Monsieur le Président,
Vous avez montré un dynamisme certain au début d’une crise financière ayant mis en péril de système bancaire mondial. Vous avez été un acteur essentiel du G20 où ont été prises des décisions concernant ce secteur. Pourtant, aujourd’hui, il faut bien constater que la cible a été manquée. En effet, alors que l’activité économique peine à trouver un début de redémarrage et où le chômage continue d’augmenter, nous assistons à une restauration de l’activité bancaire qui frise la provocation. Cela montre, de façon irréfragable, que l’activité financière des banques (en dehors de la gestion des dépôts et des prêts aux entreprises) est complètement déconnectée de l’activité économique réelle. On peut donc se poser légitimement la question de son utilité. Réduire ou encadrer les bonus des traders ou les émoluments des managers du secteur financier ne sert à rien pour empêcher qu’une crise analogue à celle que nous avons connue ne se reproduise de façon encore plus dramatique. En effet, le problème est ailleurs. Les banques se sont livrées à des activités spéculatives de plus en plus risquées et ont inventé la titrisation pour diluer le risque et le rendre invisible. Et lorsque l’on prend, de façon répétée, un risque devenu non mesurable, il est statistiquement démontrable que ce risque sera avéré un jour ou l’autre. C’est ce qui s’est produit et c’est ce qui est entrain de recommencer. Les banques proposent à leurs clients, à la place des produits toxiques telles les subprimes, des produits nouveaux nommés « structurés » qui sont tout aussi risqués et donc toxiques que les précédents. Ce qui vient de se passer encourage d’ailleurs les banques à se lancer dans une spéculation frénétique puisqu’elles sont assurées maintenant que le contribuable viendra les sauver en cas de crise ! Pourquoi se gêner lorsque les bénéfices sont privés et les pertes publiques. La rapidité avec laquelle les banques remboursent le prêt que les États leur ont consenti est le signe d’une volonté de se débarrasser de toute tutelle publique pour pouvoir recommencer leurs anciennes activités. Ce n’est donc pas les rémunérations qu’il faut encadrer (il suffit de les imposer) mais ce sont les activités spéculatives qu’il faut encadrer de façon drastique, voire interdire. Ne pas le faire est le signe que le pouvoir de l’État est de peu de poids devant le lobby financier.
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