L’existence de l’homme est la conséquence d’une invraisemblable suite d’évènements et que l’absence d’un seul d’entre eux eut empêché. Une suite d’accidents ou de situations extrêmement particulières a permis à l’être humain d’apparaître sur la Terre et de devenir ce qu’il est. Il eut suffi que le déroulement de l’histoire fut un tout petit peu différent pour que nous ne soyions pas là pour en parler. Un autre monde eut, peut-être, existé mais nous n’aurions jamais pu le contempler.
• À l’origine, il n’y avait que l’Énergie et ses fluctuations quantiques. Celles-ci sont à l’origine de ce que nous appelons le big-bang, étonnant phénomène où la transformation de l’énergie en matière a créé l’espace et le temps et un monde dont les constituants possèdent des valeurs très particulières (comme la constante gravitationnelle, la constante de Planck, la constante de structure fine ou la masse du proton) que l’on constate sans pouvoir les expliquer. Il existe ainsi une quinzaine de constantes fondamentales dont on ne sait expliquer la valeur. Une seule d’entre elles eut été un peu différente et le monde ne serait pas ce qu’il est. Il a suffi d’un tout petit déséquilibre entre l’anti-matière et la matière pour que celle-ci l’emporte. Que serions-nous si l’inverse s’était produit ? Pour que l’Univers soit ce qu’il est aujourd’hui, avec ses étoiles, ses planètes, ses galaxies, ses amas de galaxies, la vie et l’homme, il a fallu que la densité initiale soit réglée avec une précision quasiment infinie pour que cet Univers ne soit pas stérile et désespérément vide ! Cela s’est produit il y a 13,7 milliards d’années.
• Les étoiles ont fabriqué dans leur cœur les éléments nécessaires à la fabrication de la matière que nous connaissons et dont nous sommes faits. Ces étoiles ont explosé, répandant dans l’espace ces précieux atomes dont nous sommes faits et qui se sont condensés en nuage, puis en nouvelles étoiles et en planètes. La gravitation a permis l’accrétion des particules de ces nuages. C’est ainsi que sont nés notre soleil et ses planètes, il y a 4,55 milliards d’années. Dans notre système solaire, le positionnement des planètes a donné à la Terre une chance exceptionnelle. Un peu plus loin du Soleil et, comme Mars, le froid intense se serait installé qui aurait solidifié le fer du noyau planétaire et aurait interdit la création du champ magnétique protégeant la planète des effets destructeurs du rayonnement solaire. Un peu plus près et, comme Vénus ou Mercure, la température aurait été tellement élevée que l’eau vaporisée aurait totalement disparu empêchant la vie d’apparaître. La position privilégiée de la Terre a permis non seulement que la température rende possible l’eau liquide mais aussi que le fer du noyau reste en fusion et permette la formation d’un noyau liquide en convexion créant le champ magnétique nous protégeant des vents solaires et permettant la création d’une atmosphère. La Terre ainsi créée tourne autour du Soleil à la bonne position mais son axe de rotation est encore particulièrement instable dans les premiers instants de sa vie.
• Cinquante millions d’années plus tard, un énorme astéroïde (Theia) percute notre astre et, arrachant une partie de l’écorce terrestre, disperse dans l’environnement immédiat de la planète une grande quantité d’éléments du manteau terrestre qui, par accrétion progressive, vont constituer la Lune en rotation autour de la Terre. La présence de ce satellite va stabiliser la position de l’axe de rotation de notre planète, permettant ainsi la stabilisation des saisons, ce qui permettra d’avoir sur Terre des zones où les variations de températures seront modérées et permettront à la vie de se développer. La probabilité qu’un astéroïde frappe la Terre est extrêmement faible. Celle que cet astéroïde ait la taille nécessaire pour satelliser autour de la Terre la quantité suffisante de matériaux pour former la Lune est encore plus faible.
• Puis, pendant 500 millions d’années, la Terre sera soumise à un bombardement constant de comètes et d’astéroïdes, comme l’atteste la surface lunaire. Ce bombardement va alimenter l’activité volcanique qui sera créatrice de vapeur d’eau se condensant et étant, finalement, à l’origine de l’oxygène et des océans où naîtra la vie. Il y a 3,7 milliards d’années, l’atmosphère que nous connaissons existait enfin. Sous l’effet du rayonnement solaire, une couche d’ozone se créée en haute atmosphère qui nous protégera désormais de la nocivité de ces rayonnements, destructeurs pour la vie.
• À l’abri de la couche d’ozone, la vie est apparue dans les océans. Parmi les êtres vivants dans ce milieu, il y avait l’ancêtre des mammifères, un petit poisson nommé « piccaïa ». Celui-ci, servant de proie aux ancêtres de nos crustacés et céphalopodes, a bien failli disparaître. Sans lui, l’homme n’aurait jamais existé. Bien entendu, il était fort peu probable que la totalité de l’espèce « piccaïa » disparaisse, mais le temps présent nous a démontré à l’envi qu’en dessous d’un certain seuil, une espèce est vouée à disparaître. Nous avons eu beaucoup de chance que le piccaïa reste au-dessus de ce seuil.
• Il y a 65 millions d’années, les différentes niches écologiques terrestres étaient occupées par les dinosaures. Il restait alors peu de place pour l’expansion des autres espèces animales. Et voilà qu’un astéroïde percute la Terre dans le Golfe du Mexique en provoquant une catastrophe climatique qui met fin au règne des dinosaures et permet le développement des espèces survivantes dont les mammifères qui évolueront jusqu’à l’homme. Que se serait-il passé si l’astéroïde avait évité la Terre ?
• Les ancêtres de l’homme vivaient dans l’actuelle Éthiopie, traversée par la faille du Rift africain. La tectonique des plaques joue aussi son rôle dans l’évolution de l’espèce humaine en créant une modification profonde du relief local qui va perturber le système climatique, créant ainsi un vaste espace de savane, milieu favorable à l’apparition de la bipédie et, finalement, à l’apparition d’Homo Sapiens. Aucune loi ne guide le déplacement des plaques tectoniques et, seul, le hasard organise leurs déplacements.
Tous ces évènements sont des aléas, dont la probabilité de chacun est extrêmement faible. L’apparition de l’homme résulte donc d’un extraordinaire concours de circonstances dont la probabilité est estimée à 10 puissance -43 ! Nous avions toutes les chances de ne jamais exister !! C’est peut-être la raison qui pousse les hommes à vouloir, à tout prix, se détruire. Déterminisme et hasard sont antinomiques. Ainsi, s’il apparaît indiscutable que l’homme est le fruit chanceux du hasard, il n’y a donc pas de « dessein intelligent » et le principe anthropique fort est une simple croyance.
2 commentaires:
Texte intéréssant!
Au fil de tes articles, je suis épaté (et sans doute jaloux) de tant de culture et de ton talent à la partager !!!
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