Lorsque l’on cherche des justifications dans les chiffres, on trouve toujours ceux qui vous conviennent ! La « paresse » des Français n’a jamais été un thème de la campagne, ni chez Sarkozy ni chez Royal. Par contre, le problème est la « quantité » de travail fournie par la France, d’une part parce que le nombre de chômeurs est trop élevé, d’autre part parce que le nombre d’heures travaillées est insuffisant (temps de travail faible, âge de la retraite avancé, nombre de retraités de plus en plus important). Mes propres sources de chiffres donnent les indications suivantes : en 2005, le temps de travail annuel s’établit à 617 h. en France, 677 h. en Allemagne, 736 h. en Espagne, 801 h. en Angleterre, 865 h. aux USA. On constate que les 40% d’écart entre la France et les USA correspondent exactement aux 40% d’écart entre les PIB par habitant de ces deux pays. En 1980, la France se situait au 5ème rang pour le PIB/habitant et au 17ème rang en 2005 (source OCDE). La croissance se mesure par la variation annuelle du PIB. Dans l’ensemble des pays occidentaux, seuls l’Italie et le Portugal ont une croissance inférieure à celle de la France (2,1% en 2005) (source INSEE).
On entend partout (en particulier chez les syndicats) que la productivité française est la meilleure du monde et qu’elle permet « d’absorber » les 35 heures. Nous venons de voir que la production totale est trop faible. Quant à la productivité horaire (quantité de travail fournie par heure et par travailleur), on trouve dans la littérature économique, les chiffres suivants :
Productivité horaire = 19,34 $ soit le 7ème rang des pays développés(Norvège : 28,15$).
Quant à l’antienne du « patrons tous pourris », en dehors de la démagogie grossière qu’elle porte, cette affirmation oublie le fait que la plus grande part de la production française et de l’emploi est due aux PME/TPE et que la très grande majorité des patrons de ces entreprises est compétente, intègre, et … en difficulté. Enfin, les grandes entreprises (du CAC 40) sont des entreprises qui réussissent sur le marché mondial et qui font, pour la majorité d’entre elles, la plus grande part de leur chiffre d’affaires en dehors de la France. Par contre, il est vrai de dire que ces entreprises perdent des parts de marché, ce qui signifie que « l’offre » n’est pas adaptée et qu’elle est moins performante que celle des concurrents. La France a donc deux problèmes majeurs : une production globalement insuffisante, une offre inadaptée (investissements et recherche insuffisants). Les Français ne sont pas paresseux : ils n’ont pas « inventé » les 35 heures dues à des technocrates idéologues parvenus au gouvernement. Par contre, globalement, la France est paresseuse et dépassée (ringarde ?).
1 commentaire:
C'est un jour très sombre pour la France. L'élection de Sarkozy signifie le rejet des valeurs progressistes françaises et l'adoption du néolibéralisme à l'américaine, avec toutes les conséquences négatives à anticiper.
J'ai écrit un texte à ce sujet sur mon blogue si une perspective québécoise sur le sujet vous intéresse.
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