La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
08 novembre 2011
La ronde des théories économiques
En 1776, Adam Smith fait paraître « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », ouvrage qui deviendra célèbre et dont certains économistes se réclament encore aujourd’hui. Dans cet ouvrage, A. Smith jette les bases du libéralisme, construit sur trois principes fondamentaux : la division du travail, la taille critique du marché, l’autorégulation des marchés (dit « la main invisible »). Cette théorie a encore aujourd’hui des adeptes, surtout dans le monde anglo-saxon. En 1936, John Maynard Keynes propose une autre explication du fonctionnement des économies du monde occidental. L’œuvre de Keynes fit l’objet de nombreuses interprétations, dont celle consistant à démontrer que la politique budgétaire et fiscale permettait au gouvernement de contrôler la conjoncture économique. Cela a conduit à considérer le déficit comme un outil classique de ce contrôle. Cette interprétation a conduit la plupart des gouvernements occidentaux à s’endetter au-delà du raisonnable et a fini par nous conduire à la crise actuelle. A la fin des années 40 et en réaction à cette théorie qui considère que la politique monétaire est inefficace, Milton Friedman fait paraître une théorie, connue aujourd’hui sous le nom de théorie monétariste, qui veut démontrer l’importance économique de la monnaie, la corrélation étroite entre l’inflation et le taux d’expansion monétaire, l’inefficacité des politiques gouvernementales de relance par l’emprunt, ce type de financement finissant par évincer un montant identique de dépenses privées.
Pendant la période que l’on a appelée « les trente glorieuses », les gouvernements, vraisemblablement poussés par la facilité, ont mis en œuvre une politique keynésienne en empruntant à taux nul auprès des Banques Centrales qui leur consentaient ainsi de simples avances. À partir du début des années 60 et sous l’influence des pays anglo-saxons et de l’Allemagne, très attachés à la théorie monétariste et de l’équilibre optimal des marchés obtenu grâce au taux d’intérêt, il fut interdit aux Banques Centrales de prêter directement aux États. Ceux-ci se sont donc retournés vers le secteur privé auprès duquel ils se sont endettés, avec intérêt, de manière excessive. La crise actuelle montre que la théorie de l’équilibre naturel des marchés, monétaires grâce à la variabilité du taux d’intérêt, ne fonctionne pas.
Nous sommes donc en présence de théories économiques fondamentales qui montrent toutes deux leur incapacité à prévoir l’évolution de l’économie. D’un côté, la théorie keynésienne a conduit les États à s’endetter de manière incontrôlée et à creuser une dette devenue insupportable. De l’autre, l’équilibre naturel et optimal des marchés monétaires de la théorie monétariste ne fonctionne pas. Sans compter la « main invisible » d’Adam Smith qui, visiblement, n’existe pas. Vive la science économique !
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