19 février 2007

Le temps des cerises

Les deux seuls candidats crédibles de la campagne électorale présidentielle ont publié, l’un comme l’autre, leur catalogue de mesures puisque cela est devenu le passage obligé de toute campagne électorale où l’économie cède le pas au politique, la tactique à la stratégie. Ces mesures, pour l’un comme pour l’autre, ont un coût qui s’établit autour de 35 milliards d’Euros. Les chevau-légers de chaque parti vont s’efforcer de démontrer l’exorbitance et la sous-évaluation des dépenses de « l’autre » tout en affirmant la solidité de leurs propres estimations économiques. Mais, finalement, l’ordre de grandeur est aujourd’hui connu et s’établit pratiquement au même niveau pour les deux parties. La réelle différence tient dans le fait que, pour le candidat de gauche, ce coût provient d’une augmentation des dépenses ; pour le candidat de droite, il provient d’une diminution des impôts.
Par contre, pour trouver les recettes correspondantes, ils se retrouvent tous les deux sur la même recette magique : l’augmentation du pouvoir d’achat entraînera une relance de la consommation et donc un redémarrage de la croissance ; celle-ci génèrera alors les recettes fiscales permettant de financer le programme des promesses. Il y a là une sorte de pétition de principe qui consiste à faire croire qu’en dépensant davantage, chaque citoyen s’enrichit et peut donc dépenser. Ce cercle « vertueux-virtuel » n’est qu’une illusion. Cela veut dire que nous allons assister à une augmentation de la dette publique, déjà exorbitante, et qu’une grande partie des promesses ne sera pas tenue car le principe de réalité va nécessairement s’imposer puisqu’il est incontournable.

13 février 2007

La démocratie participative

TF1 organise une émission où 100 citoyens, censés être un panel représentatif de la société française, posent des questions pendant deux heures à un candidat à l’élection présidentielle. La première émission a eu lieu en présence de N. Sarkozy. Les premières questions ont porté sur l’interdiction de fumer et sur les radars. Au cours des deux heures d’émission, aucune question n’a été posée sur l’Europe, la dette publique, la Chine et les délocalisations. Rien n’a été dit sur la Défense ou l’Education Nationales, sur la politique française en Afrique ou au Moyen-Orient. Chaque intervenant a posé une question en rapport direct avec ses problèmes personnels : le chômeur sur le fonctionnement de l’ANPE, le viticulteur sur les difficultés de la filière, l’homosexuel sur le mariage gay, le chef de PME sur l’ampleur des taxes, etc, … Aucun des participants n’a été capable d’aborder un problème d’intérêt général. Il n’y a rien là de surprenant, un tel comportement étant parfaitement naturel. Pour la très grande majorité, ce qui touche à l’individuel est beaucoup plus important que le général et le collectif. Dans une émission du type de celle de TF1, chaque intervenant ne peut poser qu’une seule question. Il est alors naturel que, dans ses priorités personnelles, l’intervenant choisisse ce qui le touche au plus près. Et à regarder de près, le lointain reste flou. Ségolène Royal insiste, au cours de sa campagne, sur la création de jurys populaires pour évaluer l’action des élus. Sur quels critères ces jurys vont-ils baser leurs « jugements » ? Il n’y a aucune raison pour qu’ils ne fonctionnent pas avec les mêmes réflexes que les citoyens des panels des émissions de TF1, c’est-à-dire en prenant en compte uniquement la satisfaction par la représentation nationale de leurs intérêts personnels ou corporatifs. La démocratie représentative a été « inventée » pour permettre de donner la priorité à l’intérêt collectif sur l’intérêt particulier. Soumettre la représentation nationale au jugement des jurys populaires revient à subordonner l’intérêt collectif aux intérêts particuliers. N’oublions pas que la première loi de la systémique est que l’addition des solutions particulières ne fait jamais une solution collective. Enfin, si le peuple est un acteur prestigieux, n’oublions pas non plus que la foule est stupide et dangereuse.

08 février 2007

La réalité dépasse la fiction

José Bové, candidat à la Présidence de la République, vient de voir confirmée sa condamnation à 4 mois de prison pour fauchage illégal d’OGM. Comme la mise en application de cette peine demande une décision du juge d’application des peines, José Bové n’entrera pas en prison, faisons-en le pari, avant la fin de la campagne électorale. Il est donc parti aussitôt animer son premier meeting électoral… à Aubagne !! Ça ne s’invente pas !!

07 février 2007

Le terrain a bon dos !

Tous les principaux candidats à la Présidence de la République se font une obligation impérative et exigeante d’aller « sur le terrain », « au contact du vrai peuple », « à la rencontre des vrais gens », « à l’écoute des Français ». Or, tous, sont élus depuis très longtemps, ayant fait de la politique leur « job » à vie. Doit-on en conclure qu’ils sont tous devenus sourds dès qu’ils sont devenus parlementaires ? Peut-on penser, ce qui serait plus grave, qu’une fois élus, ils se sont éperdument moqués des problèmes des Français ? Faire de l’écoute du peuple le centre d’une campagne électorale ne peut que signifier que le candidat n’a aucune idée des attentes de celui-là ! Chercher ses idées « auprès du peuple » ne suffit pas aux candidats. La justification de leurs choix se trouve, non pas dans une conviction personnelle construite sur une réflexion et une expérience personnelle, mais sur ce qui se passe dans les pays voisins. C’est à celui qui va chercher ses références dans les pays scandinaves, en Espagne, aux Pays-Bas, au Royaume Uni, aux USA, en Irlande, etc, etc …
Grave, non ?

03 février 2007

Relancer la croissance ou gérer la décroissance ?

L’émergence de nouveaux géants économiques sur une terre aux ressources limitées entraîne obligatoirement une redistribution des richesses : ces derniers s’enrichissent au détriment des pays occidentaux qui s’appauvrissent. Cet appauvrissement est plus ou moins visible selon les pays. Il est beaucoup plus manifeste en France qu’aux USA. Le chômage massif est le signe le plus visible de l’appauvrissement. Il faut y ajouter le nombre croissant de travailleurs pauvres, de SDF, de mal-logés, la désindustrialisation, l’endettement croissant. Malgré des différences transitoires, tous les pays occidentaux vont devoir accepter qu’une part de plus en plus grande de la richesse mondiale soit accaparée par des pays qui réclament leur juste part, avec, d’ailleurs, la complicité non avouée ces mêmes pays occidentaux. En effet, à la recherche de nouveaux marchés et entraînés dans leur propre concurrence, ces pays ont offert les transferts de technologies dans de nombreux domaines comme argument de vente. Aujourd’hui, les pays en développement utilisent ces technologies, obtenues pratiquement sans frais et sans investissements, avec des coûts sociaux moindres, ce qui leur procure un avantage concurrentiel considérable qui perdurera jusqu’au moment où leur développement sociétal sera analogue à celui de l’occident. Il y a là une explication partielle du fait que l’Afrique ne semble pas participer à ce mouvement de développement que l’on peut constater en Chine, aux Indes ou en Amérique du Sud. L’Afrique sub-saharienne a toujours été considérée comme un grenier de matières premières (et même de personnes physiques) et non pas comme un marché solvable. Les transferts technologiques n’ont pas eu lieu. Mais le mouvement est irréversible et il lui faudra plusieurs décennies pour déboucher sur un nouvel état d’équilibre. La question qui se pose est alors celle-ci : quel équilibre ?
Le monde occidental en général, et la France en particulier, est confronté au problème suivant : la société comportant un grand nombre de défavorisés, faut-il chercher à relancer la croissance économique à tout prix (c’est-à-dire avec tous les moyens possibles) pour faire reculer les niches de pauvreté ou faut-il anticiper l’avenir en orientant le processus économique vers un état d’équilibre moins ambitieux mais plus équitable ? En d’autres termes, faut-il relancer coûte que coûte la croissance ou faut-il gérer une décroissance ? Plutôt que d’évoquer une décroissance qui fait immédiatement penser à un recul par rapport à la situation existante, il est plus juste d’évoquer un ralentissement progressif de la croissance jusqu’à l’obtention d’un équilibre à croissance nulle ou presque. Il faudra abandonner le toujours plus pour le suffisant, remplacer le plus vite par le juste-à-temps, le plus puissant par le juste-utile,le jetable par le recyclable et le réutilisable, le maximum par l’optimum, autant de remises en cause qui touchent à notre façon de vivre et de concevoir le monde. Et ceci d’autant plus rapidement que l’environnement est en danger.

30 janvier 2007

Pourquoi manque-t-il des emplois ?

Il faut, comme le disait Charles De gaulle, aborder les problèmes complexes avec des idées simples. Et si la France connaît un problème complexe, c’est bien celui du chômage. Voilà plus de trente ans que les différents gouvernements n’arrivent pas à résoudre ce problème majeur. Depuis plusieurs décennies, le taux de chômage oscille autour de 10%. Et toutes les mesures prises tant par la gauche que par la droite n’ont pas réussi à diminuer significativement ce chiffre, même en imaginant toutes les combines statistiques possibles. Où se créent les emplois ? Dans les entreprises (je laisse de côté les emplois de fonctionnaires qui ne créent pas de richesse nationale). Que constate-t-on en France ? Une entreprise quitte le pays chaque jour pour des raisons fiscales ou de succession. À quoi servent les impôts prélevés sur le citoyen et les entreprises ? À faire fonctionner les services publics dont il n’est pas douteux que l’efficacité est problématique pour la plupart d’entre eux. Donc, si on améliore fortement l’efficacité des services et de la dépense publics, on dégage une marge de manœuvre qui permet de réduire la fiscalité des entreprises. Si la France devient fiscalement attractive pour les entreprises, celles-ci vont venir de l’étranger pour s’implanter en France et créer des emplois. C’est exactement ce qui s’est passé en Irlande par exemple où se sont multipliées en quelques années les implantations d’entreprises étrangères. Pourquoi ne le faisons nous pas ? Aurait-on peur des syndicats et de leur comportement réactionnaire ? En résumé, si l’on veut créer des emplois par des incitations fiscales envers les entreprises, il est impératif de diminuer fortement la dépense publique et d’évaluer en permanence son efficience. Cela demande du courage, c’est le problème principal.
Quels sont les risques ? La guerre fiscale entre pays européens. Mais que vaut-il mieux ? Rester le pays où la fiscalité d’entreprise est la plus pénalisante et donc un frein à l’arrivée d’entreprises étrangères ou française ? Lorsqu’on mélange une certaine quantité de liquide à une température donnée avec une autre quantité de liquide à une température différente, on obtient finalement un mélange à température homogène et intermédiaire entre les températures d’origine. À quoi aboutira une éventuelle « guerre fiscale » ? À l’obtention d’un équilibre entre les pays européens, ce qui sera un mieux par rapport à la situation actuelle où la France reste pénalisée et se plaint de ses voisins sans rien faire. Bien entendu, cet équilibre ne peut s’obtenir si subsistent des obstacles à la libre circulation des entreprises, comme celle-ci est nécessaire au mélange des liquides. On peut rêver et imaginer que cette « guerre » poussera les Européens à s’entendre enfin sur le domaine fiscal. De plus, une remise à plat de la fiscalité permettrait de supprimer les quelques 2650 subventions différentes accordées à certaines entreprises.
Certes, en économie, les circularités sont la norme. C’est-à-dire que chaque variable dépend directement ou indirectement de toutes les autres. Ceci permet de construire le raisonnement qui convient le mieux à la doxa du moment. Par conséquent, le courage politique consiste à choisir un cycle et à mettre en œuvre les mesures et moyens pour que ce cycle s’enclenche… et savoir reconnaître que l’on s’est trompé si cet enclenchement ne se produit pas.
La situation est tellement grave qu’il faut un courage tel qu’il est douteux que l’on trouve l’homme ou la femme politique animé(e) d’une telle volonté désintéressée.

22 janvier 2007

Les vautours

Henri Grouès est mort ce matin. À peine l’abbé Pierre s’est-il éteint que, tel un chien sur un gros os, les médias se sont emparés avec voracité de l’événement. Événement qui n’a, en soi, rien de surprenant : l’abbé Pierre avait plus de quatre vingt quatorze ans et était malade. Comme on pouvait l’entendre sur les ondes, « son état s’est brusquement aggravé cinq minutes avant sa mort »(sic). Immédiatement se sont élevées des voix, restées par ailleurs bien silencieuses sur le problème de la misère grandissante en France. C’est ainsi que nous avons été aspergé de l’onctuosité larmoyante d’un Albert Jacquard, toujours prompt à venir prêcher sur les ondes, ou des considérations attristées d’un Bernard Kouchner, tenté par l’aventure présidentielle. Mais ils ne furent pas les seuls. Les politiques, les « associatifs », les humoristes bon teint, les « sondagistes », les économistes, les sociologues, les journalistes ont déversé sur les ondes un flot d’émotion hypocrite et convenue. L’abbé Pierre aurait sûrement préféré qu’on parle de lui et de son action avec autant d’intérêt et d’émotion de son vivant, tout au long d’un combat où il fut bien solitaire. Les politiques de tous bords se sont bousculés toute la journée pour venir témoigner de leur sollicitude attristée, poussés par la nécessité impérieuse de soigner leur image médiatique. Que ne les a-t-on entendu plus souvent pendant les cinquante ans de combat solitaire de l’abbé Pierre.

21 janvier 2007

Que le monde est beau !

La Terre existe depuis 4 milliards d’années environ. L’homme est apparu il y a à peine 10 millions d’années. Si on ramène les 4 milliards d ‘années d’existence de la Terre sur une durée de 24 heures, l’homme n’est présent que depuis 3 minutes et 30 secondes ! Il n’est donc pas très étonnant qu’il soit resté à l’état sauvage ! Et les preuves en sont nombreuses :
- La Corée du Nord est soumise à une dictature glaciale qui a transformé toute la population en zombies ;
- La Chine est encore sous la férule d’une dictature qui supprime la liberté d’expression, qui fait fonctionner des camps de « rééducation » et qui détruit sans état d’âme la civilisation tibétaine ;
- La Somalie voit sévir la loi des milices islamiques et des chefs de guerre avec tout ce que l’islam a de pire ;
- En Palestine, le Hamas tire sur des enfants qui vont à l’école sous des prétextes politiques et de différences religieuses ;
- En Irlande du Nord, la guerre de religion perdure depuis des siècles avec son cortège d’assassinats et d’horreurs ;
- En Russie, les assassinats politiques existent encore, la corruption et les pratiques mafieuses sont reines, les organes gouvernementaux sont corrompus, il faut payer clandestinement un juge pour pouvoir adopter un enfant abandonné, les exactions de l’armée en Tchétchénie restent impunies, voire encouragées, l’environnement est dévasté ;
- En Arabie Saoudite, la femme a les mêmes droits que les chiens ;
- Dans les pays africains sub-sahariens, la corruption et le détournement de fonds d’Etat sont la loi générale, laissant les populations dans un état de dénuement complet ;
- La Birmanie pratique l’esclavage sous le nom de travail forcé et emprisonne un prix Nobel de la paix ;
- L’Iraq a inventé la guerre civilo-religieuse qui tue cinquante civils par jour ;
- La Colombie tolère sur son sol des factions rebelles qui pratiquent la prise d’otages de masse et qui retiennent des civils innocents durant des années ;
- La Syrie détruit le Liban et assassine ses hommes de bonne volonté pour la seule raison qu’ils désirent un pays libre ;
- Le chef du gouvernement rwandais est sous l’inculpation de responsabilité de génocide du peuple de son propre pays ; le Soudan organise un génocide au Darfour ;
- Au Chili, un dictateur sanguinaire meurt tranquillement dans son lit avec la complicité des juges ;
- Les pays d’Europe de l’Est sont gangrenés par des réseaux mafieux pratiquant la traite des femmes et des enfants ;
- Les gouvernements des pays du Maghreb sont des dictatures camouflées sous des apparences de démocratie, avec suppression de la liberté de la presse et d’expression ;
- Le peuple iranien est aux mains d’un pouvoir psychopathe qui finance le terrorisme dans le monde ;
- Le Turkménistan, soumis à une dictature médiévale démentielle où le culte de la personnalité mis en place avait atteint, avant la mort du tyran, une dimension telle que Staline apparaît comme un petit garçon.
On croirait être embarqué sur la Nef des fous.

15 janvier 2007

Que les choses soient claires !

Le même jour, j’ai discuté (sans être entendu) de la différence entre « barbarisme » et « néologisme » et j’ai entendu Nicolas Sarkozy, candidat à la Présidence de la République Française, dire que la France et l’Europe sont « indiciblement » liées en lieu et place d’ « indissociablement » !
Il n’est pas un jour où l’on n’entende une faute de français, qu’elle soit de vocabulaire, de grammaire ou de syntaxe, sur les ondes radiophoniques ou à la télévision. Comment s’étonner du « sabir » utilisé par une partie de la jeunesse lorsque leurs aînés ne savent plus parler correctement leur langue. Pourquoi s’insurger de l’intrusion envahissante de l’anglais dans la langue française si ceux qui ont la responsabilité de s’adresser au peuple français, ne savent plus parler correctement notre langue ?
Qu’est-ce qu’un barbarisme ? C’est un mot qui n’existe pas dans la langue et utilisé à la place d’un autre (par exemple « bravitude » au lieu de « bravoure »). C’est le cas de « transférement »(au lieu de transfert), de « l’isolation des USA »(au lieu de l’isolement), de « bandement » (au lieu de bandage), de « dictatorisme » (au lieu de dictature), tous barbarismes entendus à la radio. Qu’est-ce qu’un néologisme ? C’est un mot nouveau créé parce qu’il n’y a pas de correspondant dans la langue (par exemple ce fut le cas du mot « télématique », créé dans les années 1980 lors de l’expansion des moyens de communication informatiques).
Je maintiens donc que Madame Royale a créé un barbarisme en utilisant le mot de bravitude, ce qui n’est pas digne d’un candidat à la Présidence de la République, et que l’utilisation de l’adverbe « indiciblement » en lieu et place « d’indissociablement » par Nicolas Sarkozy, ce qui est soit une catachrèse soit une métonymie, n’est pas excusable non plus. Il est profondément choquant que des candidats à la plus haute fonction de la magistrature fassent des fautes de français de ce type. Jamais cela n’est arrivé au Général De Gaulle !
En résumé, un barbarisme est une erreur, un néologisme est une création, une métonymie est un transfert, une catachrèse est une extension de sens abusive. L’antonomase est la substitution entre un nom propre et un nom commun.

14 janvier 2007

On va perdre le Nord

Pas un journal télévisé ou radiophonique qui ne parle du réchauffement climatique. L’élévation anormale de la température est devenue l’incontournable problématique de tout discours politique et écologique. Et l’on nous explique que les conséquences de ce réchauffement sont importantes puisqu’elles impactent les soldes d’hiver ! La télévision nous montre à l’envi des arbres qui fleurissent en plein mois de Janvier. De temps à autre, une voix s’élève pour expliquer les désastres potentiels de la montée du niveau des océans, en se projetant au milieu du vingt et unième siècle. Et tout le monde se soudain sent rassuré par les quelques dizaines d’années qui nous séparent encore d’une remise en cause profonde de notre manière de vivre. On ne dit plus « Après moi, le déluge », mais « Après moi, la canicule ».
Or, les conséquences dramatiques sont déjà sous nos yeux sans que personne n’en parle parce qu’elles mettent en cause des intérêts économiques considérables. La fonte de la banquise du Pôle Nord ne met pas seulement en danger la vie des ours blancs. Elle ouvre un nouveau passage maritime entre les océans Atlantique et Pacifique, le « passage du Nord-Ouest ». Par rapport aux routes maritimes passant par Panama, Suez ou Le Cap, ce passage, qui emprunte la route de « Resolute Bay », permet de raccourcir de 20 à 40% la longueur du trajet entre les ports atlantiques et pacifiques américains ou entre Anvers et Shanghai, c’est-à-dire entre l’Europe et la Chine. Lorsque l’on est attentif aux yeux de Chimène de celle-là pour celle-ci, on comprend la nature des intérêts en jeu. N’oublions pas que 80% du transport mondial des pondéreux se font par voie maritime, que le parc de containers a doublé en vingt ans. La première conséquence de cette modification géographico-climatique est la guerre juridique que se livrent déjà le Canada et les Etats-Unis pour la souveraineté de ce futur passage. Bien entendu, le Canada prétend que les eaux qui entourent l’ensemble des îles du Grand Nord sont canadiennes en vertu des Droits de la Mer de 1983, les Etats-Unis, suivis en cela par l’Europe, soutenant qu’il s’agit d’un détroit international relevant des règles juridiques correspondantes. La bataille fait rage, car les enjeux sont énormes. Tout d’abord, il faut organiser le fonctionnement du futur détroit et assurer sa régulation et sa sécurité. Le bénéficiaire des versements des droits de passage rêve devant une perspective extrêmement lucrative … à tel point que l’Egypte s’inquiète de l’avenir du Canal de Suez et de son économie ! Et Panama est sur le point de s’engager dans un chantier pharaonique consistant à élargir la totalité du canal afin de permettre le passage des futurs supertankers. Bien entendu, le développement considérable à prévoir de la circulation maritime dans le Passage du Nord-Ouest, en dehors des considérations purement économiques, aura pour conséquence quasi certaine des pollutions catastrophiques de cet environnement, protégé tant bien que mal jusqu’à aujourd’hui, avec leurs impacts considérables sur la faune halieutique. Sensibilisé par la gigantesque marée noire de l’Exxon Valdes, le Canada tente de résister aux pressions américaines en tentant de faire reconnaître sa législation, mais pour combien de temps ? D’autant plus que viendront s’ajouter les risques attachés à la recherche pétrolière et minière dans une région très prometteuse en la matière, en un moment où la raréfaction du pétrole est à l’ordre du jour. Les Inuits sont en danger de disparition. Cette région, relativement protégée des effets négatifs de la mondialisation, va soudain être confrontée à des problèmes inconnus pour elle jusqu’à ce jour, tel le terrorisme par exemple. Les USA, beaucoup plus sensibles au terrorisme qu’à l’environnement, reproche à juste titre au Canada de n’avoir pas les moyens suffisants de protection et lui dénie donc la possibilité d’une souveraineté exclusive sur ce passage. Extension du terrorisme, pollutions catastrophiques, disparition de populations, les premiers effets du réchauffement climatique ne sont pas ceux que l’on croit. Nous sommes en train de perdre le Nord … mais ne le savions-nous pas déjà ?

09 janvier 2007

L’uniforme à l’école

Quelques députés, de droite en général, ont avancé l’idée de rendre obligatoire l’uniforme à l’école. Ce n’est pas une idée neuve. Je me souviens des classes de ma jeunesse où nous portions tous, non pas un uniforme, mais une blouse identique pour tous. Plus tard, lorsque je me suis retrouvé au sein d’une grande école, encore une fois nous avions tous la même blouse, blanche en début d’année, bariolée de graffitis en fin d’année. L’idée n’est pas neuve, donc. Mais les motivations ne sont pas les mêmes. La blouse de ma jeunesse était celle de Jules Ferry qui voulait effacer, dans un souci d’égalité laïque, les différences sociales. Elle permettait de mettre, pendant le temps de l’école, sur un pied d’égalité l’enfant d’ouvrier et l’enfant de notable. Puis, le souffle libertaire de Mai 68 a supprimé cette obligation au nom d’une libération individuelle. Aujourd’hui, il s’agit de toute autre chose. Il s’agit d’empêcher, nous dit-on, l’indécence vestimentaire et l’affichage de croyances religieuses. Là où l’on voulait empêcher la discrimination de la pauvreté, on substitue une démarche sécuritaire. Cela montre l’ampleur des dérives de la société.

02 janvier 2007

La morale et les tyrans

Décidément, le monde ne sait pas se débarrasser des dictateurs avec dignité ou justice ! L’exécution de Saddam Hussein en est le dernier exemple. Comment ne pas être révulsé par une condamnation téléguidée par l’administration Bush, par un simulacre de procès entaché de multiples irrégularités, de consternants assassinats de soi-disants avocats ! Comment ne pas s’insurger contre un procès tronqué qui évite d’aborder les crimes les plus sanglants du dictateur, la raison cachée en étant la crainte de mise en causes des puissances occidentales qui ont prêté armes et bagages au tyran pour qu’il soit en mesure de perpétrer le gazage de 3000 Kurdes (qui a fourni les armes, qui a fourni les gaz ?) ! Comment ne pas être révulsé par l’attitude des bourreaux, tellement ignoble que, par contraste, c’est le tyran qui paraît digne !! Cette exécution rappelle avec force celle de Ceausescu, autre simulacre de procès et autre exemple d’exécution sommaire. Hitler n’a pas été jugé puisqu’on lui a laissé la possibilité de se suicider et Pinochet est mort tranquillement dans son lit, comme le dictateur démiurge du Turkménistan. Franco a reçu des obsèques nationales, tout comme Staline. La justice ne sait pas traiter des grands prédateurs. C’est vrai qu’elle est très efficace pour condamner les simples et les petits. L’équité veut que l’on constate également le silence étourdissant des responsables politiques de tous bords devant de telles exactions. Cela n’a rien de véritablement étonnant lorsqu’on voit comment ces mêmes responsables ménagent des personnages pour le moins douteux comme le Président iranien, le « guide » suprême libyen, ou le dictateur de la Corée du Nord. Personne ne regrette la mort des tyrans et tout le monde applaudit à leur disparition. Mais ceci ne peut justifier cela. La morale n’est décidément pas une vertu politique.

30 décembre 2006

Il est mort, le salaud !

Ce matin, à l’aube, en catimini, Saddam Hussein a été exécuté par pendaison. Personne ne regrettera la disparition de ce dictateur sanguinaire, mais une exécution reste un acte contre nature. Presque au même moment, Pinochet est mort tranquillement dans son lit. Ces deux faits sont aussi critiquables l’un que l’autre. Un pays en proie à une guerre de religion qui ne dit pas son nom, après un jugement rendu par un tribunal à la légitimité douteuse et au fonctionnement suspect, assassine un homme à qui l’on reproche d’avoir assassiner ses concitoyens. Pendant ce temps, un pays gouverné par des socialistes laisse mourir sans procès et dans son lit un homme ayant fait assassiné trois mille personnes pour asseoir son pouvoir, comme si le pouvoir actuel était en proie à la crainte irraisonnée de la réaction d’une poignée d’inconditionnels du dictateur. Ou bien est-ce la crainte qu’un procès en bonne et due forme ne mette à jour des complicités gênantes ? Dans un cas comme dans l’autre, la véritable justice n’y trouve pas son compte. Décidemment, la justice n’est pas de ce monde

23 décembre 2006

Justice et business

Les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien viennent de voir leur condamnation à mort confirmée par la justice libyenne… si l’on peut utiliser cet horrible oxymore. Au mépris des démonstrations absolument objectives d’experts incontestables dépêchés par l’Europe qui prouvent que le SIDA existe en Libye comme partout dans le monde et que les enfants libyens étaient contaminés à l’hôpital bien avant l’arrivée des accusés, la « justice libyenne » a voulu démontrer que le SIDA, maladie honteuse et donc occidentale, ne pouvait avoir été introduite en Libye que par l’étranger, c’est-à-dire les USA et Israël. L’Islam ne peut être sali par la maladie de la fornication ! Les journaux libyens ont largement répandu cette fable dans le public… et lorsque l’on connaît l’indépendance des médias avec le pouvoir en Libye, on voit immédiatement une justice et une presse aux ordres d’un Kadhafi, mégalomane fou furieux qui cherche, dans cette affaire, à monnayer la revalorisation de son image sur la scène internationale en utilisant le chantage le plus odieux que l’on puisse imaginer.
En fin de compte, la question est la suivante : combien de millions d’Euros l’Europe va-t-elle devoir payer en catimini pour que Kadhafi, du haut de sa ridicule grandiloquence, fasse usage de son droit de grâce ? Il est connu que l’argent n’a pas d’odeur, mais en Libye l’argent pue vraiment d’une manière insoutenable ! Et le discours emprunté des politiques est absolument écœurant.

19 décembre 2006

Cet homme est dangereux

Les hommes et femmes politiques de gauche ne cessent de dire que Nicolas Sarkozy est un homme dangereux sans jamais expliciter la raison de ce jugement. Son bilan jugé négatif, voire catastrophique, est apparemment la seule raison objective avancée pour justifier ce qualificatif. Il n’est pas aisé d’identifier le lien entre ces deux faits. Ce n’est pas parce que les résultats obtenus par le ministre de l’intérieur en matière de sécurité publique sont insuffisants qu’il est licite de le qualifier de dangereux. Peut-être les opposants s’appuient-ils sur la politique menée en matière d’immigration pour justifier leur appréciation ? On peut être en désaccord avec cette politique, mais il serait plus juste de dire que celle-ci est immorale ou inhumaine que de la qualifier de dangereuse. S’appuie-t-on alors sur ses choix en matière de sécurité routière ? ou sur les essais entrepris pour assimiler et pacifier l’islam français ? La vraie raison ne serait-elle pas que l’on cherche à amalgamer dans un même opprobre Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen ? Le ministre de l’intérieur étant vu comme le candidat le plus sérieux pour l’opposition, c’est en cela qu’il est jugé dangereux. Faute de pouvoir proposer une critique constructive et alternative claire en matière de sécurité et d’immigration, il est plus simple d’agiter, comme le fait d’ailleurs l’extrême droite, le drapeau de la peur. Donc, cet homme doit être dangereux !
Homme politique jusqu’aux bouts des ongles, peut-on cependant estimer qu’il possède les qualités d’un Président de la République ? L’apparence est-elle un critère important ? Je crois que oui et voilà bien ce qui me gêne dans le personnage : peut-on admettre que le Président de la République Française parle un français approximatif ? Sans dire qu’il parle l’argot, sa grammaire est souvent approchée, voire glissante. Je me souviens de la maîtrise de la langue française de François Mitterrand ou de Charles de Gaulle et la comparaison est assassine. Une maîtrise insuffisante de la langue est un manque de culture flagrant. Je me demande si ce n’est pas incompatible avec le statut de Président de la République.
En contrepartie, lorsque l’opposition crie au scandale devant le cumul de la situation de candidat et de ministre, elle oublie un peu vite que Lionel Jospin était Premier Ministre lors de sa candidature malheureuse de 2001. Pourquoi ce qui était parfaitement admis en 2001 devient-il insupportable en 2006 ?

13 décembre 2006

Paroles d’évangile

En 1988, Pierre Bourdieu écrivait ce petit texte qui, du fait des circonstances, retrouve toute son actualité, si tant est qu’il l’ait jamais perdu !

Le monde politique est le lieu de deux tendances de sens inverse : d'une part, il se ferme de plus en plus complètement sur soi, sur ses enjeux ; d'autre part il est de plus en plus directement accessible au regard du commun des citoyens, la télévision jouant un rôle déterminant dans les deux cas. Il en résulte que la distance ne cesse de croître entre les professionnels et les profanes ainsi que la conscience de la logique propre du jeu politique.

Il n'est plus besoin aujourd'hui d'être un expert en sociologie politique pour savoir que le nombre des déclarations et des actions des hommes politiques, non seulement les "petites phrases" sur les "grands desseins" ou les "grands débats" sur les petites divergences entre les leaders ou les "courants", mais aussi les plus graves décisions politiques, peuvent trouver leur principe dans les intérêts nés de la concurrence pour telle ou telle position rare, celle de secrétaire général, de premier ministre ou de président de la République et ainsi à tous les niveaux de l'espace politique. La discordance entre les attentes de sincérité ou les exigences de désintéressement inscrites dans la délégation démocratique et la réalité des microscopiques manœuvres contribue à renforcer un indifférentisme actif …. Mais elle peut aussi inspirer un sentiment de scandale qui transforme l'apolitisme ordinaire en hostilité envers la politique et ceux qui en vivent.

C'est ainsi que les volte-face répétées de dirigeants plus évidemment inspirés par le souci de leur propre perpétuation que par les intérêts de ceux qu'ils font profession de défendre ne sont pas pour rien dans le fait que le Front National recrute souvent aujourd'hui dans les anciens bastions du parti communiste ….

J’ajouterai que ces microscopiques manœuvres sont le signe évident de la dévalorisation de la politique aux yeux des hommes politiques eux-mêmes. Il n’est que de constater, avec effarement, la multiplicité des candidatures potentielles à la présidence de la République (40 à la date d’aujourd’hui) suscitée par le seul besoin de faire parler de soi et d’essayer de récolter le pactole promis à ceux qui atteindraient une audience minimale. A la notion d’une « certaine idée de la France » s’est substituée une « idée certaine des intérêts personnels ».

03 décembre 2006

La démocratie participative

Il n’y a que les pécheurs pour contester la disparition de la ressource halieutique ; il n’y a que les industriels pour contester l’impact de l’industrie sur les changements climatiques ; il n’y a que les enseignants et leurs syndicats pour croire que l’Education Nationale est performante ; il n’y a que les fonctionnaires pour refuser l’évolution de carrière au mérite et refuser la critique des 35 heures ; il n’y a que les partis politiques minoritaires pour réclamer le retour aux pratiques de la IVème République ; il n’y a que les grandes fortunes pour contester l’ISF ;
Il n’y a que les salariés des entreprises publiques pour refuser l’économie de marché ; etc … etc … Bref, chacun ne sait et ne veut voir que « midi à sa porte ». C’est-à-dire que personne n’est capable de remettre en question ses intérêts particuliers au bénéfice de l’intérêt général.
Il est alors inquiétant de voir la candidate aux élections présidentielles du Parti Socialiste construire son programme en notant soigneusement sur son petit cahier à spirale les desiderata de ses concitoyens ! Ce petit cahier va bientôt contenir tout et son contraire, dans tous les cas un fatras de réclamations corporatistes. Quel danger pour le pays que d’en faire un programme présidentiel ! Qui pourrait imaginer le Général de Gaulle notant sur son calepin les demandes corporatistes de ses concitoyens pour décider du sort de la France ? Il ne s’agit pas là d’une démocratie participative mais bien de populisme dans ce qu’il a de plus dangereux. La démocratie participative fonctionne grâce aux instances représentatives. Si celle-là ne fonctionne pas, cela vient du fait que celles-ci ne sont pas représentatives et sont donc incapables de prendre en compte l’intérêt général. Généralement, la démagogie populiste s’exprime de manière détournée, presque clandestine. Nous assistons aujourd’hui à l’ascension au statut de mode de gouvernement de ce type de populisme ! C’est sans détour que la candidate nous explique et nous montre que son projet présidentiel se construit en amalgamant les doléances populaires. La démocratie participative consiste à impliquer les citoyens dans un programme, le populisme consiste à construire un programme à partir des revendications contradictoires des citoyens. Dans la démocratie participative, la démocratie est première. Dans le populisme, la démagogie est souveraine.

26 novembre 2006

Le vocabulaire de la langue de bois politique

Ecouter les hommes politiques de toutes tendances est intéressant. Le discours est stéréotypé et encombré de formules toutes faites que l’on retrouve dans tous les camps politiques. Je n’en donne ici que quelques exemples que vous allez facilement reconnaître :

• L’Europe est ultra-libérale • Le gâchis est immense
• Le gouvernement est sourd • Le ton est polémique
• Le gouvernement est totalement mobilisé • Le déficit est abyssal
• L’affaire est ténébreuse • Les Français pensent que …
• La mobilisation est générale • Le parti est en ordre de marche
• La droite est aux ordres de Bush • La gauche est irresponsable
• Le candidat est celui du rassemblement • Les promesses sont démagogiques
• Le budget est réactionnaire • Le budget est irréaliste
• Les dépenses sont plafonnées • Le président est fatigué
• La politique gouvernementale est désastreuse
• La concertation est large • Les patrons sont voyous
• La grève pour la qualité du service public • Le Parlement est méprisé
• L’Education Nationale manque de moyens • La bavure est policière
• L’immigration est massive • Les classes sont surchargées
• La banlieue est ghettoisée • Les quartiers sont sensibles
• La brutalité est policière • La nécessité est urgente
• La volonté est farouche • Les axes sociaux sont prioritaires
• Les projets sont porteurs d’espoir • Les méthodes sont inqualifiables
• Les couches sont populaires • les manœuvres sont basses
• Le complot est politique

Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive !

25 novembre 2006

Un sport de voyous pour des voyous

Pourquoi tourner autour du pot ? Il faut bien appeler un chat un chat et le football un sport scandaleux fait pour des voyous. Depuis l’hécatombe du stade du Heysel, les accidents et les comportements condamnables se sont multipliés dans tous les stades de la planète. Injures racistes et antisémites, jets d’engins incendiaires, molestations des arbitres, combats de rues d’après match, morts et blessés graves, prétexte à réunion pour les sympathisants les plus violents de l’extrême droite, que faut-il de plus pour dire que le football est un sport qu’il faudrait interdire ? Est-ce encore un sport lorsqu’il faut mobiliser 2500 policiers à chaque manifestation ? Son interdiction devient envisageable pour deux bonnes raisons : la première vient d’être exposée en rappelant les exactions commises, la seconde tient au pourrissement de ce sport par l’argent. Les sommes absolument exagérées que touchent un certain nombre de joueurs parce qu’ils ont un petit talent dans l’art de taper du pied dans un ballon sont une véritable injure pour tous ceux qui triment durement toute une vie en gagnant à peine plus que le SMIC. Si l’on ajoute à cela, les gains additionnels considérables gagnés dans la publicité et la vente de produits dits dérivés, le scandale atteint des sommets. Ces gens-là ne participent en rien, ou tout-à-fait à la marge, à l’économie réelle du pays… d’autant moins qu’un nombre non négligeable d’entre eux, dans un élan citoyen ô combien responsable, s’empressent de placer leur argent hors de France pour échapper à l’impôt, ce que ne peut pas faire la caissière de supermarché ou l’ouvrier spécialisé. Quelle est cette société où des sommes considérables sont mises en jeu pour le plus grand profit d’un tout petit nombre d’inutiles ? Quelle est cette société où la violence des jeux du cirque Antique retrouve droit de cité ? Quelle est cette société où la marchandisation devient la valeur suprême ? Quel mal gangrène cette société où la violence se banalise au point de faire l’essentiel des journaux télévisés ? Quelle est cette société où 17% des intentions de vote se portent sur l’extrême droite ?

18 novembre 2006

L’héritage

Les sondages se sont toujours trompés ! Laurent Fabius faisait de cette certitude l’argument majeur de sa campagne interne au PS. Il a répété à l’envi que, jamais, les sondages n’avaient su anticiper les résultats d’un scrutin. Sans le dire avec autant de vigueur, Dominique Strauss-Kahn a également « surfé » sur la même démonstration pour donner du poids et du sérieux à sa propre campagne. Et puis voilà que les résultats leur donnent tord à tous les deux et Ségolène Royal se trouve propulsée candidate officielle du Parti Socialiste aux prochaines présidentielles. Les sondages se trompent, certes, mais on se trompe aussi à croire avec certitude que les sondages se trompent. Deux candidats à la candidature, possédant tous les deux des appareils de partis, appelés courants, sont écartés au profit d’une candidate qui a trouvé sa légitimité en dehors du parti et qui a trouvé sa posture en se positionnant au-dessus (parfois même à côté) du parti. Une attitude qui me rappelle quelqu’un d’autre, pour qui la fonction de Président ne pouvait tirer sa légitimité des partis politiques, mais directement du peuple. Un héritage assumé. Il est vrai que Ségolène Royal est fille de militaire. Malheureusement, après le Général de Gaulle, j’ai un peu l’impression que les français (certains d’entre eux) ont choisi sa femme de ménage !