La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
10 novembre 2010
Un monde incompréhensible
Dans un passé récent, les scientifiques s’émerveillaient que l’on puisse expliquer le comportement du monde physique. Einstein disait : « Ce qui est le plus incompréhensible est que l’Univers soit compréhensible ». Toutes les sciences avaient une loi commune et incontournable : celle de la vérification. Une théorie, pour être crédible, devait impérativement être vérifiable et falsifiable. Cela veut dire qu’une théorie doit pouvoir permettre de tirer des conséquences qui soient expérimentalement vérifiables et qu’il soit possible de réaliser des expériences permettant de mettre éventuellement cette théorie en défaut. Ainsi, par exemple, la théorie de la Relativité Générale prévoit la courbure de l’espace sous l’influence de la matière. Cette courbure permet de prévoir, comme conséquence, qu’un rayon lumineux doit être courbé par la matière. L’alignement de la Terre, d’une galaxie lointaine et d’une étoile massive a pu permettre, grâce aux télescopes modernes, de vérifier cette assertion en constatant que la masse de la galaxie courbait effectivement les rayons lumineux en provenance de l’étoile, celle-ci restant visible malgré la présence de la galaxie (lentille gravitationnelle). Il en est de même avec l’équivalence entre la matière et l’énergie dont l’éclatante vérification se nomme bombe atomique ! Mais, depuis les succès de la mécanique quantique et le développement de la cosmologie, la physique s’est aventurée dans des terrains mouvants pour essayer d’expliquer l’infiniment petit et l’infiniment grand. Par exemple, la notion de localité a disparu de la mécanique quantique sans pouvoir expliquer pourquoi la réalité globale des particules élémentaires se transforme en réalité locale du monde macroscopique qui nous entoure. C’est ainsi également que sont nées les théories des supercordes, des multivers, des branes, toutes hypothèses invérifiables à jamais. La vérification expérimentale de l’existence des cordes, particules élémentaires ultimes supposées, demanderait des accélérateurs de particules accédant à des niveaux d’énergie inaccessibles et de dimensions équivalentes au système solaire. La théorie des multivers, cherchant à expliquer pourquoi la quinzaine de constantes physiques fondamentales possède les valeurs constatées, stipule l’existence d’Univers multiples et inaccessibles, possédant toutes les valeurs possibles pour ces constantes. La théorie des branes cherche à expliquer l’origine de l’Univers par le « choc » entre deux univers différents, ce qui restera à jamais invérifiable. Qui plus est, pour pouvoir développer ces hypothèses, les physiciens, ne trouvant pas les outils mathématiques nécessaires, ont « inventé » de nouveaux outils, ce qui se produit pour la première fois dans l’histoire des sciences. A-t-on le droit de parler encore de théories scientifiques sous prétexte de les avoir habillées de mathématiques idoines ? Mais la physique n’est pas la seule à chercher dans l’invérifiable l’explication de l’inexplicable. En biologie, par exemple, un des grands mystères est la morphogenèse, c’est-à-dire la capacité d’une cellule à se transformer en cellule spécifique d’un organe et à trouver sa place dans l’organisme vivant. Pour tenter d’expliquer cet extraordinaire phénomène, Jacques Monod a « inventé » la téléonomie, c’est-à-dire la capacité qu’aurait une cellule d’avoir un « projet » qui la guide dans la totalité de son évolution. Bien entendu, cette propriété supposée restera à jamais invérifiable. Elle relève de ce que la systémique appelle « les propriétés émergentes », concept permettant de justifier une propriété possédée par un organisme et qu’il est impossible d’expliquer à partir des propriétés de ses composants. Le cerveau humain comporte cent milliards de neurones (autant que d’étoiles dans la Galaxie) et chaque neurone possède entre mille et dix mille connexions. Dans l’impossibilité de comprendre, et encore moins d’expliquer, le fonctionnement d’un organe aussi complexe, le neurologue « invente » l’existence de mémoires spécialisées par type de problèmes. C’est ainsi que l’on parle de mémoire procédurale, mémoire à court terme, mémoire à long terme, mémoire visuelle, mémoire auditive, etc …. Il est, aujourd’hui, impossible d’expliquer le fonctionnement de ces mémoires et, donc, leur réelle existence. Après la physique et la biologie, voici l’économie. L’économie est cette science où l’on ne sait pas de quoi l’on parle et où l’on ne sait pas non plus si ce qu’on dit est vrai ! Dans cette discipline, qui ne manque pas de théories, il n’en est pas une qui n’ait été mise en défaut. Certes, des explications à posteriori ont été données par les experts en économie pour justifier pourquoi ils s’étaient trompés ou avaient été incapables de prévoir. Dans cette « science », en dehors des évidences, aucune théorie n’est capable de fournir des hypothèses aux conséquences reproductibles. C’est pourquoi l’économie n’est pas une science. Nous vivons dans un mode devenu incompréhensible, le comble de l’incompréhension étant le comportement humain même si, dans ce domaine, il est certain que le pire est toujours sûr. Einstein peut être rassuré.
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