Qu’y a-t-il de commun entre le référendum irlandais de cette semaine et l’Éducation Nationale Française ? A priori, rien. Pourtant, lorsque l’on regarde de plus près, on trouve entre ces deux éléments une même conception du monde des hommes. En effet, le référendum irlandais a donné une victoire indiscutable au OUI au traité de Lisbonne avec des résultats inverses de ceux qui avaient donné la victoire au NON il y a un an environ. À quoi est dû ce renversement ? Serait-ce que les Irlandais seraient brusquement devenus europhiles ? Trouveraient-ils, enfin, dans le projet européen, un avenir enthousiasmant ? La réalité est tout autre et beaucoup plus prosaïque. La crise économique qui vient de s’abattre sur le monde est la cause réelle de ce retournement. L’Irlande a pratiqué pendant des années un dumping fiscal éhonté en abaissant le taux d’imposition sur les sociétés de 50% à 12,5 % afin d’attirer sur son sol un maximum d’entreprises tentées par la délocalisation. Mais la mondialisation d’une économie malade a mis ces entreprises en grandes difficultés comme toutes les autres. Le dumping fiscal ne mets pas à l’abri de la récession mondiale. La conséquence immédiate est une chute spectaculaire de l’activité économique irlandaise qui recule de 12% entre 2008 et 2010, un recul du PIB de 7% en 2009 et une très importante augmentation du chômage. Atteints au portefeuille, les Irlandais découvrent alors les bienfaits d’une Europe à laquelle, non contents d’avoir obtenus des dérogations illégitimes aux règles communes, ils pourraient demander de les protéger des difficultés soudaines par un soutien financier salvateur. Après les europhiles, les europhobes et les eurosceptiques, voilà les europportunistes ! L’argent et la peur sont le seul moteur de ce revirement soudain.
Quel rapport avec l’Éducation Nationale Française, direz-vous ? Celle-ci vient de lancer une expérimentation qui laisse pantois. Dans certains établissements, minés par un absentéisme anarchique des élèves, il est mis en place un système qui vise à récompenser les élèves les plus assidus par un mécanisme pécuniaire. Une classe qui verrait son taux d’absentéisme diminuer de façon appréciable se verrait affectée une somme d’argent destinée à financer une récompense commune à toute la classe. L’argent devient ainsi le moteur de la motivation des élèves. Jusqu’à présent, on pouvait croire que l’envie des élèves à suivre leurs cours se nourrissait de la capacité de leurs professeurs à les intéresser, voire à les passionner ! On pouvait croire que la motivation désintéressée des professeurs trouvait ses racines dans la passion de la transmission du savoir ! Naïfs que nous étions ! L’argent est le seul nerf de la guerre ! Personne n’oserait mettre en cause la pédagogie du professeur et sa capacité à passionner ses élèves. Le plus navrant, dans cette histoire, est que cette carotte pécuniaire risque d’être efficace.
S’invertir dans un projet d’avenir, l’Europe pour les Irlandais et la vie pour les élèves, devient secondaire et, seul, à l’image des traders qui ont plongé le monde dans la débâcle, le bénéfice financier immédiat a de l’importance. Vénalité, quand tu nous tiens !!
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