Ce fruit, car c’en est un, est originaire d’Amérique du Sud, mais il s’est rapidement répandu dans le monde jusqu’à compter près de 15.000 variétés différentes. Différentes par la couleur, la taille, le poids du fruit et surtout, par le goût.
Mais voilà : est apparue la Grande Distribution, grande organisatrice de nos habitudes (inculquées) alimentaires. Il fallait que l’on puisse acheter les tomates aux endroits les plus reculés parce que les moins chers. Il fallait donc que les tomates supportent, sans « broncher », de longs transports tout en conservant la seule couleur qui, d’après les experts marketing de la même Grande Distribution, est la seule acceptée par les consommateurs, c’est-à-dire le rouge. Les semenciers se sont alors mis à l’œuvre avec l’acharnement et l’imagination qu’on leur connaît lorsqu’il s’agit de faire de l’argent « à tout prix » ! Le guide du savoir-faire de la sélection génétique en main, ils proposèrent très vite une espèce de tomate supportant très bien des voyages de trois semaines et rouge à souhait… et tant pis si ces tomates n’avaient plus de goût ! L’important était de susciter l’acte d’achat du consommateur devant une tomate bien ronde, bien rouge, bien ferme. Il est vrai que le goût ne se découvre qu’après l’achat ! Le résultat est que les 15.000 espèces naturelles ont été remplacées par une dizaine d’espèces industrielles. Mais le jeu n’est pas fini. Il faut aussi, pour rentabiliser les coûts marketing exorbitants investis par les semenciers, que le rendement à l’hectare soit le plus élevé possible. Donc : suppression de la culture de plein champ, dont le rendement est d’une vingtaine de tonnes à l’hectare, par les cultures hors sol en serres, dont le rendement peut atteindre (au Canada) 400 tonnes à l’hectare ! Il faut, cependant, encore polliniser les fleurs femelles. En plein champ, les abeilles et les papillons s’en chargent. Mais dans les serres ? Qu’à cela ne tienne ! Il suffit de construire de petites ruches en carton et d’y introduire des bourdons qui vont se charger de la pollinisation... Résultat : de belles tomates sans aucun goût mais « agréables » à l’œil et résistantes aux chocs et aux manipulations. Il reste cependant un problème : ces tomates « artificielles » ne comportent pas d’oligo-éléments, indispensables à notre santé. Encore une fois, qu’à cela ne tienne : il suffit d’aller acheter, au frais de la Sécurité Sociale, les médicaments contenant les oligo-éléments manquants. C’est pourquoi la même compagnie internationale possède, à la fois, un laboratoire pharmaceutique et une industrie de fabrication de semences industrielles ! La boucle est bouclée…
Nous sommes donc en présence d’un monde où toutes les tomates ont le même goût, c’est-à-dire qu’elles n’en ont plus. Qu’à cela ne tienne, une fois encore : l’INRA se lance dans la recherche de fabrication de goûts artificiels par sélection et manipulations génétiques, pour donner aux tomates industrielles le goût des tomates naturelles disparues !! On croit rêver.
Et, tant qu’à recréer un mode disparu, les semenciers font des recherches pour obtenir hors-sol des espèces de tomates ressemblant aux espèces naturelles disparues. Ces entreprises dépensent ainsi de fortunes pour créer des espèces artificielles ressemblant aux espèces naturelles qu’elles ont fait disparaître !!
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