La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
17 septembre 2009
Suicides et entreprises
Depuis plusieurs années, les entreprises (surtout les grandes) modifient en permanence leur organisation pour s’adapter à la mondialisation et à la financiarisation de l’économie. La mondialisation les incite à augmenter en permanence leur productivité face à des concurrents dangereux ; la financiarisation les oblige à réduire drastiquement leurs coûts pour améliorer leurs profits pour le plus grand bénéfice des actionnaires. Ces contraintes ont une conséquence directe : la mise sous pression de plus en plus forte du salarié. Le stress et l’angoisse sont le bien commun de ces entreprises. Le salarié est, en permanence, poussé à la performance par tous les moyens dont certains relèvent de la torture morale afin d’obtenir le départ des moins performants. Les moyens sont variés. Mettre le salarié en demeure d’atteindre des objectifs contradictoires en est un. Dévaloriser le salarié sous prétexte de réorganisation en est un autre. Détruire les temps et les espaces collectifs pour isoler le salarié et le fragiliser est encore un de ces moyens. La suppression des collectifs de travail aboutit à l’individualisation des objectifs, un sentiment obsidional et remplace la compétition externe par une compétition interne tout aussi sauvage. Le résultat en est que la chasse aux temps « morts » se paie par des salariés « suicidés ». Les décisions à très court terme remplacent la réflexion à moyen terme, sacrifiant ainsi la préservation de l’employabilité du salarié sur l’autel de la rentabilité immédiate et de son arme préférée : le licenciement ou la démission imposée. Comment s’étonner alors des 23 suicides en 18 mois dans une entreprise qui compte dans ses effectifs des employés au statut de fonctionnaire, inaptes à supporter de telles contraintes inconnues dans le secteur public ? Par contre, on peut s’étonner du silence assourdissant du Medef sur ce sujet … Pourquoi, également, un tel bruit médiatique pour France Télécom et un tel silence pour les 20 suicides annuels au sein du ministère de l'Equipement ?
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