Qui, plus que les magistrats, est censé respecter la loi ? Celle-ci stipule que le droit de grève n’existe pas pour ces deniers. Or, dans un mouvement corporatiste généralisé, un grand nombre de magistrats, faisant fi de la loi, se mettent en grève en refusant de s’occuper de dossiers qu’ils jugent eux-mêmes « non urgents ». Il est à craindre que les justiciables concernés n’aient pas la même appréciation ! La raison de cette forfaiture ? La responsabilité éventuelle des magistrats impliqués a été évoquée par le pouvoir exécutif lors de l’affaire dite « Laetitia » (une jeune fille est horriblement assassinée par un détenu dangereux relâché sans suivi judiciaire). Devant cette attitude irresponsable, deux réflexions viennent à l’esprit. Le pouvoir judiciaire serait-il le seul qui n’aurait aucun contre-pouvoir ? Qui se souvient de sanctions énoncées par le Conseil Supérieur de la Magistrature envers un de ses membres ? Pour mémoire, rappelons quelques « erreurs » qui sont restées sans suite pour la magistrature :
Monique Case : condamnée en 1965 et acquittée le 5 mai 1966 ;
Roland Agret : condamné en 1973, Paris, rejugé et acquitté en 1985 et réhabilité ;
Rida Daalouche : condamné en 1991 puis le 12 avril 1994, rejugé et acquitté le 8 mai 1999 ;
Jean Dehays : condamné en 1949, rejugé et acquitté en 1955.
Jean-Marie Devaux : condamné en 1963, rejugé et acquitté en 1969 ;
PatrickDils :1989, Montigny-lès-Metz (France) rejugé et acquitté en 2002 ;
Ce rappel n’est, certes, pas exhaustif. Enfin, on ne peut passer sous silence la scandaleuse affaire d’Outreau, dans laquelle le procureur Gérard Lesigne confie l’instruction au juge Burgaud, qui détruit la vie d’une quinzaine d’innocents, à jamais pour certains. Malgré une commission parlementaire qui a mis en évidence les manquements de l’instruction, menée uniquement à charge et sous influence, le Conseil Supérieur de la Magistrature n’a pris aucune sanction envers les magistrats en cause. Ces simples rappels devraient inciter les magistrats à plus de retenue dans la manifestation de leur mécontentement. Certes, la Justice manque de moyens. Mais, qui n’en manque pas ? Quand tous ceux qui expliquent leurs défaillances par le sempiternel manque de moyens comprendront-ils que le pays est en voie d’appauvrissement et qu’il devient indécent de refuser toute remise en cause par le seul argument des moyens insuffisants ? Quand comprendront-ils que nous n’avons pas d’autre issue que d’essayer de faire mieux, avant d’être contraint de faire seulement autant, avec moins de moyens ? Quand comprendront-ils que nous devons payer le fait d’avoir, depuis un demi-siècle, vécu au-dessus de nos moyens ? Quand comprendront-ils que nous ne pouvons pas reporter sans cesse et sans vergogne sur les générations futures la charge de payer ? La charge de la dette est de l’ordre de 50 milliards d’Euros, ce qui en fait le deuxième poste budgétaire de l’État après celui de l’Éducation Nationale qui atteint 60,5 milliards d’Euros. Peut-on suggérer au Syndicat de la Magistrature de négocier avec les syndicats de l’Éducation Nationale un transfert de moyens entre les budgets de la Justice et de l’Éducation Nationale ? Le spectacle risque d’être fort intéressant !
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