La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
19 novembre 2013
Démocratie en danger
Tout va mal, mais rassurez-vous, le pire est à venir. La France des Français est devenue folle. L’agitation bretonne, début de la contestation antirépublicaine, est un amalgame de mécontentements corporatistes d’un certain nombre d’acteurs qui refusent de prendre leur part dans l’effort national indispensable pour sortir le pays de l’ornière fatale dans laquelle il s’embourbe. La taxe sur les poids lourds, détonateur du mécontentement, est, une fois n’est pas coutume, une taxe intelligente. La France est submergée par les poids lourds étrangers qui, en passant par la France, évitent de s’acquitter d’une taxe identique existant en Allemagne et en Suisse. Prélever sur ce trafic des ressources utiles au développement de transports alternatifs moins chers et moins polluants, comme le ferroutage ou le transport fluvial, est évidemment une bonne idée. On objectera que la Bretagne n’est pas concernée par le trafic des poids lourds qui traversent la France du Nord au Sud. Cela est vrai, mais ne justifie en rien que les poids lourds bretons soient exonérés de cette taxe. Si ce trafic existe, sa raison en est que la production agroalimentaire bretonne, notamment porcine et volaillère, est de basse qualité qui ne peut supporter les coûts d’abattage des abattoirs bretons et qui est donc obligée d’aller rechercher des coûts plus faibles en Allemagne ou en Europe de l’Est où la main d’œuvre ne bénéficie pas d’un salaire minimum. La recherche d’une production intensive, soutenue contre vents et marées par la FNSEA, est une impasse de laquelle les bretons refusent de sortir. Profitant d’un effet d’aubaine, se sont amalgamées des revendications qui n’ont rien à voir les unes avec les autres : les artisans, les routiers, les centres hippiques, les enseignants, les automobilistes, les footballeurs, les maires qui refusent le mariage homosexuel ou les rythmes scolaires, etc … Tout ce petit monde, corporatiste ou clientéliste jusqu’au bout des doigts, reste sourd et aveugle aux difficultés du pays, uniquement préoccupé par son pré-carré. Il est devenu à la mode de contester tous les changements que le gouvernement tente, maladroitement certes, de mettre en place. Sur ce corporatisme fleurit la démagogie, carburant essentiel de l’extrême droite qui flatte dans le sens du poil tous ces contestataires en espérant retirer de cette agitation désordonnée un avantage important aux prochaines élections, municipales et européennes. Il ne faut pas s’étonner, d’ailleurs, que sur ce fumier d’extrême droite fleurisse un racisme de plus en plus décomplexé et nauséabond. Cette situation est dangereuse et peut conduire aux plus graves débordements qui ne peuvent que plonger davantage le pays dans le chaos. L’inquiétant est que le gouvernement n’a pas la compétence requise pour trouver les voies de sortie d’une crise qui d’économique se transforme en crise sociale, porteuse de tous les débordements.
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