
La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
29 mars 2009
Le bouclier de la discorde

28 mars 2009
Perseverare diabolicum

25 mars 2009
Hypocrisie ou ignorance ?

24 mars 2009
De la hiérarchie des questions

23 mars 2009
Aveuglement
Nous venons d’assister à un événement stupéfiant sans qu’il n’ait reçu l’écho qu’il mérite. En effet, devant l’attitude invraisemblable des dirigeants américains d’AIG – qui s’octroient des bonus monstrueux alors qu’ils sont en partie responsables de la crise mondiale actuelle – les démocrates et les républicains du Congrès ont voté, presque immédiatement et ensemble, une loi confiscatoire de ces primes. Ce qu’il y a de surprenant dans ce fait est, d’une part, qu’une telle loi soit votée en quelques jours dans un pays où le libéralisme capitaliste est une religion et, d’autre part et surtout, que cette loi soit votée par la majorité et l’opposition dans un même mouvement d’indignation civique et pour le bien commun. On rêve de voir enfin, en France, une majorité et une opposition parlementaires travailler de conserve pour sortir le pays de la crise profonde où il s’enfonce, en faisant fi de leurs divergences idéologiques et polémiques. Quels drames faut-il qu’il advienne pour que les hommes politiques unissent leurs forces et leur intelligence (si elle existe !) et pour qu’ils consentent à oublier un moment leurs préoccupations électorales à court terme et à courte vue ? Mais les socialistes préfèrent polémiquer sur un bouclier fiscal dont l’enjeu atteint difficilement quelques millions d’Euros (alors que la perte d’activité nationale est prévue à hauteur de 45 milliards d’Euros environ !) et utiliser ce prétexte pour s’opposer au gouvernement, alors que l’État s’est endetté de plusieurs dizaines de milliards pour tenter de ralentir les effets de la crise. Pourquoi, si le consensus est à ce prix, le gouvernement ne prend-il pas en considération les critiques de l’opposition ? Pourquoi majorité et opposition n’arrivent-elles pas à se mettre d’accord sur le diagnostic et sur la meilleure stratégie à mettre en œuvre ? Pendant que les arrière-pensées fleurissent dans le monde politique et obèrent les chances de succès, les drames se multiplient dans le monde ordinaire du peuple qui entend un discours préfabriqué et polémique dans lequel les « petites phrases » prennent plus de place que les idées.
19 mars 2009
Indignation et préservatif
L’objectivité est fragile lorsque l’émotion est présente. L’indignation unanime suscitée par les déclarations papales concernant l’utilisation du préservatif brouille la compréhension du discours. Comprendre ne veut pas dire être d’accord, mais refuser sans comprendre est faire preuve d’aveuglement. Lorsque le pape condamne le préservatif, il ne fait que répéter, sans surprise, la position de l’Église catholique. Ce n’est pas la première fois que celle-ci se trouve en décalage avec la société ou la science. Il lui a fallu plusieurs siècles pour abandonner le créationnisme, encore qu’il subsiste des adeptes de cette ineptie. Cette posture de l’Église est donc réactionnaire et rétrograde. Mais l’indignation ne vient pas vraiment de ce refus. Tous ceux qui s’insurgent, stigmatisent l’affirmation papale soulignant que l’utilisation du préservatif aggrave la propagation du sida. À première vue, cette déclaration heurte le sens commun. C’est oublier que le pape est un intellectuel, vraisemblablement coupé des contingences ordinaires, enfermé dans son univers des idées, ce qui lui a déjà valu des déclarations critiquables et critiquées. En fait, en soutenant cette idée, le pape ne fait qu’affirmer une fois de plus, que la seule issue acceptable pour l’Église est la fidélité conjugale et l’abstinence. Benoît XVI s’élève contre l’existence même du préservatif car il y voit une facilité pour déroger, sans risque, à la loi de l’Église. Et c’est cela qu’il condamne en disant que le préservatif aggrave la situation. Ce qu’il n’accepte pas, c’est la supposée facilité, et donc la vraisemblable tentation, poussant à l’infidélité, source de la maladie. On peut ne pas être d’accord avec cette opinion, mais on ne peut pas reprocher au pape d’être en pleine conformité avec les lois de l’Église catholique. Ce que l’on peut regretter, à juste titre, est qu’il faille tant de temps à l’Église pour s’accorder avec son siècle. Quand comprendra-t-elle que le dogme n’est pas légitime lorsqu’il va à l’encontre de la lutte pour la vie et quand prendra-t-elle conscience de l’aporie existant dans la condamnation de l’avortement au prétexte de préserver la vie et celle du préservatif au risque de mettre cette même vie en péril ? Peut-être le pape ne sait-il pas que le sida a fait 25 millions de morts ? Il serait temps qu'il s'informe...
13 mars 2009
Dedans ou dehors ?

Son retrait du commandement intégré n’a pas empêché la France de participer à toutes les opérations menées par l’OTAN lorsque cet organisme a fait appel à elle, sans pouvoir participer aux choix du commandement puisqu’elle s’en est retirée : Bosnie, Kosovo, Macédoine, Afghanistan. Il n’y a guère qu’en Irak où la France a pris une position différente. De plus, la participation de l’Allemagne au commandement de l’OTAN n’a pas empêché celle-ci de refuser de participer à la guerre en Irak. Depuis l’effondrement de l’URSS, le bipolarisme a cédé la place à un multilatéralisme de fait, ce que prévoyait le Général De Gaulle. C’est-à-dire qu’une moitié des raisons du retrait de la France a aujourd’hui disparu. Reste l’arme nucléaire française. Là se situe le vrai problème posé par l’éventuelle réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Il serait inadmissible que l’utilisation de la force de frappe française ne dépende pas exclusivement du Président de La République Française qui est le chef suprême des armées. Y a-t-il vraiment un risque ? Cela n’est pas crédible.
Mais, au fait, quelle est la mission de l’OTAN aujourd’hui, le Pacte de Varsovie ayant vécu ?
10 mars 2009
La corporation des élus

08 mars 2009
Incertitude infinie

Cependant, de tout temps, certains hommes ont cherché à comprendre ce monde en tournant leur regard vers les étoiles. Son infinitude a toujours été une interrogation, mais surtout une difficile appréhension. Déjà, au VIème siècle avant notre ère, Anaximandre de Miles évoquait l’Apeiron, illimité et éternel, réceptacle du mondes clos des hommes. Un siècle plus tard, en écho à Parménide évoquant un monde fini, « comme une balle bien ronde », Archytras de Tarente pose, pour la première fois le paradoxe du bord : que se passe-t-il si, arrivé à la frontière du monde, je masse la main à travers elle ? Il en tire la conclusion que le monde ne peut être qu’infini. Puis vint Aristote, dont la Physique allait imprégner les siècles suivants. Pour lui, le monde n’est pas un espace, mais un « lieu » qui contient le monde clos et sphérique dont la Terre est le centre. Au-delà de la sphère des étoiles, il n’y a tout simplement rien. Pourtant, si Aristote réfute l’infiniment grand de l’Univers, il identifie paradoxalement l’infinie divisibilité d’une ligne (pour lui l’atome de Démocrite n’existe pas) et donc l’existence d’un infiniment petit potentiel. L’homme est toujours au centre. Il faut attendre Aristarque de Samos pour expulser l’homme du centre du monde et le placer en mouvement autour du soleil : le modèle héliocentrique est né mais reste fini. Avicenne et Maimonide reprendront à leur compte, au Xéme et au XIIéme siècle, le concept d’Univers fini, tentant même de déterminer sa dimension. Cette vision restera celle de Copernic au XVéme siècle. Il faudra attendre encore une centaine d’années pour que Giordano Bruno donne ses lettres de noblesse à la cosmologie infinitiste, « car Dieu aux pouvoirs infinis ne peut avoir créer qu’un monde infini ». Mais si l’Univers est infini, alors la pluralité des mondes est inévitable. Cette conclusion lui vaudra le bûcher, l’Église ne pouvant abandonner le caractère sacré de l’homme et donc son unicité. Le siècle suivant, dominé par Kepler, Galilée et Newton, conservera cette vision d’un Univers fini, même si Galilée instille un doute en affirmant « qu’il n’est pas encore décidé si l’Univers est fini ou infini ». Ce n’est qu’au XXème siècle qu’Albert Einstein jettera les bases de la cosmologie moderne en s’appuyant sur des mathématiques nouvelles (les géométries riemanniennes) pour décrire un Univers fini mais sans limites. En résolvant le paradoxe de la portée infinie et immédiate de la gravitation par une solution géométrique de l’Univers, Einstein a ouvert la voie de la cosmologie moderne d’aujourd’hui. Nous savons, à présent, que la géométrie de l’Univers, et donc sa finitude ou son infinitude, dépend de deux paramètres essentiels : la courbure (qui elle-même est fonction de la densité du contenu matériel de l’Univers) et d’un paramètre appelé constante cosmologique. L’incertitude actuelle sur la valeur de ces deux paramètres nous ramène donc à l’interrogation de Galilée : nous ne savons pas aujourd’hui, avec certitude, si l’Univers est infini ou non. Vingt-six siècles se sont écoulés depuis que l’homme s’interroge sur le cosmos et nous n’avons toujours pas de réponse. En aurons-nous jamais une ?
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