Aujourd’hui, je voudrais réfléchir sur le concept de grève. Je ne parle pas d’une étendue de sable, en général au bord de l’eau, mais de l’interruption « volontaire » du travail par les salariés. Et je vais me concentrer sur les grèves organisées par les syndicats. Déjà, cela restreint la réflexion aux seules grèves de fonctionnaires, car il est bien connu que les syndicats français ne représentent qu’une minorité de fonctionnaires. C’est d’ailleurs pourquoi, lorsqu’une grève dite nationale est lancée par un ou plusieurs syndicats, les représentants syndicaux font des efforts désespérés pour faire croire que le secteur privé est partie prenante, ce qui est faux, bien entendu.
Avez-vous remarqué le mot d’ordre à la mode : la défense du service public ? Mais qu’est-ce qu’un service public ? C’est un service rendu AU public. Et le meilleur service que l’on puisse rendre au public est de ne pas le priver du service en question. Ainsi, une grève au nom de la défense du Service Public est un parfait contresens.
Il faut savoir qu’à l’origine un service public était DÊLÊGUÊ à une entreprise qui recevait de l’Etat un dédommagement en contrepartie des contraintes imposées par la mission confiée. Ce dédommagement et la délégation de service public sont assujettis au respect du cahier des charges. Ce n’est que depuis 1945 que Service Public veut dire Entreprise publique + statut particulier des salariés de cette entreprise (statut de fonctionnaire ou assimilé). Aujourd’hui, les syndicats, au nom de la défense du service public, ne cherchent qu’à protéger le statut des fonctionnaires avec les privilèges considérables qui y sont attachés (garantie de l’emploi, montant des retraites atteignant pratiquement 100% du dernier salaire pour certains d’entre eux, age de la retraite avancé, etc…) Le CCAS - comité d’entreprise de l’EDF aux mains de la CGT - possède une richesse considérable qui permet de distribuer de très nombreux avantages aux salariés).
C’est la raison pour laquelle on voit se multiplier des grèves sans enjeux opérationnels comme les grèves à la RTM (Marseille, ville où la majorité des salariés sont fonctionnaires ou assimilés, détient le record national du nombre annuel de grèves), à la SNCF, à la RATP, à La Poste, etc…Dans les mots d’ordre de ces dernières grèves, ont été rajoutées en catastrophe des revendications secondaires à caractère professionnels pour camoufler le vrai caractère politique et corporatiste. Lorsque vous entendez crier le mot d’ordre « sauvez les services publics », il faut entendre « sauvez nos privilèges de garantie de l’emploi et de retraite ». On se demande d’ailleurs quel peut être l’accord recherché par les syndicats qui mettrait fin à la grève, puisqu’un engagement écrit du gouvernement est jugé insuffisant !
Les syndicats de la SNCF présente le projet de réorganisation par activités comme une menace de privatisation. En fait, il s’agit uniquement de mettre en place une organisation qui permette de mesurer l’efficacité de l’entreprise dans chacun de ses métiers. Outre le fait qu’il s’agit là du B-A-BA du management, il n’est pas difficile de comprendre que c’est justement ce contrôle de l’efficacité que craignent les syndicats. Il est certain que l’on se sent plus à l’aise dans un grand foutoir organisationnel où il est impossible d’identifier les gabegies !
Je voudrais faire remarquer que la dénonciation de la « privatisation » de l’EDF s’est accompagnée d’une souscription d’actions par environ 5 millions de particuliers dont les 2/3 du personnel de l’EDF ! Qui a peur de la privatisation ? Qui confond (ou fait semblant de confondre) augmentation de capital et privatisation ?
Il faut également s’interroger sur le fait que la CGT a refusé de signer l’accord sur la dernière augmentation de salaire et réclame aujourd’hui une augmentation du pouvoir d’achat. Les prochaines échéances électorales syndicales ne seraient-elles pas pour quelque chose dans les derniers mouvements de grève ?
On confond sous le vocable de service public des entreprises industrielles comme EDF et des services régaliens comme la police, la justice, l’éducation, la sécurité sociale ‡ tout service que l’usager paie autrement que par l’impôt devrait être soumis à la concurrence. C’est la seule façon d’obtenir une réelle efficacité au moindre coût … et le pays n’a plus d’argent.
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