Un point sur lequel il semble y avoir consensus est que la crise dans laquelle nous entrons est tellement grave qu’il faut absolument prendre des mesures économiques urgentes et fortes. Mais quelles mesures ? Comme souvent, en économie, deux visions s’affrontent : le développement par la consommation ou par l’investissement. La première consiste à prendre des mesures qui accroissent le pouvoir d’achat, essentiellement par des augmentations de salaires, dans l’espoir que la relance de la consommation ait un effet important sur la demande, provoquant ainsi une relance de la production et de l’économie dans son ensemble. C’est le crédo de la gauche et des syndicats depuis des décennies. Tout développement économique ne peut se faire que par l’augmentation des salaires. C’est le discours que l’on entend à l’envi depuis que la gauche est dans l'opposition. Certes, c’est une attitude qui satisfait le plus grand nombre, donc assez démagogique, car quel salarié refuserait une augmentation de salaire ? Encore une fois, cette attitude évoque le cas de l’épicier qui, pour accroître son pouvoir d’achat, se vend à lui-même davantage de ses propres produits. Il en est de même pour le pays tout entier. Comment la France pourrait-elle s’enrichir globalement si elle se contente de se vendre à elle-même ce qu’elle produit ? De plus, l’état actuel de la balance des paiements montre que les importations l’emportent fortement sur les exportations, c’est-à-dire qu’une partie du pouvoir d’achat des Français sert à enrichir les pays étrangers en achetant leurs produits. Qui ne voit pas que les rayons des magasins sont envahis par des produits estampillés « made in Taïwan » ou « made in China » ? La relance par la consommation intérieure revient à améliorer la balance commerciale de ces pays. Pour que l’état économique de la France s’améliore, il faut nécessairement que les exportations surpassent les importations, comme pour l’épicier qui ne peut s’enrichir que s’il a davantage de clients. Et que faut-il pour revitaliser les exportations ? Il faut que ce que le monde achète ce que fabrique la France. C’est ce que l’on nomme l’amélioration de la compétitivité de l’économie française. Améliorer cette compétitivité impose que les produits français soient attractifs par leur nouveauté, leur qualité, leurs performances beaucoup plus que par leur prix, terrain sur lequel la France n’a aucune chance de l’emporter en face des pays émergents. Il faut donc que l’offre des entreprises françaises s’améliore de façon importante dans de nombreux domaines, c’est-à-dire qu’elles investissent largement dans la recherche et le développement. Sans cet effort important d’investissement, les faillites vont inexorablement se multiplier, faisant exploser le chômage car, n’en déplaise aux syndicats, il n’y a pas d’emplois sans entreprises. La relance par la consommation a, certes, un impact immédiat mais rapidement annulé par l’inflation. La relance par l’investissement est durable, mais il faut du temps pour que l’effet en soit visible. C’est là le nœud du problème actuel car la crise est tellement profonde que l’urgence des mesures à prendre est devenue manifeste. Comment sortir de cette aporie et concilier la nécessité de mettre en œuvre des mesures à effet rapide mais qui perdure suffisamment longtemps pour asseoir l’économie française sur des bases pérennes ?
On va donc entendre la droite réclamer à grands cris des mesures pour les entreprises et la gauche clamer qu’il n’y a pas de salut sans augmentation immédiate des salaires. Il est à craindre que l’imagination constructive n’ait abandonné le monde politique.
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