Le débat sur la suppression de la publicité à partir de 20 heures sur les chaînes publiques ne passionne que deux populations bien définies : les hommes politiques de l’opposition et les journalistes des médias. Les plus concernés, c’est-à-dire les consommateurs de la télévision, restent complètement indifférents au problème.Peut-être même, sont-ils assez satisfaits. Les politiques ne voient dans ce débat qu’une occasion de plus pour s’opposer frontalement au Président de la République, et les journalistes sont, comme toujours, farouchement nombrilistes. Les premiers s’inquiètent (noble sentiment) du financement des chaînes publiques malgré l’engagement du gouvernement et s’indignent de la nomination, mais plus encore de la révocation possible, des présidents de chaînes par le Président de la République. Faute d’avoir la volonté ou la capacité de réfléchir au devenir de la société française, ils s’emparent avec soulagement d’un sujet qui leur permet, tant bien que mal, d’exister médiatiquement. Qui peut croire un seul instant que l’hypocrisie actuelle du fonctionnement du CSA est une meilleure solution ? Qui a oublié les pressions que F. Mitterrand a exercées sur ce Conseil pour la nomination et la révocation des présidents de chaînes ? Pourquoi la nomination d’un président de chaîne par le Président de la République serait-elle plus scandaleuse que celle des procureurs généraux et serait-elle plus attentatoire aux libertés que le fait que le Président de la République assume la présidence du Conseil Supérieur de la Magistrature ? Il est logique que les actionnaires que nous sommes soient, non seulement représentés au sein du conseil d’administration des chaînes publiques, mais y exercent notre pouvoir de nomination et de contrôle. Or, les actionnaires sont aussi des citoyens. Qui peut représenter les citoyens ? Quelle est la solution la moins hypocrite, tant est qu’en la matière il ne faille pas rêver ?
La télévision est médiocre, quoiqu’en disent les animateurs et journalistes. Les programmes sont majoritairement indigents, tournés pour la plus grande part vers le monde factice et éphémère du spectacle, ce dernier étant fabriqué de toutes pièces par les groupes industriels médiatiques qui fabriquent leurs « produits » médiatiques comme une collection de prêts-à-porter. Le nombrilisme et le narcissisme étant les deux plus grandes vertus du monde télévisuel, on ne compte plus les émissions de télévision qui parlent … de la télévision. La multiplicité des chaînes n’a, en aucune façon, renouvelé l’offre télévisuelle, les mêmes feuilletons ou émissions de soi-disant divertissement passant d’une chaîne à l’autre sans vergogne. La diminution (car il ne s’agit nullement de sa suppression) de la publicité envahissante et, presque toujours parfaitement imbécile, ne peut être que bénéfique pour le plus grand nombre … à condition qu’une drogue abêtissante ne soit pas remplacée par une autre ! Il faut bien admettre que la stupidité est le trait commun à toutes ces publicités. Supporter pendant des demi-heures entières des problèmes d’odeurs corporelles, de tignasses en tout genre, de problèmes de transit intestinaux et de maladies diverses, de dentiers ayant une fâcheuse tendance fugueuse, d’oreilles pleines de cochonneries, de yaourts qui soignent, de margarines qui permettent de devenir champion de ping-pong, etc…, etc… est-il le meilleur moyen de communiquer avec le citoyen ? Est-on à ce point intoxiqué que l’on ne pourrait plus se passer de ces idioties ?
Plutôt que de chercher des arguties sur le financement, les gens de la télévision et les hommes politiques devraient réfléchir aux conditions nécessaires à la production d’émissions de qualité. Et en ce domaine, le travail est immense !
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