L’élévation de la température moyenne n’a fluctué que de 0,2 degré entre l'an mille et la fin du XIXe siècle, alors qu’elle est en augmentation de 0,6 degré depuis la fin du XIXe siècle. La Terre se réchauffe donc et comme la température de la Terre est beaucoup plus basse que celle du Soleil, notre planète réémet cette énergie sous forme de rayonnement infrarouge. Or, certains gaz de l'atmosphère comme le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d'azote, bien que transparents dans le domaine visible, sont opaques à la lumière infrarouge, ce qui empêche la diffusion de cette énergie thermique dans l’espace et la confine en dessous de l’atmosphère terrestre, provoquant cette augmentation de la température. La concentration du dioxyde de carbone dans l'atmosphère a augmenté de 30% depuis le début de l'ère industrielle. Si tout le monde s’accorde pour dire que réchauffement climatique est une réalité, la controverse existe sur les causes de ce réchauffement et parfois même sur les conséquences. L’essentiel du problème vient du fait que le processus est systémique, c’est-à-dire qu’il est pratiquement impossible d’isoler un effet particulier pour en étudier les effets directs. Il est impossible de comprendre le fonctionnement du corps humain sans prendre en compte la totalité des différents sous-systèmes dont il est composé : système nerveux, système sanguin, système musculaire, système respiratoire, etc …
Le système climatique comporte un très grand nombre de variables et de paramètres, ce qui le rend complexe (ne pas confondre complexe et compliqué). La complexité d’un système se mesure globalement, non seulement au nombre de paramètres entrant en jeu mais aussi, et surtout, au nombre d’interactions entre ces paramètres. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que l’industrialisation entraîne une augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère qui provoque ainsi une augmentation de l’effet de serre, c’est-à-dire une augmentation de la température moyenne. Ce réchauffement de l’atmosphère est la cause de celui des océans dont le niveau augmente par simple effet de dilatation thermique d’une dizaine de centimètres. Ce chiffre peut sembler bien faible, mais il est suffisant pour, dés aujourd’hui, mettre en danger les populations des îles du Pacifique et des régions de deltas fluviaux. Des mouvements de population sont donc prévisibles sans que l’on en connaisse vraiment toutes les conséquences. Il existe bien d’autres exemples de ces cycles systémiques intérieurs au système climatique. Par exemple, la cupidité humaine et l’augmentation de la population mondiale sont les causes partielles de la déforestation galopante entraînant une diminution de l’absorption carbonique de la végétation et donc une augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère aggravée par la combustion des bois. L’augmentation de la température atmosphérique résultante provoque un réchauffement des permafrosts, pièges de l’hydrate de méthane instable au réchauffement, dont le dégazage du méthane (CH4) produit un gaz à effet de serre beaucoup plus important que celui du gaz carbonique. De même, l’augmentation de la température provoquant celle des océans est la cause de la fonte des calottes glaciaires aggravant la montée de leur niveau moyen, diminuant la réflexion thermique (l’albédo) vers la haute atmosphère ce qui renforce encore l’effet de serre. La quantité de glace d’eau douce de l'Antarctique, déversée dans les mers, a augmenté de 75% durant les dix dernières années. L’augmentation de la température des océans est vraisemblablement la cause de l’aggravation du phénomène El Nino qui provoque à la fois la perturbation des vents alizés, sécheresses et inondations alternativement en Australie et au Pérou, phénomènes qui entraînent une réduction de la production agricole dans certaines zones de la planète, cause de famine grave. La sécheresse de plus en plus prononcée de zones peuplées entraîne une surconsommation des eaux souterraines pour les besoins d’une irrigation qui s’accompagne d’une utilisation intensive d’intrants chimiques accentuant ainsi la pollution des nappes phréatiques. Cette augmentation de la température des océans est aussi la cause de la mort des coraux formant barrière de certains atolls contre l’assaut des vagues océanes, menaçant ces îlots dont certains sont peuplés de disparition totale. Elle entraîne également celle de l’évaporation des eaux océanes d’où une amplification des précipitations qui provoque un ravinement des terres arables aggravant la réduction de certaines productions agricoles et l’apparition des famines. L’océan est un très important absorbeur de gaz carbonique, mais à condition que la température des couches d’eau superficielles ne soit pas trop élevée. Le réchauffement océanique provoque donc une diminution de cette absorption de CO2 qui se concentre donc dans l’atmosphère.Ce même réchauffement, associé à la fonte de la glace d’eau douce de la calotte glaciaire du Groenland, a une autre conséquence : celle du ralentissement de la circulation thermoaline, c’est-à-dire de la circulation des eaux froides profondes des océans, cause principale de la circulation générale des courants marins. Le risque encouru est un ralentissement de ces courants, donc du Gulf Stream qui en fait partie, avec toutes les conséquences climatiques que l’on peut imaginer sur la partie occidentale de l’Europe dont le climat est tempéré grâce à ce courant. Certains pays, en Amérique latine, ne doivent leur eau potable qu’aux glaciers. Le recul de ceux-ci est une grave menace pour ces populations. Enfin, ce réchauffement des eaux océanes provoque la disparition du phytoplancton, donc celle du zooplancton et, par conséquent, a des répercussions importantes sur l’ensemble de la chaîne alimentaire halieutique (comme les requins ou la morue) et terrestre (comme l’ours blanc). La désertification de certaines zones de pêche a déjà provoqué des confrontations entre les flottes de pêche nationales. Ceci ira en s’aggravant.
Tous ces exemples d’interactions ne couvrent pas la totalité du problème. Il faut également tenir compte de paramètres telles l’augmentation de la population urbaine, l’imperméabilisation des sols, l’augmentation des précipitations et des phénomènes cycloniques, de l’effet du gaz carbonique sur la croissance de la végétation, l’activité solaire, etc… Enfin, ce qui complique encore la situation est l’existence de rétroactions positives comme l’abaissement possible des températures de l’Europe de l’Ouest dû au ralentissement du Gulf Stream, la croissance accrue des végétaux par absorption de gaz carbonique abondant, augmentant ainsi l’importance du puit de carbone que représente la forêt. La déforestation accroît les surfaces cultivables, permettant de réduire les risques de famine. L’ensemble du processus est donc extrêmement complexe et les avis tranchés en la matière sont parfaitement présomptueux.
Les experts péremptoires devraient faire preuve de davantage de modestie et s’imbiber de la science systémique.
Un oranger sur le sol irlandais, on ne le verra jamais.
Un jour de neige embaumé de lilas, jamais on ne le verra.
C’est ce que dit la chanson, mais rien n’est moins sûr…
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