On sait que le marketing politique est devenu incontournable. En ce domaine et à l’approche des prochaines élections présidentielles, l’imagination devient débordante. Après « l’ordre juste », voici le « Care » ! Qu’est-ce ? C’est un nouveau concept proposé à Martine Aubry par des esprits malins et qui l’a aussitôt adopté en le déclinant dans son programme présidentiel en gestation. Pour donner à une vielle idée une apparence de nouveauté, il n’est rien de mieux que d’utiliser un néologisme à l’allure savante. « Care » est un mot anglais, utilisé par les anglo-saxons pour définir leur politique de solidarité et de santé (Health care). Dès lors que l’on donne la traduction du terme, viennent à l’esprit deux réflexions. La première est de se demander pourquoi on ne garde pas le mot français de solidarité (le souci des autres) ? La publicité est riche de concepts fumeux à l’aspect faussement scientifique dont on ne sait s’il s’agit de calembredaines ou de carabistouilles. La pauvreté de la nouveauté se cache derrière un vocabulaire pompeux cherchant à faire illusion. L’invention du mot n’est pas nouvelle. Certains gourous du conseil aux entreprises ont fait fortune avec un mot. Le plus bel exemple est « Le prix de l’Excellence », inventé par T. Peters, pour évoquer ce que doit faire une entreprise pour être plus performante que ses concurrentes. De même, le « reengineering » de Michael Hammer. Il en est manifestement de même en politique, ce qui ne surprendra personne. La seconde réflexion est de se désoler de la pauvreté de l’imagination en politique. Sous le mot, se cache en fait tout un cortège d’évidences.
« Care » veut dire, d’après ses inventeurs (?), le souci de fournir à chacun un salaire minimum, un accès aux soins correct, la possibilité de se loger convenablement, bref tout ce que peut espérer un citoyen pour mener une vie acceptable. On ne saurait être plus général et, donc, moins original. C’est justement le rôle du mot que de cacher ce manque d’originalité. La pêche aux rêveurs est à nouveau ouverte. La réalité est, cependant, tout autre. Rien ne sera possible sans une réindustrialisation de la France avec un développement urgent des exportations, sans une réduction drastique de la dette qui imposera de très gros sacrifices à tous les citoyens. Mais quel candidat aux futures élections présidentielles aura le courage de tenir un tel discours ? Il devient pourtant urgent que les politiques abandonnent la publicité partisane pour faire, enfin, de la stratégie politique, c’est-à-dire qu’ils abandonnent leurs petites vues à court terme pour des analyses et des choix engageant le long terme. Quand en auront-ils enfin le courage ?
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