25 avril 2009

Une justice à 3 vitesses

Le Conseil Supérieur de la Magistrature vient de donner son verdict sur la faute du juge Burgaud. Rappelons nous que ce juge a mis en prison pendant quatre ans, pour pédophilie supposée, dix-sept prévenus qui ont tous été finalement acquittés car reconnus innocents. Dix-sept personnes qui ont vu leur vie détruite, l’un d’entre eux n’ayant pas supporté cette infâme suspicion a mis fin à ses jours en prison. Rappelons nous que ce juge a mené une instruction uniquement à charge et a négligé de vérifier la véracité des accusations. Déclaré coupable par le CSM d’approximations et de négligences – ce qui peut être considéré comme une faute professionnelle lourde – le juge Burgaud a été « puni d’une réprimande » ! Dans tout autre secteur d’activités, une faute lourde conduit au licenciement. Mais, pour le CSM, la réprimande est bien suffisante, malgré la destruction de la vie de dix-sept citoyens. Comme l’a si bien dit Coluche, « au bout de dix réprimandes, le juge aura un blâme et au bout de dix blâmes, il sera rétrogradé. De toute façon, le juge s’en moque puisqu’il est en bas de l’échelle ! ». Seule sa conscience pourrait le faire descendre en enfer... mais il ne faut pas rêver. Une fois de plus, le corporatisme effréné des magistrats (à ne pas confondre avec la Justice !) se sera manifesté avec éclat. Lorsqu’on apprend, de plus, que parmi les membres du CSM chargé de juger Mr. Burgaud, se trouvait un magistrat impliqué dans l’affaire pour avoir refusé une mise en liberté provisoire d’un des accusés et qu’il affirme ne pas se souvenir de cette affaire (sic !), on reste confondu devant l’hypocrisie qui gangrène le corps des magistrats. Il y a décidément une justice à trois vitesses : une pour les plus démunis, une pour les nantis ... et une pour les magistrats ! Il ne faut pas d’étonner que les citoyens doutent de la justice de leur pays.

20 avril 2009

Déontologie

Madame Royale se répand dans le monde en s’excusant à l’envi « au nom de la France et des Français ». Au nom de quelle légitimité se permet-elle de parler au nom de ses concitoyens et de se complaire dans une repentance allitérative ? Serait-ce celle de son statut de présidente de la région Poitou-Charentes, une des plus petite région française ? Dans ce cas, qu’elle se contente de présenter les excuses des Charentais. Le reste du pays n’est absolument pas représenté par Madame Royale. Cet entêtement rodomont à parler de façon illégitime au nom du pays indique que la frustration de n’avoir pas été élue à la Présidence de la République est profonde et altère sa réflexion en l’entraînant dans une gesticulation qui frise le ridicule. Il y a là une posture mégalomaniaque qui porte à douter de la capacité de Madame Royale à endosser la charge suprême.
D’autre part, s’expriment des parlementaires de la majorité comme de l’opposition pour contester la réalité des paroles que l’on prête à Nicolas Sarkozy. Cela montre que Libération, à l’origine de cette péripétie, a manqué de déontologie en omettant de s’assurer de la réalité des paroles imputées au Président. Un journaliste professionnel et sérieux aurait dû entendre tous les protagonistes avant de publier un article orienté et subjectif. Il n’aurait surtout pas dû sortir la citation de son contexte. Ce n’est pas la même chose de dire « Mr. X n’est pas intelligent » ou « Peut-être que Mr.X n’est pas intelligent, mais … ». La seconde phrase montre, à l’évidence, qu’il s’agit d’une réponse et que la critique d’origine vient d’ailleurs. Mais Monsieur L.Joffrin laisse son animadversion pour le Président de la République l’emporter sur la déontologie du journaliste.
Dans un cas comme dans l’autre, l’esprit est embrumé par des ressentiments personnels qui occultent l’objectivité de l’information et la dignité de la fonction.

18 avril 2009

Lettre ouverte aux médecins et aux enseignants

Il est un certain nombre de vérités que certains citoyens ne veulent pas entendre. En particulier, le corps des médecins et celui des enseignants. On entend aujourd’hui ces deux corporations réclamer à grands cris le « retrait du projet de loi du gouvernement » au nom d’une « vision purement comptable » ou d’une « privatisation rampante » ! Voilà des citoyens qui ne vivent que grâce à la bonne volonté du reste de la Nation et qui ne veulent tenir aucun compte des difficultés collectives. Les médecins ne vivent que grâce à la Sécurité Sociale, c’est-à-dire à la solidarité nationale, et les enseignants ne vivent que grâce aux salaires versés par l’État. Dans les deux cas, c’est donc par l’impôt que ces corporations obtiennent les émoluments qui leur permettent de vivre. Or la Nation se paupérise depuis plusieurs années. L’évolution du PIB du pays se traîne depuis plusieurs années autour de 1% avant de devenir négative alors que la croissance mondiale a atteint près de 4%. Le déficit de la Sécurité Sociale devient insupportable. La dette nationale atteint des sommets jusqu’alors inconnus. C’est donc bien le signe que la France a de plus en plus de difficultés économiques. La crise actuelle a considérablement aggravé la situation par un endettement national absolument abyssal que les générations futures auront à rembourser d’une manière ou d’une autre (inflation et/ou augmentation importante des impôts). Que peut donc faire le gouvernement, si ce n’est que d’essayer d’améliorer l’efficacité des structures de la nation, c’est-à-dire rechercher une organisation, des processus opératoires, des modes de gouvernance qui soient plus efficaces sans coûter davantage, l’État étant dans l’incapacité absolue d’augmenter ses dépenses courantes ? Médecins, enseignants, vous avez été incapables d’améliorer vous-même le fonctionnement de vos structures depuis plusieurs dizaines d’années ! Vous avez été incapables de proposer vous-même des évolutions réelles, autres que de réclamer toujours plus d’argent à la communauté ! Sclérosés par des syndicats corporatistes à l’extrême et aveugles, vous avez perdu le sens de l’intérêt général pour ne penser qu’à votre intérêt particulier, oublieux de l’effort que fait la nation tout entière pour vous permettre de vivre. Le pays traverse une crise d’une ampleur jamais connue. Pourquoi seriez-vous les seuls à ne pas s’en préoccuper ? Il est frappant de constater que les enseignants chercheurs s’opposent aux pouvoirs donnés aux présidents d’Universités et que les médecins s’insurgent envers les pouvoirs donnés aux directeurs d’hôpitaux. Comme si les uns et les autres craignaient qu’une autorité puisse porter un jugement sur leur efficacité. Comme si les spécialistes hospitaliers craignaient que quelqu’un ait le pouvoir de limiter l’exercice de la médecine privée au sein de l’hôpital public. Comme si les médecins, qui vivent grâce à la Sécurité Sociale, craignaient de se voir un jour contraints de desservir les « déserts médicaux ». Comme si les chercheurs craignaient que quelqu’un puisse favoriser les axes de recherche les plus pertinents pour la nation. Quand donc tout ce petit monde se rendra-t-il compte que le pays s’enfonce depuis des années vers l’inefficacité et la gabegie financière, que l’on ne peut pas constamment demander aux plus démunis les plus gros efforts ? Ressaisissez-vous, messieurs !

16 avril 2009

La crise était inéluctable

La crise actuelle est une démonstration de l’incomplétude de la théorie économique. La pierre angulaire de cette dernière est la fameuse loi de l’offre et de la demande. Cette loi stipule que ces deux variables économiques sont indépendantes l’une de l’autre et que leurs variations en fonction du prix varient en sens inverse, jusqu’à un prix d’équilibre. C’est ce qui s’appelle la loi du marché ou la main invisible : le marché s’autorégule. Tous les marchés sont censés suivre cette loi immuable, le marché des produites et services et le marché de la main-d’œuvre notamment. Or qu’en est-il du marché financier, c’est-à-dire des actifs boursiers en particulier ? Par anticipation et espoir d’enrichissement rapide, la demande d’actifs croit entraînant une demande croissante de crédits. Les banques, hypnotisées par l’accroissement des valeurs boursières, augmentent leur offre de crédit au risque de diminuer drastiquement leur capital de réserve et d’augmenter leur propre endettement. Ainsi, l’offre et la demande de crédits, non seulement ne sont plus indépendantes, mais surtout sont toutes deux des fonctions croissantes de la valeur des actifs. Il n’y a donc plus de point d’équilibre ! La demande d’actifs, soutenue par l’offre de crédit, entraîne la valeur des actifs à la hausse et le cercle vicieux s’enclenche de façon dramatique. Au sein des (grandes) entreprises, l’augmentation de la valeur de l’action cesse d’être le résultat d’une bonne santé économique, mais devient une stratégie qui dévoie l’investissement vers des opérations boursières afin de satisfaire les exigences de l’actionnaire. Phénomène aggravant, l’ingénierie financière, dans laquelle les traders français sont devenus des experts, constatant l’augmentation du risque pris par les banques, a « inventé » des produits dérivés sophistiqués (les CDS) qui permettent aux banques et aux organismes financiers de revendre leur risque en créant un marché de la demande et de l’offre du risque financier. Ce nouveau marché a alors joué le rôle d’un anesthésiant auprès des banques et des organismes prêteurs qui ont perdu la conscience du risque encouru. Ils ont alors accordé des prêts dans des conditions absolument aberrantes à des emprunteurs qui, n’ayant pas la capacité de rembourser, ont gagé leurs biens immobiliers pour garantir leur emprunt. Un tel mécanisme ne peut que conduire à la rupture brutale du fonctionnement de ce cycle pervers. Il faut bien constater qu’aucun économiste n’a tiré le signal d’alarme, ni aucun des organismes internationaux que sont l’OCDE, le FMI, la Banque Mondiale, restés accrochés au Consensus de Washington par l’aveuglement de leurs bureaucrates.
La stratégie de plus-value des actifs financiers a entraîné la financiarisation des entreprises qui, privilégiant l’actionnaire, ont provoqué une déflation salariale. Celle-ci entraîne nécessairement une perte de pouvoir d’achat qui se voit compensée par un endettement des individus et une demande de crédit qui deviennent excessifs. La boucle est bouclée… et la crise est devenue tellement profonde qu’il faudra longtemps pour que l’économie sorte enfin de cette phase de désordre pour retrouver une phase de redressement après une consolidation et des remises en question douloureuses. La crise sociale, fille de la crise économique, en est à ses débuts. Viendront ensuite les effets de l’invraisemblable inflation de la quantité monétaire créée par les États.

12 avril 2009

Aveugle !

Il ne fait aucun doute que nous allons revivre une fois encore un grand moment de la politique française. Les prochaines échéances électorales européennes sont précédées par un aménagement du découpage électoral dû à l’évolution et à la répartition démographiques. Le travail du ministère de l’Intérieur n’est pas terminé à ce jour que déjà on entend l’opposition hurler au « charcutage électoral » ! Ce travail prévoit actuellement la disparition de 33 circonscriptions. L’opposition compte 23 d’entre elles comme étant tenues par la gauche, le ministère de l’Intérieur n’en concède que 18. Qui dit vrai ? Je serai tenté de dire peu importe. Il n’y a vraisemblablement, dans cette indignation, que la crainte des élus actuels de perdre leur siège et les avantages qui y sont associés. Il est certain, par contre, qu’au milieu de la crise économique et sociale dans laquelle le pays est plongé, il n’y a rien de plus urgent que de s’indigner du redécoupage électoral ! Mais il faut bien que l’opposition trouve, faute d’idées et de propositions en la matière, un prétexte pour se faire entendre … et faire croire qu’elle existe encore ! L’aveuglement politicien lui fait perdre le sens commun.

10 avril 2009

Le plus beau tableau du monde

C’est le petit matin. La pluie, lourde et froide, vient juste de s’arrêter. L’air est transparent, nettoyé des poussières de la ville, soulevées par les chevaux du chemin de halage. Traversant les gros nuages, vestiges de l’averse, un rayon de soleil vient frapper la tour de la nouvelle église et les maisons voisines ainsi que le petit pan de mur jaune qui a tant frappé Marcel Proust, laissant dans l’ombre celles qui s’alignent le long du quai de Lange Geer. Le vent est tombé et l’eau du canal a retrouvé son calme, précisant les reflets bleutés de la ville et de ses remparts. La transparence de l’air donne au dessin des toits et des pignons crénelés une netteté surprenante. Rien n’arrête le regard qui traverse sans obstacle le vide du clocher de la nouvelle église. Les villageois, un moment calfeutrés pendant l’averse, sortent à nouveau et viennent, au gré des rencontres, discuter sur les bords du canal. Le chant des oiseaux matinaux, un moment interrompu, a repris et souligne le calme et la lenteur de l’instant. Le grincement des accastillages des lourds bateaux en partance pour Rotterdam et accostés sur l’autre rive du canal rebondit sur le miroir de l’eau. La journée commence…
C’est le plus beau tableau du monde.

06 avril 2009

Dieu

Dieu a créé l’homme à son image, nous dit-on. Alors, voilà son image :
• Il y a ceux qui tuent les enfants dans les cours d’école.
• Il y a ceux qui font exploser des bombes au milieu de la foule.
• Il y a ceux qui font du commerce avec des médicaments périmés.
• Il y a ceux qui prostituent des femmes et des enfants.
• Il y a ceux qui font du tourisme sexuel.
• Il y a ceux qui font du commerce avec de la drogue vendue aux enfants.
• Il y a ceux qui exterminent leur peuple pour être au pouvoir.
• Il y a ceux qui jettent leur merde à la mer.
• Il y a ceux qui empêchent les filles d’aller à l’école.
• Il y a ceux qui lapident les femmes.
• Il y a ceux qui prennent des innocents en otage.
• Il y a ceux qui s’enrichissent par la dictature.
• Il y a ceux qui font exploser les avions sur les villes.
• Il y a ceux qui font la chasse aux juifs.
• Il y a ceux qui inventent les chambres à gaz.
• Il y a ceux qui tracent des croix gammées.
• Il y a ceux qui bombardent les civils.
• Il y a ceux qui torturent.
• Il y a ceux qui tuent pour voler.
• Il y a ceux qui violent.
• Il y a ceux qui arment des enfants.
• Il y a ceux qui jettent les migrants à la mer.
• Il y a ceux qui affament le peuple.
• Il y a ceux qui sont coupables du délit de fuite.
• Il y a ceux qui recommencent.
• Il y a ceux qui transforment la religion en arme de guerre.
• Il y a ceux qui trahissent pour le pouvoir ou l’argent.
Enfin il y a les spéculateurs, les banquiers et les grands patrons.

03 avril 2009

Collapsus

La thermodynamique explicite les lois qui conditionnent le fonctionnement énergétique des systèmes et des processus qui les composent. La première d’entre elles stipule la conservation de l’énergie. L’énergie consommée lorsqu’une automobile brûle une quantité donnée de pétrole se retrouve intégralement dans le travail permettant le déplacement de l’engin et à la chaleur dispersée par tous les frottements et par les processus d’ignition et d’échauffement du moteur. C’est ce principe de conservation de l’énergie qui interdit le mouvement perpétuel c’est-à-dire la production d’énergie sous une certaine forme sans en consommer par ailleurs sous une autre forme. Nous consommons de l’énergie sous toutes ses formes, mais nous produisons des déchets. Le second principe, dit aussi principe d’évolution, s’attache à décrire l’évolution des processus irréversibles. En effet, l’expérience et l’évidence nous montrent que certains évènements ne peuvent se dérouler en sens inverse, comme la fonte d’un morceau de sucre dans une tasse de café. À ces processus, le second principe attache une fonction d’état dite entropie (introduite par Rudolf Clausius en 1865) qui ne peut que croître pendant l’évolution d’un système entre deux états successifs. Cette grandeur mesure le désordre grandissant qui s’installe dans le système. Elle mesure également l’impossibilité de décrire complètement l’état d’un système (d’après les travaux de Boltzmann), c’est-à-dire notre ignorance sur la réalité de ce système. Ainsi, plus un processus est complexe, plus notre ignorance sur son comportement détaillé est grande.
Or, l’évolution de la société humaine se traduit par une complexité croissante des processus. Il n’est que d’écouter les discours contradictoires, parfois simplistes, sur le fonctionnement économique du monde pour comprendre que la complexité réelle des processus étudiés dépasse l’entendement des plus informés. Cette incompréhension vient nécessairement du niveau d’ignorance de leur fonctionnement réel. Leur entropie est donc élevée et s’accroît constamment. Donc, si l’entropie s’accroît, le désordre également. La crise que nous vivons actuellement en est un prodrome vraisemblable. La gloutonnerie du monde en énergie est devenue incontrôlée et les processus de consommation énergétique pillent, de façon irréversible, les matières premières fossiles et l’environnement en produisant une quantité croissante de déchets dont le monde ne sait plus que faire, sinon de les déverser parmi les populations les plus pauvres qui y trouvent, non sans danger et à la grande honte du genre humain, de quoi survivre. L’entropie d’un système est directement liée aux échanges. La sophistication exponentielle de la société humaine se traduit par une explosion du nombre et de la valeur des échanges entre les différents composants du système et leur environnement. L’entropie augmente donc de façon considérable. Jusqu’où peut croître l’entropie d’un tel système emballé ? Nul ne le sait, mais il ne peut être exclu que cette augmentation inconsidérée et non maîtrisée ne conduise à un collapsus généralisé car systémique. C’est ainsi qu’à l’inconscience criminelle s’ajoute l’ignorance inavouée. L’époque actuelle cherche un moyen de se rassurer en inventant le concept de
« développement durable », sans se rendre compte que le développement porte en lui une entropie croissante et que la durabilité sans borne est impossible. Il s’agit donc d’un oxymore anesthésiant.
La mesure du désordre s’appuie sur l’expérience du mélange de deux gaz, initialement séparés. Lorsque le mélange est terminé, la diffusion réciproque des gaz entraîne une répartition au hasard des différentes molécules, preuve de l’augmentation du désordre. Mais on peut pousser un peu plus loin l’analyse de cette expérience pédagogique. En effet, après diffusion, tout volume du mélange est semblable à tout autre partie. C’est-à-dire que le désordre s’accompagne de l’uniformité. On peut constater le même effet dans la société humaine actuelle. La culture, les modes de vie, les idées, les comportements s’uniformisent et les particularités s’estompent. Nous devenons un simple mouton anonyme au sein d’un troupeau uniforme. Cette uniformisation entraîne la disparition des exceptions. Où sont, aujourd’hui, Vermeer et Monet, Michel-Ange et Camille Claudel, Montaigne et Camus, Apollinaire et Rimbaud, Mozart et Boulez, Montesquieu et Sartre, Newton et Einstein ? Ils sont morts pour la seconde fois…