France-Soir, Libération, l’Humanité, trois titres prestigieux et historiques qui se battent avec de très grandes difficultés financières et sont menacés de disparition. À quand le temps où d’autres journaux hebdomadaires seront menacés à leur tour ? À quand le temps où il n’y aura plus de presse quotidienne classique ? Cette situation coïncide avec l’apparition de la presse gratuite et des publications sur Internet. Le lecteur français se désintéresse de ce qui fait la différence entre la vraie presse et la presse fast-food (à consommer rapidement). Il y a pourtant la même différence entre un article de Libération et un résumé de journal gratuit qu’entre un sandwich MacDonald et un repas chez Lasserre. Consommer rapidement, sans effort de réflexion et de compréhension, voilà le lecteur du vingt-et-unième siècle. Le titre est suffisant, l’analyse est devenue superfétatoire. L’attrait pour le superficiel est une caractéristique de la civilisation d’aujourd’hui ? Le succès des émissions « trash » de la télévision en est une preuve. L’édition d’un nombre ahurissant de livres bibliographiques sans intérêt concernant tel acteur, tel homme politique, tel présentateur de télévision, relève du même goût du superficiel et du futile. Qui peut citer aujourd’hui le nom d’un philosophe contemporain ? Qui connaît (et a lu) les philosophes du milieu du siècle précédent ? La presse se meurt avec la culture.
Pour sauver le cinéma lors du développement de la télévision, il a été demandé à cette dernière de financer une part de la création cinématographique. Pourquoi ne pas exiger de la presse gratuite de participer au financement de la presse quotidienne de qualité ?
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