La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
21 octobre 2009
Il n’y a pas de dessein intelligent
Pendant près de 1800 ans, la pensée Aristotélicienne (384-322 Av.JC) s’est imposée au monde, malgré quelques intuitions fulgurantes mais vite oubliées comme celle d’Anaximandre (VIe Av.JC) et de l’infinitude de l’Univers ou d’Aristarque (310-230 Av.JC) et de l’héliocentrisme. Cette description d’un monde centré sur la Terre, c’est-à-dire sur l’Homme, s’est perpétuée jusqu’à Ptolémée (127-151) qui l’a doté du mécanisme sophistiqué des épicycles, lui donnant ainsi des lois qui faisaient de l’Homme le centre de l’Univers, autour duquel tout s’organise. Puis vint Copernic (1473-1543) qui, construisant une vision héliocentrique, repoussait l’homme à la périphérie d’un monde fini ayant le Soleil pour centre et principe organisateur. Puis le perfectionnement des outils d’observation permit à Galilée de comprendre que nous faisions partie d’un vaste ensemble appelé la Voie Lactée, repoussant ainsi le Soleil et son cortège de planètes, dont la Terre et l’Homme, dans la grande banlieue du monde. C’était porter injure à la création divine dont le grand dessein s’incarne dans l’Homme, centre et maître de l’Univers. L’Église ne pouvait que s’insurger contre une telle construction et força Galilée à se renier. Kepler (1571-1630) et Newton (1642-1727) donnent alors au monde ses lois qui envoient dans l’oubli les épicycles de Ptolémée. Puis, l’observation minutieuse du ciel, s’appuyant sur celles de Tycho Brahé (1546-1601), dévoile l’impensable : la plupart des étoiles n’en sont pas, mais sont, en fait, des organisations galactiques analogues à la Voie Lactée. Giordano Bruno en déduit un Univers infini qui renvoie définitivement aux oubliettes de l’histoire le modèle d’Aristote. L’homme se voit alors relégué à la périphérie d’une galaxie, près d’une étoile secondaire parmi des milliards d’étoiles, elle-même perdue au milieu d’une centaine de milliards d’autres galaxies. L’Univers est non seulement infini, mais il n’a pas de centre. Bien entendu, Giordano Bruno sera brûlé vif sur ordre d’une Église qui ne supporte pas que l’Homme soit devenu un « accident » perdu dans une immensité qui vit la loi des grands nombres et qui laisse penser que la vie n’est pas l’apanage de la seule Terre. Le cosmos est traversé, en permanence, de corps voyageurs dont certains, en grand nombre, ont bombardé la Terre, apportant avec eux les semences de la vie (la panspermie). Comment peut-on croire un seul instant que, seule, la Terre ait eu le privilège de cet ensemencement ? Il y a plus d’une centaine de milliards de galaxies, chacune contenant une centaine de milliards d’étoiles. De tels nombres donnent le vertige. La vie ne peut être qu’un phénomène banal du cosmos. Rien, plus rien, ne distingue la Terre des autres corps de l’Univers et, même si l’apparition de la vie est une suite invraisemblable d’évènements improbables, tout laisse à penser que d’autres planètes vivent, ou ont vécu, une histoire analogue. La Terre, et l’homme sur la Terre, n’ont rien d’exceptionnel et ne peuvent relever ni d’un destin choisi ni d’un « dessein intelligent ». L’Homme a émergé par hasard dans l’immensité indifférente de l’Univers.
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