Pas un journal télévisé ou radiophonique qui ne parle du réchauffement climatique. L’élévation anormale de la température est devenue l’incontournable problématique de tout discours politique et écologique. Et l’on nous explique que les conséquences de ce réchauffement sont importantes puisqu’elles impactent les soldes d’hiver ! La télévision nous montre à l’envi des arbres qui fleurissent en plein mois de Janvier. De temps à autre, une voix s’élève pour expliquer les désastres potentiels de la montée du niveau des océans, en se projetant au milieu du vingt et unième siècle. Et tout le monde se soudain sent rassuré par les quelques dizaines d’années qui nous séparent encore d’une remise en cause profonde de notre manière de vivre. On ne dit plus « Après moi, le déluge », mais « Après moi, la canicule ».
Or, les conséquences dramatiques sont déjà sous nos yeux sans que personne n’en parle parce qu’elles mettent en cause des intérêts économiques considérables. La fonte de la banquise du Pôle Nord ne met pas seulement en danger la vie des ours blancs. Elle ouvre un nouveau passage maritime entre les océans Atlantique et Pacifique, le « passage du Nord-Ouest ». Par rapport aux routes maritimes passant par Panama, Suez ou Le Cap, ce passage, qui emprunte la route de « Resolute Bay », permet de raccourcir de 20 à 40% la longueur du trajet entre les ports atlantiques et pacifiques américains ou entre Anvers et Shanghai, c’est-à-dire entre l’Europe et la Chine. Lorsque l’on est attentif aux yeux de Chimène de celle-là pour celle-ci, on comprend la nature des intérêts en jeu. N’oublions pas que 80% du transport mondial des pondéreux se font par voie maritime, que le parc de containers a doublé en vingt ans. La première conséquence de cette modification géographico-climatique est la guerre juridique que se livrent déjà le Canada et les Etats-Unis pour la souveraineté de ce futur passage. Bien entendu, le Canada prétend que les eaux qui entourent l’ensemble des îles du Grand Nord sont canadiennes en vertu des Droits de la Mer de 1983, les Etats-Unis, suivis en cela par l’Europe, soutenant qu’il s’agit d’un détroit international relevant des règles juridiques correspondantes. La bataille fait rage, car les enjeux sont énormes. Tout d’abord, il faut organiser le fonctionnement du futur détroit et assurer sa régulation et sa sécurité. Le bénéficiaire des versements des droits de passage rêve devant une perspective extrêmement lucrative … à tel point que l’Egypte s’inquiète de l’avenir du Canal de Suez et de son économie ! Et Panama est sur le point de s’engager dans un chantier pharaonique consistant à élargir la totalité du canal afin de permettre le passage des futurs supertankers. Bien entendu, le développement considérable à prévoir de la circulation maritime dans le Passage du Nord-Ouest, en dehors des considérations purement économiques, aura pour conséquence quasi certaine des pollutions catastrophiques de cet environnement, protégé tant bien que mal jusqu’à aujourd’hui, avec leurs impacts considérables sur la faune halieutique. Sensibilisé par la gigantesque marée noire de l’Exxon Valdes, le Canada tente de résister aux pressions américaines en tentant de faire reconnaître sa législation, mais pour combien de temps ? D’autant plus que viendront s’ajouter les risques attachés à la recherche pétrolière et minière dans une région très prometteuse en la matière, en un moment où la raréfaction du pétrole est à l’ordre du jour. Les Inuits sont en danger de disparition. Cette région, relativement protégée des effets négatifs de la mondialisation, va soudain être confrontée à des problèmes inconnus pour elle jusqu’à ce jour, tel le terrorisme par exemple. Les USA, beaucoup plus sensibles au terrorisme qu’à l’environnement, reproche à juste titre au Canada de n’avoir pas les moyens suffisants de protection et lui dénie donc la possibilité d’une souveraineté exclusive sur ce passage. Extension du terrorisme, pollutions catastrophiques, disparition de populations, les premiers effets du réchauffement climatique ne sont pas ceux que l’on croit. Nous sommes en train de perdre le Nord … mais ne le savions-nous pas déjà ?
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