Les conditions de travail font actuellement la une des interventions médiatiques des acteurs économiques. La doxa utilise abondamment deux mots qui servent de prétexte pour démontrer n’importe quoi. Ces deux mots sont « productivité » et « pénibilité ». Lorsqu’on s’interroge sur la corrélation évidente et incontournable entre la quantité de travail et la richesse du pays, les syndicats brandissent immédiatement la productivité pour justifier la réduction du temps de travail en avançant que les travailleurs français ont la meilleure productivité du monde, ce qui compense cette réduction. Ils n’hésitent pas, accompagnés en cela par certains politiques, à faire de la réduction du temps de travail une tendance lourde de l’avenir, dressant ainsi un tableau de la société future faite d’oisifs heureux de l’être. Mais la productivité française n’est pas, et de loin, la meilleure, se situant au cinquième rang européens seulement. De plus, si cette productivité était si grande, elle devrait avoir un effet immédiat sur le prix des produits français, ce qui devrait leur permettre de gagner des parts de marché. Or, la France perd, dans presque tous les secteurs, des parts de marché mondiales et, sur le marché national, les produits français ne sont que rarement les moins chers. Faire référence à la productivité pour justifier une réduction de la quantité de travail est un tour de passe-passe et un mensonge.
Au moment où le pays prend enfin conscience qu’il ne pourra bientôt plus assurer le paiement des retraites, les syndicats et les politiques font appel au concept de pénibilité pour justifier un départ à la retraite le plus tôt possible, ce qui revient à réduire encore la quantité globale de travail. Afin de sauvegarder, en faisant injure au plus élémentaire bon sens, le départ précoce en retraite de certains régimes spéciaux, n’entend-on pas dire que le travail sur une échelle justifie un départ à la retraite à cinquante-cinq ans !! Conscients, sans l’avouer, qu’il est difficile de soutenir que le travail des années 2010 est plus difficile que celui des années 50, les syndicats utilisent à l’envi la notion de « stress » : le travail est moins dur moins plus stressant !! Le stress au travail serait-il la marque de fabrique des régimes spéciaux ? Le conducteur de TGV est-il plus stressé qu’un pilote d’Airbus ou qu’un chauffeur de poids lourd ? Devant la faiblesse de l’argument, il est alors fait référence à la notion de contrat : lors de l’embauche, un salarié d’un régime spécial a reçu dans son contrat la garantie d’un départ anticipé à la retraite. Pourquoi cet argument n’a-t-il pas été utilisé lors de la modification drastique des règles de départ en retraite du privé (temps de cotisation allongé, mode de calcul du montant de la retraite) ? Ce qui s’est fait pour plusieurs millions de travailleurs ne peut-il se faire pour le million de salariés des régimes spéciaux ?
Les temps ont changé, la France n’a plus d’argent, l’espérance de vie s’allonge considérablement et le travail est la meilleure justification de la vie. Quand prendra-t-on sérieusement en compte ces simples constatations ?
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