La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
24 avril 2011
Téléonomie et systémique
Dans son dernier ouvrage « L’évolution vue par un botaniste », J.M. Pelt insiste sur une propriété des êtres vivants dans le monde botanique et qu’il appelle l’associativité. Cette propriété permet à un organisme formé de composants différents et associés d’avoir des propriétés nouvelles que ne possèdent pas ses composants. Pour les praticiens de la systémique, il y a là quelque chose de bien connu appelé « propriété émergente ». Un système, formé d’éléments en interaction les uns avec les autres, possède une (ou plusieurs) propriété(s) appelée(s) émergente(s) et que ne possèdent pas ses éléments constitutifs. Cette propriété des systèmes existe aussi bien dans le monde vivant que dans le monde des processus artificiels. Par exemple, le système complexe appelé ordinateur, possède des propriétés de calcul, de comparaison et de déduction que ne possède aucun de ses différents composants. Il en est de même dans le monde du vivant. Un être vivant, qu’il appartienne au monde animal ou au règne végétal, possède des propriétés que ne possèdent pas les cellules dont il est fait. Il existe cependant une grande différence entre le monde inerte et le monde du vivant. Cette différence tient dans une propriété que, seuls, possèdent les éléments élémentaires dont sont faits les êtres vivants. Cette propriété est ce que Jacques Monod a appelé la téléonomie (1989) (terme inventé par Colin S. Pittendrigh en 1958) : les êtres vivants se distinguent des autres structures (…) par cette propriété que nous appellerons la téléonomie. Les êtres vivants sont des objets doués d’un projet qu’ils représentent dans leur structure et qu’ils accomplissent dans leurs performances (Le hasard et la nécessité). Un microprocesseur n’est pas doté d’un projet spécifique et caractéristique de sa structure, alors qu’une cellule souche possède cette propriété remarquable d’engendrer des cellules spécialisées qui vont constituer un organe spécifique. Une cellule souche dite multipotente, issue d’une cellule totipotente, est engagée dans un projet (la morphogenèse) consistant à donner naissance à différents types de cellules spécifiques d’un organe. Aujourd’hui, nous ne faisons que constater le phénomène de l’organogenèse sans comprendre le comment profond du processus qui fait qu’une cellule indifférenciée, non seulement donne naissance aux cellules spécifiques d’un organisme, mais qu’elle se positionne dans l’embryon au juste endroit. Ainsi, on peut dire que « l’associativité » décrite par J.M. Pelt est une somme de systémique et de téléonomie. Constatons également que la téléonomie des cellules du vivant s’ajoute au nombre considérable de processus de la nature que nous ne comprenons pas.
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