Tout le monde connaît le fabricant sud-coréen Hunday. Ce fabricant a décidé de pénétrer le marché européen en proposant des véhicules à bas prix tout en respectant des critères de qualité suffisants. Lorsque l’on cherche à fabriquer à coûts réduits dans cette industrie, deux voies sont possibles : automatiser la production et trouver une main d’œuvre bon marché. Or, s’il est toujours possible d’automatiser la fabrication (et la conception), le coût de la main d’œuvre est une contrainte endogène. Hunday a donc décidé d’ouvrir une usine dans un pays à coût de main d’œuvre extrêmement concurrentiel et relativement proche du marché convoité, c’est-à-dire en Turquie. Dans ce pays, la main d’œuvre non spécialisée est abondante et peu chère. Mais il y a un autre avantage à choisir la Turquie : compte tenu de la politique des petits pas de l’Europe envers ce pays, il n’y a actuellement pas de taxe à l’importation entre l’Europe et la Turquie. Ce fait réduit donc le coût des produits importés en Europe en provenance de la Turquie. La construction automobile est une industrie à haute technicité qui demande généralement une main d’œuvre spécialisée et formée. Hunday a donc résolu cette contradiction apparente en conservant et en automatisant la plus grande partie de la fabrication des pièces détachées (70%) en Corée du Sud et en ouvrant une usine de montage en Turquie où se réalise la fabrication des pièces les plus simples (30%) et l’assemblage final des pièces détachées. À partir de la Turquie, Hunday est ainsi en mesure de proposer en Europe des automobiles extrêmement compétitives. Cette organisation résulte d’une analyse sans complexe et opportuniste du marché mondial et de la maîtrise du choc culturel que les méthodes de management coréennes ont provoqué dans l’usine Turque.
Mais l’analyse de Hunday ne s’est pas arrêtée là. En effet, l’Ukraine est un grand pays, voisin de la Turquie, mais qui ne fait pas partie de l’ensemble européen et qui impose donc des taxes à l’importation des produits finis. Pour contourner cette difficulté, les véhicules assemblés en Turquie et destinés à l’Ukraine, sont alors démontés (!) en partie (le bloc-moteur, le volant, les pneus, …) après essais du véhicule complet et expédiés comme pièces détachées en Ukraine, évitant ainsi les taxes à l’importation, et où les voitures sont rapidement remontées pour être vendues sur le marché local.
Ce que fait la Corée, d’autres pays en voie de développement le font également. Ces pays regardent le monde comme un marché unique que l’innovation en matière d’organisation leur permet de conquérir. Les Sud-Coréens ne craignent pas les délocalisations lorsqu’elles leur ouvrent de nouveaux marchés.
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