La France s’engage dans une politique de relance du pouvoir d’achat. Un certain nombre de mesures entreront en vigueur au cours de l’année prochaine. Que peut-on en attendre ?
La plus populaire de ces mesures sera, à n’en pas douter, l’indexation des loyers sur l’indice des prix et non plus sur l’indice de la construction. En effet, ce dernier suit une variation homothétique du coût en augmentation des matières premières en général et du pétrole en particulier. L’indice de la construction varie ainsi plus vite que celui des prix, encore que la tendance inflationniste actuelle tend à réduire l'écart. Les locataires vont donc, sinon gagner, du moins préserver une partie de leur pouvoir d’achat.Le pays y gagne-t-il globalement. Certainement pas. Il s’agit d’un transfert de pouvoir d’achat des propriétaires vers les locataires. C’est une mesure qui peut se justifier socialement mais dont l’impact économique restera minime. Toujours dans le domaine de la location, la garantie demandée aux futurs locataires sera réduite de moitié. Là aussi, le bénéfice de cette mesure bénificie au pouvoir d’achat des locataires qui pourront utiliser la somme économisée en consommation. En raisonnant un peu plus loin, les avantages de cette mesure apparaissent limités. En effet, les sommes versées aux propriétaires à titre de garantie étaient destinées normalement à l’épargne, cette dernière bénéficiant à l’investissement par l’intermédiaire du secteur bancaire (en dehors de l’épargne « matelas »). La réduction de la garantie a donc un impact positif sur la consommation mais négatif sur l’investissement.
Ensuite, le combat contre les 35 heures se poursuit en autorisant les entreprises à remettre cette durée du travail en cause avec l’accord avec les partenaires sociaux. Dans une entreprise où la durée légale est de 35 heures et où les salariés travaillent 39 heures, ces derniers reçoivent le versement de 4 heures supplémentaires payées 25% de plus. Si dans cette même entreprise, la durée du travail passe contractuellement de 35 à 39 heures, la différence de quatre heures sera alors payée au tarif des heures normales. Il n’y a pas de gain de pouvoir d’achat pour les salariés, même s’il y a une amélioration de la compétitivité de l’entreprise. De plus, l’allongement de la durée du travail n’a de sens que si elle correspond à un besoin de l’entreprise, c’est-à-dire à une augmentation de son chiffre d’affaires correspondant à une augmentation de sa part de marché. Il est certain que les 35 heures ont lourdement pesé sur l’évolution des salaires. Mais leur remise en cause, voire leur suppression, mettra longtemps à avoir un impact favorable : couper un arbre est beaucoup plus rapide que de le laisser croître !
Il faudrait impérativement remplacer le slogan « travailler plus pour gagner plus » par « trouver des marchés qui permettront de travailler davantage ». Et cela veut dire que la seule véritable solution économique repose sur une politique de l’offre et non pas de la demande.
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