Parallaxe. Soit un pays dirigé depuis quarante ans par un dictateur ayant pratiqué des abominations comme le terrorisme et la prise d’otages (et qui croira que la France n’a eu aucune relation avec cet homme pendant quarante ans !). Soit un peuple muet soumis à cette dictature qui souffre d’un manque de libertés individuelles, d’un excès de pauvreté et d’un isolement obsidional. Soit un projet national consistant à créer une union économique des pays riverains de la Méditerranée. Quels sont les choix qui s’offrent à la politique étrangère du pays porteur de ce projet ? Il n’y en a que deux. Ou bien exclure le pays en question du projet au nom d’une certaine morale, ou bien profiter de toutes les occasions pour réintégrer ce même pays dans ce que la langue de bois diplomatique appelle « le concert des nations » pour pouvoir l’intégrer dans le projet. En face de cette alternative une conclusion s’impose : l’exclusion signifie l’abandon d’un peuple à son sort difficile. La bonne conscience de ceux qui choisissent cette solution est un peu courte car elle fait l’impasse sur l’avenir de ce peuple. La question qui se pose est la suivante : faut-il préserver sa bonne conscience en prenant des postures indignées et en abandonnant à son sort toute une population ou ne vaut-il pas mieux se « compromettre » avec le dictateur pour faire émerger une chance d’évolution vers plus de liberté et de démocratie en permettant la participation au projet méditerranéen pour le plus grand bénéfice de ce peuple en déréliction ? En quoi consiste cette « compromission » ? À prendre au mot un dictateur qui dit renoncer aux pratiques terroristes et (ce qui n’est pas négligeable) à la bombe. Ne soyons pas naïfs ! La diplomatie est un grand jeu de poker menteur. Prendre au mot ne veut pas dire être convaincu de la sincérité du discours. Prendre au mot ne veut pas dire perdre toute vigilance.
Le voyage du Président de la République en Algérie n’a soulevé aucune polémique en France. Et, pourtant, qui peut croire que le ministre algérien des anciens combattants n’avait pas reçu, au préalable, l’aval du pouvoir pour tenir son discours antisémite ? Or, l’antisémitisme est la marque de fabrique du terrorisme islamique. Le terrorisme officieux et actuel algérien est-il plus acceptable que le terrorisme libyen du passé ?
Ce que l’on peut dire, c’est que Kadhafi en France pendant cinq jours, c’est long, très long, trop long … car l’homme est détestable.
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