• La démocratie est une notion qui a subi un enrichissement “historique” du fait des transformations sociales et économiques. Ceci entraîne que la démocratie n’est pas un schéma universellement valable : elle ne s’impose pas par ses propres mécanismes et les tentatives de l’imposer par la force sont vouées à l’échec.
• La définition “classique” est la suivante : gouvernement du peuple par le peuple. C’est donc un système de gouvernement.
Ce concept de démocratie recouvre trois notions :
• une notion de liberté : c’est d’abord associer les gouvernés à l’exercice du pouvoir par la mise en place de contre-pouvoirs. C’est ensuite l’existence des libertés d’opinion, de presse, d’association, de réunion, d’entreprise,...Pour préserver ces libertés, il est nécessaire de contrôler le pouvoir afin que le pouvoir n’entrave pas les libertés ci-dessus. Il s’agit donc d’une philosophie libérale qui prône (théoriquement) la primauté de la liberté individuelle sur la liberté politique.
• une notion de justice : c’est-à-dire l’établissement de l’égalité dans l’usage des libertés précédentes, ce qui implique la protection économique et sociale des plus faibles par la régulation des structures économiques par le pouvoir (sécurité sociale). On peut distinguer 2 cas :
1 – les pays riches où la démocratie se développe grâce à la prospérité car il n’y a pas de problèmes majeurs de partage ; il n’y a donc pas besoin d’un interventionnisme d’état important (exemple type : les USA)
2 – les pays les moins riches où il est nécessaire de contrebalancer l’égoïsme des nantis par une organisation du partage ; le pouvoir doit donc créer les conditions d’une certaine démocratie sociale. Il peut le faire soit en préservant la démocratie politique (exemple : les pays occidentaux), soit par la révolution et la dictature (exemple ; l’URSS et la Russie d’aujourd’hui).
Bien entendu, il existe une quantité d’Etats où la dictature ne se préoccupe pas du tout de la démocratie sociale (La Corée du Nord, la Malaisie et bien des pays africains souffrent de cet état de choses) !
• une notion de choix de gestion de la collectivité sur la croissance économique : On peut identifier 2 philosophies de la croissance :
- la philosophie de la “rareté” : les ressources sont limitées, il faut donc une autorité pour les répartir (en principe) équitablement.
-la philosophie de progrès : le progrès technique permet de satisfaire tous les besoins (société d’abondance et de consommation) et la nécessité d’une autorité régulatrice est moins nécessaire.
Le pouvoir doit donc gérer la croissance, la priorité n’étant pas de partager mais de produire ; les gouvernants sont subordonnés à la rationalité économique
La manifestation la plus évidente d’un régime démocratique est le principe de l’élection. Il reste à prendre en compte la tendance lourde existant dans tous les pays démocratiques où existe le processus de la consultation et du vote, à savoir la faible participation du peuple aux élections. Dans de telles conditions, quel sens a encore le gouvernement du peuple par le peuple ? Les élus se sentent-ils encore investis d’une responsabilité de représentation et de prise en compte des revendications populaires ? Bien qu’ils parlent tous en commençant leurs discours par « les Français pensent que … » ou « les Français veulent … », comme si chacun d’eux avait encore la légitimité pour parler au nom de l’ensemble du peuple – et surtout comme si le peuple tout entier était acquis à leurs idées – la décrédibilisation des hommes politiques s’en trouve accrue. Mais quelle est la cause et quel est l’effet ? D’une part, l’individualisme forcené des civilisations judéo-chrétiennes et des sociétés dites démocratiques pousse les individus à se désintéresser de toute action collective. D’autre part, l’hypocrisie du discours politique et syndical, uniquement préoccupé par le court terme électoral et corporatiste, renforce le désintérêt et le désinvestissement du peuple dans le fonctionnement de la démocratie. Cependant, même si la justification idéologique de la démocratie pert de son sens, les principes de liberté et de justice sociale restent encore (pour combien de temps ?) actifs. C’est en ce sens que l’on peut dire que la démocratie est le pire des systèmes mais que l’on n’a rien inventé de mieux.
Certains analystes, constatant l’individualisme grandissant de la société, en déduisent que le fait de voir les individus centrés sur leurs propres choix est significatif d’un développement de la démocratie qui passerait ainsi du niveau collectif au niveau individuel. Pour ma part, il me semble que ce type d’analyse relève de la conversation de salon et que le bon sens impose de dire qu’il n’y a là que le développement de l’égoïsme des sociétés libérales.
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