La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
19 mars 2009
Indignation et préservatif
L’objectivité est fragile lorsque l’émotion est présente. L’indignation unanime suscitée par les déclarations papales concernant l’utilisation du préservatif brouille la compréhension du discours. Comprendre ne veut pas dire être d’accord, mais refuser sans comprendre est faire preuve d’aveuglement. Lorsque le pape condamne le préservatif, il ne fait que répéter, sans surprise, la position de l’Église catholique. Ce n’est pas la première fois que celle-ci se trouve en décalage avec la société ou la science. Il lui a fallu plusieurs siècles pour abandonner le créationnisme, encore qu’il subsiste des adeptes de cette ineptie. Cette posture de l’Église est donc réactionnaire et rétrograde. Mais l’indignation ne vient pas vraiment de ce refus. Tous ceux qui s’insurgent, stigmatisent l’affirmation papale soulignant que l’utilisation du préservatif aggrave la propagation du sida. À première vue, cette déclaration heurte le sens commun. C’est oublier que le pape est un intellectuel, vraisemblablement coupé des contingences ordinaires, enfermé dans son univers des idées, ce qui lui a déjà valu des déclarations critiquables et critiquées. En fait, en soutenant cette idée, le pape ne fait qu’affirmer une fois de plus, que la seule issue acceptable pour l’Église est la fidélité conjugale et l’abstinence. Benoît XVI s’élève contre l’existence même du préservatif car il y voit une facilité pour déroger, sans risque, à la loi de l’Église. Et c’est cela qu’il condamne en disant que le préservatif aggrave la situation. Ce qu’il n’accepte pas, c’est la supposée facilité, et donc la vraisemblable tentation, poussant à l’infidélité, source de la maladie. On peut ne pas être d’accord avec cette opinion, mais on ne peut pas reprocher au pape d’être en pleine conformité avec les lois de l’Église catholique. Ce que l’on peut regretter, à juste titre, est qu’il faille tant de temps à l’Église pour s’accorder avec son siècle. Quand comprendra-t-elle que le dogme n’est pas légitime lorsqu’il va à l’encontre de la lutte pour la vie et quand prendra-t-elle conscience de l’aporie existant dans la condamnation de l’avortement au prétexte de préserver la vie et celle du préservatif au risque de mettre cette même vie en péril ? Peut-être le pape ne sait-il pas que le sida a fait 25 millions de morts ? Il serait temps qu'il s'informe...
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