Le jargon politique et médiatique est souvent approximatif. L’exemple le plus étonnant est l’utilisation confuse des concepts de libéralisme et de capitalisme, la principale confusion étant de faire accroire que ces deux concepts sont inséparables, voire identiques. Ceux qui propagent une telle confusion pêchent par une insuffisance culturelle… ou une volonté polémique de se servir de cette confusion pour étayer leur argumentation politique médiocre par ailleurs.
Le capitalisme est un système économique dans lequel la propriété des biens de production de richesses est dans les mains de quelques acteurs, la force de travail nécessaire au fonctionnement de ces biens de production étant fournie par ailleurs, par ce que l’on a pris l’habitude de nommer « les travailleurs ». Ces deux types d’acteurs attendent une rémunération de leur participation à la production de richesses, salaires pour les uns, rémunération du capital investi pour les autres. Il peut donc exister des « capitalismes d’Etat » lorsque les moyens de production sont nationalisés. La rémunération des moyens de production est alors constituée par les impôts prélevés sur les citoyens. Il existe également des « capitalismes démocratiques » lorsque la propriété des moyens de production est privée et que la rémunération du capital est obtenue par le versement d’intérêts. Il est entré dans l’Histoire que le capitalisme d’Etat a démontré sa nocivité et a conduit au désespoir de millions d’individus.
Le libéralisme est d’abord une philosophie politique dont les racines remontent à la Révolution Française de 1789 qui instaure la défense des droits individuels comme une nécessité absolue et exigeante. C’est ensuite une doctrine d’organisation économique qui découle de cette philosophie, s’appuyant sur la liberté d’entreprendre du citoyen sur un marché dont le bon fonctionnement est assuré par la libre concurrence. C’est ce que l’on appelle l’économie de marché. Le marché est le seul moyen pacifique de régler les conflits de répartition des ressources. L’alternative en est l’affrontement souvent guerrier. La liberté est le fondement de cette organisation de la société. Tout être vivant ne peut pas vivre lorsqu’il est privé de liberté. Il n’y a donc pas de « libéralisme d’Etat » supprimant la liberté individuelle. Il ne peut y avoir de libéralisme que démocratique. Combattre le libéralisme revient donc à combattre les acquis de 1789, ce qui prête à sourire lorsqu’on entend les critiques et les attaques les plus virulentes contre le libéralisme provenir des acteurs les plus à gauche de l’échiquier politique. La liberté du citoyen étant la pierre angulaire du libéralisme, il convient que ce même citoyen ne soit pas privé de cette liberté. Or, dans le fonctionnement du capitalisme comme du communisme, existent des menaces sur l’exercice de la liberté du citoyen. Dans le monde démocratique, l’Etat intervient pour assurer la réalité de cette liberté individuelle dans le strict respect de la liberté des autres. Dans le monde communiste, il faut bien convenir que la liberté du citoyen est sacrifiée au nom d’un égalitarisme hypothétique et futur appelé « la dictature du prolétariat ». La liberté du citoyen conduit, de façon naturelle, à la diversité sociale. Dans un système politique totalitaire, cette diversité est considérée comme une nuisance et la recherche forcenée de l’égalitarisme conduit alors, de façon également naturelle dans un monde à ressources limitées, à niveler la société par le bas.
Depuis l’évidence de l’échec magistral du communisme, tout homme politique devrait aujourd’hui être libéral s’il n’était pas oublieux de l’Histoire. Par contre, et contrairement à ce que Adam Smith prônait avec force, l’intérêt particulier ne coïncide que rarement avec l’intérêt général. C’est pour cela que l’Etat a un rôle à jouer dans un système libéral, pour mettre en œuvre une politique de redistribution qui n’entrave pas la liberté d’entreprendre et le fonctionnement des Services Publics. C’est en cela que le libéralisme devient une économie politique.
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