enseignants. Or, la plupart de ces jeunes en déshérence vivent dans un milieu familial défavorisé, parfois acculturés. C’est un devoir de la politique de la ville de résoudre ce problème en s’appuyant sur des travailleurs sociaux aidés réellement par l’Etat. Enfin, l’origine des terroristes interpelle sur la politique d’intégration. On peut se demander si cette émigration massive des ressortissants des pays soumis aux exactions des islamistes n’est pas le fruit d’une politique volontaire des organisations terroristes qui cherchent, par ce moyen, à déstabiliser les démocraties occidentales en les submergeant d’un flot ininterrompu d’hommes, de femmes et d’enfants dans la détresse et fuyant l’horreur absolue. Les pays occidentaux doivent trouver des moyens plus efficaces pour mettre hors d’état de nuire ces associations de terroristes comme Boko Haram, Daesh, Al Qaida, Aqmi, Aqpa, et autres. Il ne reste qu’une seule certitude : certes, l’Etat n’est pas thaumaturge mais si la journée du 11 Janvier n’a pas de réelles suites politiques, la frustration du peuple risque d’être à la hauteur de son indignation devant le terrorisme.

12 janvier 2015

Vous avez dit fracture sociale ?

Oui, il y a bien une fracture sociale. Mais elle n’est pas celle que l’on croit. Parmi les assassins djihadistes des évènements de Janvier 2015, on ne trouve aucun diplômé de l’ENA ou d’une grande école ! Ce sont des jeunes déstructurés, sans emploi, entourés par des « enrôleurs » qui ne sont que des laveurs de cerveaux, experts en cette matière. Ils ne viennent pas du XVIe arrondissement, mais des quartiers que l’on appelle pudiquement défavorisés pour ne pas dire laissés à l’abandon depuis des années. Là est la fracture. Entre ceux dont la naissance a eu lieu dans un milieu cultivé et relativement aisé et ceux qui naissent au sein d’une famille trop nombreuse, déstructurée, en déshérence, inculte. Entre ceux que l’argent a mis à l’abri des influences mortifères et ouvert des perspectives d’avenir mobilisantes et ceux qui, ayant quitté le milieu scolaire, deviennent des proies faciles pour les enrôleurs du djihad. Il ne s’agit pas du même mode opératoire que celui qui existait à l’époque de Carlos. Ce dernier était un véritable bandit de grand chemin, un représentant du grand banditisme. L’action de ces gens-là était de mettre en œuvre des assassinats anonymes en plaçant des bombes dans des valises ou des poubelles. Ce n’est pas le cas de ces jeunes gens d’une vingtaine d’années qui ne cherchent pas à voler ou violer la société mais qui agissent au nom d’un objectif, voire d’un idéal, que d’épouvantables individus leur ont incrusté dans la cervelle. Ils agissent les armes à la main que d’aucuns leur ont généreusement fournies. Ce sont ces derniers qui ont déclaré la guerre aux démocraties et qui se servent de ces jeunes déstructurés comme chair à canon. Là est la fracture. Ces jeunes ne sont que la main armée de fanatiques, experts en contrebande de drogue, d’armes, en prises d’otages. Ne nous trompons pas dans le diagnostic. Lorsque les démocraties sont combattues, ce sont leurs valeurs que l’on veut détruire. Ce sont donc ces dernières qu’il faut défendre à tout prix. S’il faut, bien sûr, mettre hors d’état de nuire les djihadistes français avec les moyens policiers et judiciaires nécessaires, il faut d’abord que l’éducation devienne une arme de construction massive pour inculquer les valeurs républicaines et démocratiques. Une Education Nationale qui produit chaque année 150.000 jeunes sans culture et en échec scolaire total, porte une responsablilité dans l’augmentation du nombre de ces assassins en puissance. Là est la fracture. Il devient de plus en plus insupportable de constater que, depuis des dizaines années, il est impossible de réformer l’Education Nationale que des soi-disant pédagogues ont conduit dans une impasse, sclérosée par ses syndicats et préoccupée uniquement de statut, de salaire et de temps de travail ! Espérons que les 3 journées sanglantes de Janvier 2015 feront prendre conscience aux hommes politiques de leur responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui. La manifestation du 11 Janvier a été voulue et organisée par le Président de la République et son gouvernement. Le peuple français a répondu en masse et dignement, non pas pour défendre un hebdomadaire, mais bien pour défendre une liberté fondamentale démocratique, la liberté d’expression. Cette liberté est tellement fondamentale qu’elle est la première à être supprimée dans les dictatures. C’est donc une responsabilité impérieuse que les gouvernants et autres politiques donnent une vraie suite à la question qui se pose maintenant : et après ?

08 janvier 2015

CharLiberté

L’horreur d’abord. La sidération ensuite. La révolte enfin. C’est ce qu’ont démontré les rassemblements spontanés d’hier Mercredi 7 Janvier 2015, après les assassinats des journalistes, perpétrés dans les locaux du journal Charlie Hebdo. « Charlie est mort, Allah est vengé » ont crié les assassins. Est-ce là leur seule motivation ? Le mensonge est l’habit habituel des fanatiques islamiques. Il ne faut donc pas croire ces éructations. L’objectif est vraisemblablement ailleurs. Tout d’abord chercher à déstabiliser la nation française en diffusant la peur. La seule peur que nous puissions avoir est celle d’avoir peur. N’ayons pas peur ! Il est arrivé que la barbarie, dans les siècles reculés de l’Histoire, fasse basculer des régimes. Depuis le monde a changé et la barbarie n’a plus, comme seule arme, que la bêtise crasse. N’ayons pas peur de ces imbéciles ignares, incultes, sanguinaires. C’est cette même bêtise qui sera leur perte. Ensuite, gardons-nous de tout amalgame en rejetant la responsabilité de cet attentant sur l’ensemble des musulmans français. C’est là, en effet, l’autre objectif de ces assassins sans cervelle : diviser la nation et provoquer le désordre dans la démocratie qu’ils ont en horreur parce qu’elle véhicule des valeurs qui leur sont incompréhensibles. Espérons que ce choc émotionnel et national obligera les diverses autorités musulmanes de France et d’ailleurs sortent d’une attitude globalement passive devant les multiples horreurs perpétrés au nom de leur Dieu, qu’elles se structurent pour combattre vraiment et sans ambiguïté, l’islamisme radical, nouvelle peste de la planète.