Le marketing est aux actions commerciales ce que la stratégie est aux opérations militaires, et à la tactique de mise en œuvre correspond la publicité.
La stratégie consiste à définir les objectifs. De la même façon, le marketing identifie les cibles que l’on appelle pudiquement les segments de marché, c’est-à-dire les catégories d’acheteurs potentiels. Il définit ces catégories par leurs caractéristiques socio-économiques de même que la stratégie militaire définit ses objectifs par leurs caractéristiques (importance, capacités offensive et défensive). L’arme principale du marketing est le cynisme. Comment appeler autrement la volonté actuelle de cibler l’inquiétude des mères de famille devant le problème de l’obésité (que des actions commerciales autres favorisent par ailleurs !) en décidant de mettre sur le marché des produits censés combattre le surpoids, le cholestérol, les difficultés digestives et cardiovasculaires ? Comment appeler autrement cette stratégie « médica-menteuse » (sic) consistant à proposer des produits aux vertus soi-disant médicales ? Marketing et cynisme sont de parfaits synonymes.
La publicité, quant à elle, relève de la tactique, qui consiste à définir précisément les moyens d’arriver à ses fins, et ses armes principales sont l’hypocrisie et l’overdose. Elle met systématiquement en scène un monde merveilleux où les enfants sont en bonne santé, plus intelligents que leurs parents, où les femmes (et les hommes) tiennent des discours de demeurées mais joyeux, où la doxa environnementale est traduite en termes faussement scientifiques (exemples : les biscottes qui contiennent 97% de blé !! On se demande avec quoi d’autre on pourrait fabriquer des biscottes ! les rides sont réduites de 36 % !! 36% de quoi, on ne sait pas, de même qu’on ne voit pas très bien comment faire la mesure !). La flatterie, l’approximation calculée, le populisme, le matraquage sont autant d’armes tactiques utilisées par la publicité. Personne n’est dupe, dit-on. Ce n’est pas vrai. Sinon les budgets publicitaires n’atteindraient pas les vertigineux sommets actuels. Au cours d’une petite promenade de 15 minutes, j’ai compté 75 panneaux publicitaires (sans compter les enseignes de magasins), ce qui représente une belle moyenne de 300 panneaux publicitaires à l’heure ! Bien sûr, je n’ai fait que les voir, je ne les ai pas regardés. Après avoir subi cette avalaison de publicité graphique, il me reste encore à supporter la publicité à la radio, à la télévision, dans les journaux, sur les emballages de tout ce que j’achète. Il n’y a plus aucun espace qui ne soit « squattérisé » par la publicité : les murs de nos villes et ceux du métro, les voitures de la RATP avec l’apparition d’écrans miniatures numériques passant en boucle des vidéo publicitaires, les flancs des autobus, les panneaux ad hoc, les produits, les journaux et les magazines, les prospectus, les équipements sportifs, les vêtements, les fournitures scolaires, etc …Finalement, la publicité cherche à transformer un légitime désir d’achat en trouble obsessionnel compulsif. Nous vivons dans un monde de l’artificiel.
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