La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
02 octobre 2011
Ouvrons les yeux
Les candidats à la candidature du Parti Socialiste nous exposent leurs propositions pour la France de demain. Nous avons entendu parler d’emplois jeunes, d’interdiction de licenciements, d’exonérations fiscales, d’emplois aidés, d’économie administrée, toutes choses que nous avons entendues et essayées depuis des décennies par tous les gouvernements. Il est quelque peu préoccupant de constater que les grands problèmes prioritaires du pays n’ont pas encore été abordés, sauf partiellement par Manuel Valls. Ces problèmes ne sont pas nombreux mais absolument majeurs. Tout d’abord la dette souveraine colossale qui peut, à terme, menacer la cohésion du pays à l’instar de ce qui se passe en Grèce. Ensuite, la désindustrialisation accélérée du pays et sa perte de compétitivité globale. Enfin, un système éducatif à bout de souffle qui ne trouvera pas son salut dans la simple embauche d’enseignants supplémentaires. S’attaquer à la dette, c’est faire disparaître le déficit budgétaire chronique depuis des dizaines d’années. Pour cela, il n’y a pas d’autre moyen que de réduire les dépenses de l’État et d’augmenter les recettes. La réduction des dépenses passe obligatoirement par une amélioration importante de l’administration nationale, c’est-à-dire faire mieux avec moins de personnel. Lorsque les syndicats prétextent que la réduction du nombre de fonctionnaires augmente le chômage, ils font une démonstration supplémentaire de leur sclérose intellectuelle (ils ne sont, hélas, pas les seuls !). Si la dette diminue, les intérêts de la dette payés chaque année, et qui sont devenus le premier poste budgétaire, vont diminuer en proportion ce qui donne des marges de manœuvre à l’État pour investir dans la modernisation du pays. Augmenter les recettes demande de mettre en place un système fiscal juste et performant qui sanctionne les enrichissements amoraux comme ceux qui découlent de la spéculation, de la fraude fiscale, des rémunérations indues. C’est aussi mettre en place les seules incitations fiscales qui vaillent, c’est-à-dire celles qui incitent les entreprises à investir elles-mêmes dans l’amélioration de leur compétitivité, seule voie possible pour rendre positive la balance des échanges commerciaux et, donc, réduire la dette. La désindustrialisation du pays, quant à elle, nous entraîne immanquablement vers un pays où le tourisme va devenir la principale ressource, ce qui est l’apanage des pays sous-développés. Cette désindustrialisation a une double cause : la faillite et la délocalisation des entreprises industrielles. La cause principale des faillites provient du fait que ces entreprises sont devenues incapables de lutter contre la concurrence internationale parce que leur différenciation est devenue insuffisante. Un pays développé comme la France ne peut trouver une différentiation sur les produits basiques car il ne peut gagner la guerre des prix face aux pays en voie de développement aux coûts de main-d’œuvre très inférieurs aux notres. La seule différenciation qui vaille est l’innovation qui donne aux produits et services proposés une avance technologique ou organisationnelle. Les incitations fiscales évoquées plus haut trouvent là une cible privilégiée. Mais pour que l’innovation retrouve droit de cité dans les entreprises, en particulier dans les PME, le système éducatif national doit être repensé dans toutes ses dimensions : organisation, compétences et motivation des enseignants, systèmes pédagogiques, relations avec la recherche et l’industrie, et ceci dans le primaire, le secondaire et le supérieur. La tâche est lourde et complexe, mais l’éviter serait la pire des erreurs. La solution magique n’est certainement pas de se contenter d’embaucher des enseignants supplémentaires.
Bien entendu, au-dessus de ces trois problèmes nationaux plane comme une menace le problème de l’Euro. Les candidats à la candidature n’ont pas encore dit un mot sur la façon de résoudre le problème de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande et bientôt peut-être de l’Italie. Ils n’ont pas encore dit un mot sur les relations franco-allemandes. C’est-à-dire sur la stratégie d’évitement de l’éclatement de l’Europe. Ouvrons les yeux : ces hommes et ces femmes sont-ils à la hauteur des problèmes qui vont s’imposer au futur Président de la République ? Rien n’est moins sûr.
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