L’épisode de la vaccination contre la grippe A-H1N1 met, une fois de plus, en lumière l’aspect pervers du principe de précaution. La nocivité de ce principe ne tient pas tellement au fait que les anticipations gouvernementales paraissent aujourd’hui excessives, mais bien dans le fait que, si celles-ci n’avaient pas eu lieu et que la pandémie eût été importante, la collectivité aurait violemment réagi en critiquant le gouvernement, voire en engageant des poursuites judiciaires. Ce principe est une invention allemande de la fin des années 60 et incorporé dans la Constitution Française en 2005. Traumatisé par l’affaire du sang contaminé, par l’épisode du prion de la vache folle, par la propagation du SRAS, par la canicule de 2003, le gouvernement (et la collectivité) interprète ce principe comme un principe de responsabilité de l’État Français et celui-ci se transforme alors en principe de couverture (de responsabilité) qui incite les politiques à suspendre l’action. De plus, ce principe consiste à donner le plus grand poids possible au plus petit risque supposé, donc à exagérer la menace et devient ainsi un risque subjectif de la collectivité, y compris des responsables politiques, que les médias se plaisent à exacerber. Il supprime la légitimité décisionnelle des responsables politiques, soumis de force à l’injonction de précautions maximales. Les domaines où ce principe risque d’avoir de dramatiques conséquences sont déjà nombreux : environnement, recherche (recherche génétique, nanotechnologies), applications industrielles (portables, EPR), santé. Les effets les plus dramatiques du principe de précaution se font ressentir dans le domaine de la recherche. La recherche française ne se porte pas bien depuis un certain temps déjà. On constate une diminution de la part des brevets français déposés en Europe, une désaffection des jeunes pour les filières scientifiques universitaires, la faiblesse du financement de la recherche par les entreprises. Partant de l’insuffisance avérée de l’innovation en France, un rapport confidentiel de l’Inspection des Finances en 2007 dénonce l’organisation et "l’inefficacité économique de la recherche publique". Le retard de l’innovation et de la recherche industrielle en France (et en Europe) est indiscutable. Ainsi le chiffre d’affaires des biotechnologies est de 53 milliards de dollars aux États-Unis et de 2,5 milliards de dollars pour l’ensemble de l’Europe, au sein de laquelle la France occupe une place moyenne, avec une nette tendance au recul. Le principe de précaution ne peut qu’aggraver cette situation en freinant les recherches sur la génétique (OGM, cellules souches, ADN, …), en limitant drastiquement les applications des nanotechnologies, en soulevant de multiples obstacles aux techniques utilisant des ondes porteuses, etc … Le principe de précaution cherche à supprimer le risque. Mais le risque zéro est une utopie. De plus, sans risque, il n’y a pas de vie.
Donc, si l’on veut vivre, il faut enlever au dangereux principe de précaution son caractère constitutionnel et législatif qui le rend contraignant et laisser l’appréciation du risque à l’intelligence humaine. À nous de confier la décision à des hommes capables de la prendre. C’est cela le devoir de la démocratie.
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