Il ne s’agit certes pas de dénier le courage du député basque qui a mené, jusqu’au but recherché, sa grève de la faim. Car il faut du courage, d’un type un peu particulier, pour mettre volontairement sa vie en danger à petit feu. C’est un suicide lent qui s’ancre, cependant, dans l’espoir ne pas mourir. C’est cette contradiction qui donne son aspect singulier au courage du député. Mais, au-delà de cette reconnaissance, on peut s’interroger sur la moralité d’un tel acte. Il n’y a pas de grande différence avec une prise d’otage, si ce n’est que le député Lassalle s’est pris lui-même en otage. Qu’est-ce qu’une prise d’otage, si ce n’est la mise en danger de la vie d’une personne pour obtenir d’autre autre qu’elle agisse d’une certaine façon ? La rançon demandée était le renoncement par Toyal au déplacement de l’usine de la vallée d’Apt. Il est alors normal que cette entreprise juge le procédé déloyal, aussi déloyal que si on avait enlevé un membre de son personnel pour forcer sa décision. Peut-on faire entrer dans le jeu économique de telles règles ? Jusqu’à présent, elles étaient l’apanage de la mafia ou des terroristes. Comment doit-on juger l’intervention du gouvernement pour obtenir un accord, sinon comme une validation d’un tel procédés ?
Enfin, il n’est pas évident que le maintien de l’usine en place soit une bonne décision. En effet, il s’agissait de la déplacer d’une soixantaine de kilomètres pour construire une extension sur un site plus favorable que le site actuel, compte tenu de la dangerosité des activités prévues. Est-on à ce point casanier qu’il est impossible d’envisager que les ouvriers de l’usine aient à accomplir soixante kilomètres pour aller travailler ?
Maintenant que l’accord a été obtenu par le chantage, il n’est pas exclu que Toyal laisse mourir son usine à petit feu pour, finalement, la reconstruire dans un autre pays.
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