La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
27 novembre 2012
On patauge dans le potage
Décidément, l’époque actuelle tourne à la farce, dramatique à cause de la crise dans laquelle l’Europe s’enfonce inexorablement et des peuples qui en souffrent pendant que les acteurs financiers se gobergent. Où que l’on porte le regard, les politiques montrent leur incompétence, leur incapacité à se comporter en véritables hommes d’Etat, leur propension irréfragable à être obnubilés par leur réélection, ce qui les rend incapables d’une vision à long terme. La France, en la matière, est exemplaire. Nous assistons, médusés, à la farce ridicule jouée au sein de la droite, au frais du contribuable, entre deux prétendants aux futures élections présidentielles. S’étale au grand jour un vaste déballage mettant en lumière les pratiques douteuses des partis politiques. Nous entendons, consternés, avancer des arguments frisant les sommets du populisme brandissant les petits pains au chocolat et racolant dans le champ de l’extrême droite faute d’avoir de véritables idées. Nous voyons un grand parti politique exploser à cause de l’hubris exacerbé de deux de ses leaders qui sabotent l’intérêt général au nom de leur ambition personnelle. A gauche, la situation est à peine meilleure. Nous voyons une majorité gouvernementale dont une partie vote contre le gouvernement, main dans la main avec l’opposition. Les écologistes, enfermés dans des positions dogmatiques et d’un autre siècle, s’opposent à un gouvernement dont ils font partie. Ils sont accompagnés dans leur démagogie par les extrêmes, de droite et de gauche, qui versent dans un populisme effréné. Le gouvernement, figé dans des attitudes dogmatiques, augmentent les impôts des entreprises en supprimant la détaxation des heures supplémentaires au nom d’un anti-Sakozisme viscéral, puis crée un crédit d’impôt pour redonner d’une main ce qu’il a pris de l’autre, quitte à créer une usine à gaz dont on peut prévoir à l’avance de multiples disfonctionnements. Sidérés, nous voyons un ministre jouer les matamores dans les médias en insultant le leader mondial de l’industrie sidérurgique au lieu d’effectuer un travail sérieux, donc discret, avec les protagonistes de la filière sidérurgique au moment même où la désindustrialisation française prend une tournure dramatique. Dans le même temps, le Président de la République, oublieux qu’il n’est plus un chef de parti, se mélange les pinceaux dans ses déclarations sur le mariage homosexuel, la semaine scolaire, l’augmentation de la TVA, l’aéroport de Nantes … Prisonnier de ses imprudentes promesses électorales, il ment sciemment en mettant en exergue une réorientation de la politique économique de l’Europe au nom d’un pacte de croissance qui n’a aucune réalité. Par ailleurs, il est remarquable que les deux derniers Présidents de la Ve République aient maille à partir avec la justice ! Pendant ces temps de rigueur, les collectivités locales se lancent dans des dépenses princières en bureaux somptueux et en salaires d’un nombre grandissant de collaborateurs. Les responsables de ces collectivités étant députés par ailleurs, ils s’insurgent contre le non-cumul des mandats afin de préserver leurs prébendes. Le fumet délétère et nauséabond des IIIe et IVe Républiques se fait à nouveau sentir. Au niveau européen, la situation n’est pas meilleure. Les dirigeants politiques, qui se rencontrent régulièrement au sein d’un G20 où rien n’est décidé, restent empêtrés dans leurs égoïsmes nationaux (ma ristourne, mes subventions agricoles, mes fonds structurels !). Les voilà incapables de voter un budget pour l’Europe, en ayant pour seule perspective leur réélection. Les membres de l’Europe sont trop nombreux à cause d’un élargissement de l’Europe mené à la va-vite sans aucune réflexion sur l’avenir. C’est pourquoi l’aboulie mortifère règne au sein des instances dites décisionnelles (!) communes. Au niveau mondial, le diagnostic n’est pas plus réjouissant pour des raisons analogues. L’ONU est incapable d’arrêter les conflits dans un monde où ils se multiplient : RDC, Syrie, Palestine, Soudan, Mali, Tibet, Ouïgours du Xinjiang, Somalie. Les sommets mondiaux concernant le réchauffement climatique n’aboutissent jamais, sabotés d’avance par les égoïsmes nationaux. Devant une telle incompétence, un tel manque de capacité à réfléchir au-delà des petits intérêts personnels, comment s’étonner de voir se développer des nationalismes locaux séparatistes et irrationnels ! Le virus de la médiocrité se répand dans le monde politique comme le HIV s’est répandu sur la planète.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire