La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
14 février 2011
Révolte ou Révolution ?
L’allumette tunisienne a fait exploser la bombe égyptienne. Nous venons d’assister à une révolution populaire exemplaire, tellement importante que nous devons, nous autres occidentaux et particulièrement nous autres français, l’accompagner avec la plus grande attention. La civilisation égyptienne est vielle de six milles ans d’histoire. Elle a donné au monde quelques-unes de ses plus grandes pages d’histoire. C’est peut-être le poids de cette ancienneté séculaire qui explique la dignité et le courage avec lesquels les Égyptiens ont conduit leur révolution. Les Français devraient être particulièrement frappés et émus par le fait que la foule égyptienne de la place Tahrir a repris en chœur et en français la trilogie révolutionnaire des années 1790, liberté, égalité, fraternité ! Les Égyptiens ont ainsi fait comprendre la filiation de leur révolution avec la Révolution Française. Cela nous donne des devoirs. La France se doit d’être particulièrement attentive à l’évolution de la situation pour que cette révolution débouche, comme celle de 1789, sur une véritable démocratie et, pourquoi pas, sur une vraie République. La non-ingérence à laquelle font référence nos gouvernants, pour expliquer leur effacement pratiquement total durant les évènements, ne doit pas obérer le devoir de la France dans l’accompagnement discret, mais amical et efficace, de l’évolution à venir de la situation. En effet, les dangers existent que cette situation dérive vers des solutions dangereuses. Bien que son comportement fut, jusqu’à présent, exemplaire, il n’en reste pas moins que le pouvoir est aux mains de l’armée. Ce simple fait est déjà un accroc à la démocratie. De plus, cette armée est traversée de convictions très différentes car, comme le peuple égyptien, elle est constituée de citoyens de toutes croyances et nous ne pouvons être sûrs de son comportement à venir. Enfin, n’oublions pas que les Frères Musulmans restent, quoi qu’ils en disent, une hypothèque sur l’avenir. Des pays voyous comme l’Iran espèrent, et le font savoir, que l’islamisation radicale de la société égyptienne trouvera là le moyen de se développer. Il est indispensable que les occidentaux restent vigilants et trouvent les voies et moyens pour éviter ces dangers. Le peuple égyptien mérite de connaître la vraie liberté, celle de la démocratie laïque. Un certain nombre de signes sont inquiétants. Pourquoi des milliers de réfugiés fuient-ils la Tunisie vers l’Italie alors que le dictateur a pris la fuite, si ce n’est que parce que l’économie du pays s’effondre ? Pourquoi le portrait d’Hosni Moubarak a-t-il été remplacé par le nom d’Allah dans la salle de réunion des membres du gouvernement ? Pourquoi faut-il 6 mois aux militaires égyptiens pour rendre le pouvoir aux civils ? Avoir suspendu la constitution, dissous le Parlement et décidé de gouverner par décrets revient à donner les pleins pouvoirs aux militaires. Les jeux ne sont pas faits et il faut rester vigilant sans que le romantisme nous aveugle. Pour le moment, nous venons d’assister à la révolte des peuples. L’avenir dira bientôt s’il s’agit de révolutions.
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