L’émergence de nouveaux géants économiques sur une terre aux ressources limitées entraîne obligatoirement une redistribution des richesses : ces derniers s’enrichissent au détriment des pays occidentaux qui s’appauvrissent. Cet appauvrissement est plus ou moins visible selon les pays. Il est beaucoup plus manifeste en France qu’aux USA. Le chômage massif est le signe le plus visible de l’appauvrissement. Il faut y ajouter le nombre croissant de travailleurs pauvres, de SDF, de mal-logés, la désindustrialisation, l’endettement croissant. Malgré des différences transitoires, tous les pays occidentaux vont devoir accepter qu’une part de plus en plus grande de la richesse mondiale soit accaparée par des pays qui réclament leur juste part, avec, d’ailleurs, la complicité non avouée ces mêmes pays occidentaux. En effet, à la recherche de nouveaux marchés et entraînés dans leur propre concurrence, ces pays ont offert les transferts de technologies dans de nombreux domaines comme argument de vente. Aujourd’hui, les pays en développement utilisent ces technologies, obtenues pratiquement sans frais et sans investissements, avec des coûts sociaux moindres, ce qui leur procure un avantage concurrentiel considérable qui perdurera jusqu’au moment où leur développement sociétal sera analogue à celui de l’occident. Il y a là une explication partielle du fait que l’Afrique ne semble pas participer à ce mouvement de développement que l’on peut constater en Chine, aux Indes ou en Amérique du Sud. L’Afrique sub-saharienne a toujours été considérée comme un grenier de matières premières (et même de personnes physiques) et non pas comme un marché solvable. Les transferts technologiques n’ont pas eu lieu. Mais le mouvement est irréversible et il lui faudra plusieurs décennies pour déboucher sur un nouvel état d’équilibre. La question qui se pose est alors celle-ci : quel équilibre ?
Le monde occidental en général, et la France en particulier, est confronté au problème suivant : la société comportant un grand nombre de défavorisés, faut-il chercher à relancer la croissance économique à tout prix (c’est-à-dire avec tous les moyens possibles) pour faire reculer les niches de pauvreté ou faut-il anticiper l’avenir en orientant le processus économique vers un état d’équilibre moins ambitieux mais plus équitable ? En d’autres termes, faut-il relancer coûte que coûte la croissance ou faut-il gérer une décroissance ? Plutôt que d’évoquer une décroissance qui fait immédiatement penser à un recul par rapport à la situation existante, il est plus juste d’évoquer un ralentissement progressif de la croissance jusqu’à l’obtention d’un équilibre à croissance nulle ou presque. Il faudra abandonner le toujours plus pour le suffisant, remplacer le plus vite par le juste-à-temps, le plus puissant par le juste-utile,le jetable par le recyclable et le réutilisable, le maximum par l’optimum, autant de remises en cause qui touchent à notre façon de vivre et de concevoir le monde. Et ceci d’autant plus rapidement que l’environnement est en danger.
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