18 mars 2007

L’air de la campagne

Charles De Gaulle, Georges Pompidou, Valery Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, les cinq présidents de la Vème République. Une vraie grandeur et un vrai sens de la Nation et de l’Etat ont caractérisé ces présidences. Le garagiste Sarkozy, sœur Ségolène, Frère Bayrou, les trois candidats d’une République qui ne sera plus jamais la même. Les temps changent. Si je vous dis : populiste, violente, destructrice, superficielle, « raz la moquette », de quoi pensez-vous que je parle ? Je vous parle de la campagne présidentielle, bien sûr, vue par les intellectuels français. Et ils n’ont pas vraiment tort. Lorsque De Gaulle parlait de la place de la France dans le Monde et des moyens de conforter sa position, lorsque Pompidou décrivait les voies d’une modernisation accélérée du pays, lorsque Giscard d’Estaing évoquait la nécessaire évolution des règles de fonctionnement de la société française et de l’Europe, lorsque Mitterrand choisissait d’imposer la suppression de la peine de mort, ils montraient tous qu’ils avaient une véritable vision de l’avenir. Aujourd’hui, nous assistons à l’évocation des recettes d’un livre culinaire, à l’incantation compassionnelle, à une philosophie vertueuse et aérienne. Il faut bien reconnaître que Chirac a ouvert la voie lors de sa campagne sur « la fracture sociale ». Déjà, les cent et une propositions de Mitterrand étaient suspectes. La dérive vers une politique de camelot était engagée. Aujourd’hui, nous sommes vraiment au milieu du marché. Aux yeux des candidats à la Présidence, nous ne sommes plus des citoyens mais des consommateurs qu’il faut allécher en leur faisant croire que la pommade populiste les soignera de tous leurs maux. Au lieu du grand orchestre de la Nation, nous avons droit à l’accordéon des catégories. La Java populiste a remplacé la valse de Vienne « d’une certaine idée de la France ».

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