29 juin 2010

L’affaire Ecric Woerth

L’affaire Ecric Woerth est particulièrement édifiante à plusieurs titres. Tout d’abord, comment ne pas se poser la question première de l’étonnante coïncidence entre la sortie de cette affaire et la présentation prochaine au parlement de la réforme du régime des retraites ? Dans une démarche purement démagogique, l’opposition s’est avancée imprudemment en annonçant son intention de revenir sur la disposition-phare de cette réforme, à savoir le recul de l’âge légal. Il est d’une évidence aveuglante que, si l’opposition parvient au pouvoir en 2012, elle ne pourra pas revenir sur cette disposition comme elle n’a pu revenir, en son temps, sur les réformes d’Edouar Balladur. Alors, pourquoi ne pas faire en sorte que la réforme portée par Éric Woerth échoue en obtenant la démission du ministre avant le terme ? Voilà qui éviterait de se désavouer … Le déchaînement médiatique n’est pas sans rappeler celui qui s’est abattu en son temps sur Julien Dray qui fut, par la suite, lavé de tous les odieux soupçons qui l’obligèrent à quitter ses fonctions. Par contre, il est tout aussi évident que le ministre aurait dû se poser la question de la compatibilité de sa responsabilité de ministre du budget et de celle de sa femme, consistant à conseiller la plus grosse fortune de France pour minimiser ses impôts. Le soupçon de délit d’initié vient immédiatement à l’esprit de tous ceux qui sont à la recherche compulsive du scandale, en se parant d’une indignation dolosive. Bien entendu, profitant de cette agitation médiatique, la bête immonde n’a pas tardé à pointer le bout de son nez nauséabond : l’antisémitisme pointe du doigt un ministre dont les racines juives sont mises en exergue en utilisant le Web, riche de sites qui se vautrent dans l’ignoble. Enfin, le monde politique de tous bords n’a pas encore compris que nous changeons d’époque. Le peuple sait, confusément ou non, que le temps des efforts est venu et qu’il ne s’agit pas d’un simple épisode mais d’un changement profond dans la manière de vivre. Dans ce contexte, où il devra accepter des efforts importants, il lui est devenu insupportable de voir que certaines catégories de la population se croient à l’abri de sacrifices. Or, tous les pouvoirs sont naturellement perméables les uns aux autres. Le pouvoir infuse la connivence. Le pouvoir politique est en relation permanente avec les pouvoirs économique, médiatique, juridique et autres. Il est alors devenu indispensable que les relations entre le pouvoir politique et tous les autres soient strictement codifiées et respectées. Cela est devenu une exigence populaire. Ne pas la respecter risque d’entraîner toutes les dérives. Cette exigence s’applique à tous les politiques, qu’ils soient au gouvernement, simples parlementaires ou responsables locaux.

22 juin 2010

Spleen

« Celui qui se bat peut perdre, mais celui qui ne se bat pas a déjà perdu » (B.Brecht). C’est ce que l’on aurait dû rappeler aux joueurs (?) de football de l’équipe de France. Lorsque l’on voit ces coffres-forts ambulants, dopés aux millions d’Euros, se comporter en dilettantes sur le terrain de la compétition, on ne peut ressentir qu’écœurement pour le monde footballistique, où l’argent a pris la place de l’effort et de la volonté de réussir. Le football amateur a sa grandeur, le football professionnel n’est plus que morgue et suffisance (savez-vous que Ribery va gagner 10 millions d’Euros par an au Bayern de Munich !! Si, si !!). Décidément, je ne m’intéresserai plus jamais à ce soi-disant « sport ».
Le journal Libération a organisé une réunion mondaine à Grenoble, appelée États généraux du renouveau, avec des sommités intellectuelles pour déterminer les attentes de la société française d’aujourd’hui. Belle et grande idée ! L’institut Médiascopie a choisi un échantillon de 300 personnes, qu’il a qualifié de représentatif ce qui, sur le plan statistique, paraît déjà douteux. Ces personnes ont été « coachées » et interrogées pendant une semaine pour leur faire exprimer leur vision de la société présente et celle de la société souhaitée. Il en ressort que les finalités les plus attendues sont, quelle surprise ! une société « du bien-être » ! Tiens, tiens … il me semble que j’ai déjà entendu ce concept, il n’y a pas longtemps au sein de discours politiques. Une telle société est jugée importante et positive. Le contraire eut été étonnant. Une société du mal-être aurait-elle quelques chances de séduire ? On se demande à quoi peut bien servir une telle étude pour déboucher sur de telles évidences. La protection et le progrès social, la réduction des inégalités et l’amélioration des services publics accompagnent cette société du bien-être. Je ne crois pas que cela va bouleverser l’idée que l’on pouvait se faire des attentes des Français. Par contre, on découvre dans les résultats de cette étude que les partis politiques et les syndicats, toutes tendances confondues, sont jugés plutôt négativement. Ainsi, si l’on veut résumer cette magistrale étude, on peut dire que les Français sont des adeptes du « tous pourris » et de l’État protecteur (le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux est jugé comme ayant un impact important et négatif, au même titre que la perte des acquis sociaux !). On a beaucoup de mal à distinguer ce qu’il y a de nouveau !
Les villages du Var ont été dévastés à cause de la furie de la nature mais aussi de l’inconscience humaine. Les habitants sont sonnés, dépouillés, en perdition. Et voilà qu’une horde de touristes abominables et voyeuristes, appareils photo en bandouillère, viennent respirer l’odeur du désespoir et de la dévastation. Le malheur des uns a toujours fait le bonheur des autres.
Le parti socialiste s’est rangé derrière son coupeur de tête, Monsieur Montebourg. Ce dernier a oublié le sort de Robespierre !
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout d’un coup un sentiment de spleen.

12 juin 2010

Démiurge

À la crise économico-financière majeure qui sévit sur le monde, s’ajoute maintenant une crise écologique d’une ampleur jamais connue, à savoir la marée noire du Golfe du Mexique. Lorsque nous portons un regard un peu attentif aux espèces vivantes qui peuplent la planète, toutes – sauf l’homme – vivent grâce à un équilibre permanent qu’elles maintiennent en permanence avec leur environnement et la planète. Seul l’homme, se prenant pour un démiurge, fait fi des désordres qu’il introduit dans le milieu où il vit au risque de le détruire et de se néantiser lui-même. Cela relève d’une stupidité confondante qui pourrait bien être « le propre de l’homme » et non pas le rire, comme semblait le penser naïvement Rabelais ! La course aux armements nucléaires est déjà un signe que la destruction de l’humanité ne fait pas reculer l’homme dans ses instincts meurtriers. La folie de l’argent est un autre signe, qui voit des individus ne pas hésiter à semer la panique, la pauvreté, la révolte, la catastrophe pour pouvoir accumuler des richesses dont ils n’auront jamais l’occasion de jouir totalement. Cette même frénésie de l’accumulation de richesses pousse les hommes à des activités follement dangereuses comme de percer des réservoirs d’énergies fossiles dans les endroits les plus inaccessibles, en encourant tous les risques et en les camouflant par le mensonge, qu’il soit réel ou par omission volontaire, faute d’être capable de les maîtriser. À vrai dire, le propre de l’homme c’est un mélange mortel d’égoïsme forcené, de xénophobie (la peur des autres), et de cupidité. C’est ce qui explique le mieux l’impossibilité qu’ont les responsables politiques de tous pays de s’entendre sur des règles qui s’imposeraient à tous. Oubliant volontairement que la mondialisation existe, non seulement dans le monde de la finance, mais également dans l’extension de la crise et de la dépression (la pollution des côtes américaines impacte le montant des retraites des Britanniques !), chacun se croyant (ou faisant semblant de croire être) à l’abri des autres, fait des choix de gouvernement de court terme et uniquement nationaux voire protectionnistes, repoussant par là même toute chance de résoudre la crise mondiale. Pour le moment, tout le monde se drogue d’enthousiasme footballistique pour éviter de voir lucidement l’avenir.

11 juin 2010

La résurrection, une calembredaine

Il existe en physique un immense mystère. Les théories physiques qui tentent d’expliquer le fonctionnement du monde comportent un certain nombre de constantes dont la valeur numérique est seulement constatée, sans que l’on sache expliquer le « pourquoi » de cette valeur. En dehors des 5 constantes universelles, il faut ajouter 2 constantes électromagnétiques, la constante gravitationnelle, une douzaine de constantes physico-chimiques, une vingtaine de constantes atomiques et nucléaires. Cette simple énumération montre que l’on est encore loin de comprendre les lois de l’Univers et que la recherche de la Théorie du Tout a encore de beaux jours devant elle. Or, il suffirait que l’une quelconque de ces constantes prenne une valeur numérique différente pour que la vie, telle que nous la connaissons sur Terre, soit impossible. Cette incroyable précision laisse perplexe et sans justification. Mais l’imagination des hommes est sans limites et n’a d’équivalent que son besoin d’expliquer. D’où, depuis toujours, l’appel aux religions ou aux superstitions, l’invention d’un riche panthéon de divinités. Les scientifiques, se voulant cartésiens, ont cherché, eux aussi, à trouver une justification à l’inexpliqué. Ne pouvant établir scientifiquement et objectivement les valeurs particulières prises par ces constantes, certains d’entre eux sont passés du domaine de la démonstration à celui de l’hypothèse. Puisqu’on ne sait pas justifier le pourquoi de ces valeurs, il suffit de faire l’hypothèse que ces « constantes » peuvent prendre toutes les valeurs possibles et qu’à chaque ensemble de valeur correspond un univers « parallèle » et inaccessible. Il est alors normal que nous vivions dans l’Univers où les constantes ont pris les valeurs nécessaires à l’apparition de la vie. C’est la théorie du multivers. C’est aussi ce qu’on appelle un tour de passe-passe. En effet, une hypothèse scientifique doit, pour être sérieuse, être falsifiable et vérifiable. C’est-à-dire qu’elle doit permettre de faire des prévisions qui, soit permettent de vérifier l’hypothèse, soit permettent de la réfuter. Or la théorie du multivers ne permet ni l’un ni l’autre. Il existe une autre voie, celle qu’empruntent les créationnistes, intégristes chrétiens, qui prennent au pied de la lettre les textes bibliques et évangéliques en rejetant violemment la théorie de l’évolution : le monde est comme il est car c’et ainsi que Dieu l’a voulu. Cette posture a un avantage, celle de permettre de croire dans la résurrection sans tomber dans l’impasse où se trouvent les chrétiens traditionnels. En effet, pour tout chrétien non créationniste, qui accepte la théorie de l’évolution, la croyance dans la résurrection des corps devrait le plonger dans un abîme de perplexité : les hommes de Neandertal, qui sont apparemment bien plus que de simples cousins, vont-ils bénéficier de cette résurrection ? Nous avons, en effet, un ancêtre commun, « l’homo heidelbergensis ». Imaginez la stupéfaction de nos contemporains lorsqu’ils se réveilleront en compagnie de tous leurs ancêtres et cousins préhistoriques ! L’Australopithèque sera-t-il de la fête ? Si oui, pourquoi les grands singes ne seraient-ils pas, eux aussi, ressuscités ? Jusqu’où faut-il remonter ? Jusqu’à LUCA (Last Ultimate Common Ancestor) ? Pourquoi existerait-il une discrimination faisant frontière dans l’arbre continu de l’évolution des espèces ? Vous imaginez-vous serrer la main de votre cousin Toumaï ou rencontrer votre ancêtre Tirex au coin d’une rue du Paradis ? Devant cette absurdité, la raison s’impose : la résurrection des corps est une utopie. N’hésitez donc pas à vous faire incinérer, cela fera gagner de la place dans les cimetières !

08 juin 2010

Ils nous trompent

Ils nous trompent. Leur démagogie est criminelle. Je parle des politiques de tous bords, de la majorité et du gouvernement comme de l’opposition. Le gouvernement nous fait croire qu’en « rabotant » les niches fiscales de 10%, tout en disant que les impôts n’augmenteront pas (sic), le pays arrivera à résorber une dette abyssale. Bien évidemment, c’est totalement faux, cette mesure étant parfaitement insuffisante. Elle ne permettra pas de tenir l’engagement que le Président de la République a pris de ramener le déficit de 8% à 6% du PIB en 2011. La dette sociale est immense (sécurité sociale, retraites, indemnités de chômage, prestations familiales) et reste financée par l’emprunt, le budget est en déséquilibre avec un déficit de l’ordre de 8% du PIB, les décisions tardent. Le gouvernement continue à nous faire croire à la reprise d'une croissance économique fictive. Quant au discours de l’opposition, il verse dans la démagogie la plus pure en faisant croire qu’elle mettra en place une société de rêve (le « care »), ou « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », où le temps de travail continuera à diminuer, où l’argent nécessaire existe et qu’il n’y a qu’à le prendre dans la poche des riches (?) en supprimant le bouclier fiscal, où les prestations sociales seront améliorées, le chômage diminuera et la crise s’effacera par miracle. La vérité est ailleurs et bien différente. Nous sombrons peu à peu dans une crise qui n’aura rien à envier à celle de 1929. Le pouvoir est passé des États au monde de la finance, monde qui fonctionne selon ses propres règles dangereuses et immorales. Tellement dangereuses qu’elles ont permis de remplacer, au grand bénéfice des financiers, la dette privée de ces derniers par la dette publique des contribuables. De plus, l’économie réelle européenne ne va pas bien pour avoir confondu investissements productifs et spéculation financière. L’Europe est gravement malade et, en son sein, la France continue de vivre comme si rien n’avait changé. Alors que le chômage croit, que les retraites sont en grand danger, que les impôts augmentent et que le citoyen souffre et s’inquiète, les élus sont vent debout contre la réforme des collectivités locales, véritable gouffre de dépenses, parce que préoccupés de préserver leur poste.

01 juin 2010

Soupçons

Il s’agit d’un crime, sans conteste. Mais a-t-on le droit de se poser quelques questions sur les morts survenus en mer au large d’Israël ? Peut-on ressentir quelques réserves en face d’une indignation unanime et violente ? A-t-on le droit de constater qu’une fois de plus, à l’orée d’une négociation naissante, survient un incident qui torpille un fragile processus de paix? Ne peut-on se demander si, une fois de plus, les extrémistes radicaux n’ont pas remporté une victoire ? Ne peut-on soupçonner ces mêmes extrémistes d’avoir volontairement envoyé à la mort un certain nombre de citoyens, persuadés qu’ils étaient que la réaction d’Israël serait violente en face de la menace de réarmer le Hamas sous le couvert d’une opération humanitaire ? Est-il inconvenant de se demander pourquoi la réaction des militaires israéliens a été aussi violente si les passagers du bateau accosté n’étaient pas armés comme on le dit ? Comment se fait-il que deux soldats israéliens aient été blessés par balle par des gens soi-disant non armés ?Les militaires israéliens sont-ils si dépourvus de réflexion qu’ils ne pouvaient imaginer les réactions mondiales à la suite de ces assassinats ? Ont-ils été manipulés par un gouvernement hostile aux négociations que la communauté internationale cherche à lui imposer, par un gouvernement raidi dans une attitude intransigeante à cause des actes terroristes dont il est victime ? Cette région du monde est décidément la proie des extrémistes de tous bords. Et l’histoire nous a appris qu’il fallait se méfier des mouvements de foule.