Les manifestations étudiantes et lycéennes se multiplient. Les journalistes, dopés au sensationnel, n’omettent jamais, lorsqu’ils interrogent les manifestants, de poser la question de Mai 68. Et bien sûr les jeunes, emportés par le côté romantique existant dans toute manifestation, approuvent vivement. Il est tellement valorisant de rattacher leurs revendications à celles d’un mouvement devenu une sorte de référence protestataire. Pourtant, qui ne voit pas que ce rapprochement est totalement injustifié. Tout d’abord, les aspirations et les revendications des étudiants de Mai 68 étaient, avant tout sociétales et les mouvements protestataires revendiquaient des changements profonds dans une société où l’autoritarisme avait remplacé l’autorité, où le mandarinat avait remplacé la compétence, où la censure avait remplacé la libre information, où la télévision était d’État, où la liberté sexuelle était un rêve inaccessible. Aujourd’hui, les revendications estudiantines portent sur le nombre d’enseignants, la difficulté de logement, la cherté de la vie, le risque de chômage. C’est-à-dire qu’en 68, on a assisté à la course des enseignants paniqués derrière les revendications des étudiants, alors qu’aujourd’hui, ce sont les étudiants qui font du suivisme des revendications des syndicats de l’Éducation Nationale. Hier, les étudiants clamaient leur volonté de liberté, aujourd’hui ils réclament des moyens. En 1968, les mouvements étudiants étaient internationaux car ils ont eu lieu dans le monde entier, en 2008 ils sont franchouillards. Mai 68 était un conflit en grande partie générationnel et sociétal. Les manifestations d’aujourd’hui ont perdu le rêve et sont purement matérialistes. Peut-être cela est-il dû au fait que 1968 est deux fois plus proche de 1936 que 2008 ne l’est de 1968 ? Étant de ce type, elles se heurteront au problème incontournable de la situation actuelle : la France est devenue pauvre. Le dernier slogan de l’UNEF est révélateur de l’état d’esprit qui règne dans le milieu étudiant : la réussite est un droit !! Tous fonctionnaires !! En 1968, un slogan disait « La France s’ennuie », aujourd’hui la France est angoissée.
Il n’y a aucun risque que naisse un nouveau Cohn Bendit.
Il ne faut pas oublier qu'en Allemagne, les étudiants se sont révoltés contre une société qui portait au gouvernement des anciens nazis. Aux USA, les étudiants se sont révoltés contre la guerre du Viet-Nam et les bombes au napalm. En Tchécoslovaquie, les étudiants se battaient à Prague jusqu'à l'immolation par le feu pour leur liberté. En France, les étudiants ont mené une révolte romantique et bourgeoise.
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