La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
28 février 2008
L’agriculture biologique, une utopie ?
En 1900, la Terre supportait 1,9 milliard de ses enfants, elle en supporte 6,3 milliards aujourd’hui et elle en aura 9,5 milliards à la fin du XXIème siècle. Les experts démographes prédisent que ce chiffre de 9,5 milliards sera un maximum. En est-on vraiment sûr ? Peut-être. Il n’en reste pas moins vrai que l’agriculture se trouve confrontée à un défi : celui de nourrir cette population, en constante augmentation pendant encore quatre vingts ans au moins. En face de cette évolution démographique, la Terre propose et les hommes disposent d’une surface cultivable limitée, qui semblerait même en régression constante à la suite de la diminution de la population d’agriculteurs et de l’urbanisation des surfaces. La France a perdu, entre 1992 et 2002, plus de 700.000 hectares au profit de sols bâtis, de surfaces d’agrément, des routes et parkings, et des surfaces revenues à l’état naturel. Il semble donc qu’il faille rendre de plus en plus efficace une agriculture sur laquelle repose un tel défi. La diminution des rendements semble condamnée par la simple logique consistant à nourrir de plus en plus d’humains sur une surface cultivable non extensible. Pour maintenir l’efficacité agricole il faut choisir la plante qui pousse en éliminant les autres (les herbicides), il faut nourrir la plante qui pousse (les engrais), il faut écarter les prédateurs (les pesticides) et les maladies (les fongicides). L’agriculture dite biologique a peu de place devant ce constat. Il se superpose le problème de l’eau. Les nappes phréatiques se détériorent, les sècheresses se multiplient à la suite du réchauffement climatique. L’eau des rivières en été est due à la fonte des neiges et des glaciers qui s’accélère, phénomène qui court nécessairement vers une limite conduisant à la pénurie. Les disparitions de la mer d’Aral et du lac Tchad sont deux témoins de cette pénurie grandissante. La fonte des grands glaciers et des calottes glaciaires provoquera une montée des océans qui va encore restreindre les zones cultivables en front de mer. Cette diminution des surfaces sera, un temps, compensée par le dégel des pergélisols qui deviendront cultivables. Mais il restera nécessaire de s’orienter vers des plantes peu consommatrices d’eau ou de pratiquer des manipulations génétiques pour rendre ces mêmes plantes moins hydrophiles. Augmenter les rendements avec de moins en moins d’eau semble donner aux OGM de belles perspectives. Surtout si l’on demande à l’agriculture non seulement de nourrir les humains mais également de faire tourner leurs moteurs !
25 février 2008
De l’un à l’autre
« Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ». Tel était Charles De Gaulle à l'Hôtel de Ville de Paris. « Tire-toi, pauvre con », tel est Nicolas Sarkozy au derrière des vaches. Les Français ont chassé De Gaulle du pouvoir pour de mauvaises raisons. Aujourd’hui, ils ont porté au pouvoir Sarkozy pour d’autres mauvaises raisons. Finalement, la France a le président qu’elle mérite.
22 février 2008
L’école de la République est en danger
Jules Ferry a inventé l’école de la République Française. Et cette école fut un véritable succès. La troisième République a inventé l’ascenseur social grâce à l’école. Ce qui a donné à l’instituteur et au maître une mission s’apparentant au sacerdoce et leur a permis d’obtenir la reconnaissance de la Nation. Cette école de la République s’attachait à la transmission du savoir. Et ses méthodes s’adaptaient à l’âge des élèves et étaient pleines de bon sens. Ce que l’Éducation Nationale a oublié depuis trente ans. Pour écrire correctement, il fallait apprendre la grammaire. Pour pouvoir aborder les mathématiques, il fallait savoir faire les quatre opérations d’arithmétique. Pour pouvoir s’intégrer dans la société, il fallait savoir lire. Voilà ce qu’étaient les principes éducatifs de l’école de Jules Ferry. Pour que les élèves comprennent le message de leur instituteur, encore fallait-il utiliser un langage compréhensible. Comment l’école d’aujourd’hui pourrait-elle réussir lorsque même les parents ne comprennent plus le langage de l’école ? Les pédagogues de tous poils, en mal de renommée, ont voulu faire carrière en sinistrant l’Éducation Nationale et en croyant avoir découvert une méthode pédagogique nouvelle appelée le constructivisme. La réalité est qu’ils ont mené leurs expériences personnelles au détriment des enfants et qu’ils sont donc responsables de l’échec insupportable de l’Éducation Nationale. Comment ces personnages peuvent-ils dormir tranquilles lorsqu’ils sont responsables de l’échec scolaire, et donc social, de 20 % des enfants de chaque génération ? Le ministre actuel tente de remettre du bon sens dans la pédagogie. Qui s’y oppose ? Les syndicats de l’Éducation Nationale et, dans une moindre mesure, des parents d’élèves, réactionnaires au-delà du supportable. La confusion dans les objectifs, le vocabulaire jargonnant ont plongé les instituteurs dans la difficulté et la confusion. Il est peut-être important de parler informatique ou histoire de l’Art aux enfants, mais à quoi cela peut-il servir si ces mêmes enfants ne savent pas lire ? La lecture et l’écriture sont deux outils fondamentaux de l’insertion dans la société. Les pédagogues l’ont tout simplement oublié. Ce constat montre bien qu’il est urgent de réformer en profondeur les IUFM qui, manifestement, ont échoué dans leur mission. Les enseignants sont réfractaires à toute méthode imposée lorsqu’elle l’est par le gouvernement. Acceptons ce fait en leur laissant la liberté pédagogique, mais imposons leur l’évaluation de leur efficacité. Ce ne serait que justice. L’impunité dans l’échec ne peut plus perdurer sans faire peser sur la jeunesse de terribles dangers. L’échec scolaire d’un enfant est, d’abord, l’échec pédagogique du maître.
21 février 2008
Le miroir aux alouettes
Le chômage diminue de façon sensible et la communication gouvernementale ne se prive pas de le souligner. On pourrait s’en réjouir. Mais, en regardant d’un peu plus près, cette nouvelle est préoccupante. En effet, cette diminution du chômage tient à la création de plus de 200.000 emplois pendant l’année 2007. Or, ces emplois sont, dans leur grande majorité, des emplois d’aide à la personne créés avec l’aide efficace du ministère de J.L. Borloo. Dans le même temps, les emplois industriels continuent à régresser, comme le laissent comprendre les multiples fermetures d’usines en France, conséquence des délocalisations compétitives. Or, un emploi d’aide à la personne ne crée aucune richesse supplémentaire pour le pays . Ce n’est qu’un déplacement de richesse entre la personne aidée et la personne qui apporte son aide. Le pays n’est pas plus riche parce qu’un senior aura reçu (et payé) une personne venant à domicile lui apprendre à se servir de son ordinateur récemment acheté ! Par contre, un emploi industriel supprimé correspond à une production réelle supprimée, donc à un appauvrissement du pays. Encore une fois, ce n’est pas parce que le magasinier achète ses nouilles au supermarché qui l’emploie que la France devient plus riche. Le chômage diminue, mais la France se désindustrialise. Ce mouvement n’a rien à voir avec ce qui s’est passé lorsque le pays est passé de l’ère agricole à l’ère industrielle. Il y a eu substitution de production. Rien de tel en ce moment. Les emplois industriels productifs sont remplacés par des emplois non productifs. Le chômage diminue, mais le pays s’appauvrit. Ne nous laissons pas abuser par le miroir aux alouettes de cette amélioration apparente de l’emploi. La situation continue de se dégrader .
20 février 2008
Liberté, égalité … laïcité
On croyait que le problème de la cohabitation du religieux et du politique était réglé depuis 1905. La loi votée cette année-là, en fait, est extrêmement simple dans un énoncé un peu compliqué. Elle stipule que :
« • La république garantit le libre exercice des cultes, ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
• La République ne prend en charge que les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics.
• Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte. Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit. Sont punis d'une amende ceux qui, par violence ou menaces contre un individu, l'auront déterminé à exercer ou à s'abstenir d'exercer un culte.
• Si un discours prononcé ou un écrit affiché ou distribué publiquement dans les lieux où s'exerce le culte contient une provocation directe à résister à l'exécution des lois ou s'il tend à soulever ou à armer une partie des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s'en sera rendu coupable sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans. »
Tout le reste du texte traite de la délicate question du transfert des biens immobiliers de l’Église à l’État.
Que peut- on penser de cette loi ? Tout d’abord qu’il n’a pas été jugé anormal, au début du XXème siècle, que l’État se mêle du religieux. Il stipule un fait, qui paraît naturel aujourd’hui, à savoir que chacun a le droit d’exercer sa religion, quelle qu’elle soit, à condition qu’il le fasse sans prosélytisme et sans signe visible en dehors de sa sphère privée. Bien entendu, aucun classement de valeur n’est précisé ni entre les religions ni entre le religieux et le laïc. Mais séparation ne veut pas dire ignorance. Peut-on faire de l’histoire sans rien connaître de l’histoire particulière des religions et des multiples interactions qu’elles ont eues sur la vie citoyenne ? Doit-on passer sous silence la Saint Barthélemy, la guerre des Chouans, l’éradication des Cathares et des Templiers, les atrocités des croisades et de l’Inquisition ? La destinée de l’Europe et du Moyen-Orient a été façonnée en profondeur par les religions. Or, l’ignorance est grande, tant chez les adultes que chez les enfants, de l’histoire des religions. Peut-on limiter l’histoire du peuple juif à la seule Shoa, en omettant l’exode du VIIème siècle avant JC provoqué par les Assyriens,la déportation à Babylone en 586 avant JC, le début de la diaspora en l’an 70 après la destruction du temple de Jérusalem par les Romains, la création de ghettos espagnols par ordonnance royale en 1412 servant de précurseur à la lutte anti-sémite espagnole de XIIème siècle commençant par l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492 ? Peut-on ignorer l’histoire musulmane et de son expansion depuis l’invasion du Maghreb en 400 et de la Syrie par les Arabes en 636 jusqu’à leur arrivée en Europe et la conquête de l’Espagne en 711, leur pénétration en France jusqu’en 732, la grande renaissance de l’Islam de 1520 à 1629 qui mena les Ottomans jusqu’en Autriche ? Peut-on ignorer la différence entre un chiite et un sunnite , entre un juif ashkénaze et un séfarade ? Les massacres religieux ont jalonné l’histoire occidentale comme elle a jalonné, et jalonne encore, celle du Proche-Orient. Tirant enfin les leçons de l’Histoire, la loi de 1905, par la séparation nette des intérêts religieux et laïcs, entend éradiquer toute velléité d’actions politiques menées au nom d’une quelconque religion. La seule morale conduit l’action des hommes et cette morale est décrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme qui doit être le bien commun à toutes religions et à tous ceux qui sont athées ou agnostiques.
Liberté du choix religieux, égalité de traitement pour tous sans signe distinctif, laïcité et Droits de l’Homme.
« • La république garantit le libre exercice des cultes, ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
• La République ne prend en charge que les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics.
• Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte. Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit. Sont punis d'une amende ceux qui, par violence ou menaces contre un individu, l'auront déterminé à exercer ou à s'abstenir d'exercer un culte.
• Si un discours prononcé ou un écrit affiché ou distribué publiquement dans les lieux où s'exerce le culte contient une provocation directe à résister à l'exécution des lois ou s'il tend à soulever ou à armer une partie des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s'en sera rendu coupable sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans. »
Tout le reste du texte traite de la délicate question du transfert des biens immobiliers de l’Église à l’État.
Que peut- on penser de cette loi ? Tout d’abord qu’il n’a pas été jugé anormal, au début du XXème siècle, que l’État se mêle du religieux. Il stipule un fait, qui paraît naturel aujourd’hui, à savoir que chacun a le droit d’exercer sa religion, quelle qu’elle soit, à condition qu’il le fasse sans prosélytisme et sans signe visible en dehors de sa sphère privée. Bien entendu, aucun classement de valeur n’est précisé ni entre les religions ni entre le religieux et le laïc. Mais séparation ne veut pas dire ignorance. Peut-on faire de l’histoire sans rien connaître de l’histoire particulière des religions et des multiples interactions qu’elles ont eues sur la vie citoyenne ? Doit-on passer sous silence la Saint Barthélemy, la guerre des Chouans, l’éradication des Cathares et des Templiers, les atrocités des croisades et de l’Inquisition ? La destinée de l’Europe et du Moyen-Orient a été façonnée en profondeur par les religions. Or, l’ignorance est grande, tant chez les adultes que chez les enfants, de l’histoire des religions. Peut-on limiter l’histoire du peuple juif à la seule Shoa, en omettant l’exode du VIIème siècle avant JC provoqué par les Assyriens,la déportation à Babylone en 586 avant JC, le début de la diaspora en l’an 70 après la destruction du temple de Jérusalem par les Romains, la création de ghettos espagnols par ordonnance royale en 1412 servant de précurseur à la lutte anti-sémite espagnole de XIIème siècle commençant par l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492 ? Peut-on ignorer l’histoire musulmane et de son expansion depuis l’invasion du Maghreb en 400 et de la Syrie par les Arabes en 636 jusqu’à leur arrivée en Europe et la conquête de l’Espagne en 711, leur pénétration en France jusqu’en 732, la grande renaissance de l’Islam de 1520 à 1629 qui mena les Ottomans jusqu’en Autriche ? Peut-on ignorer la différence entre un chiite et un sunnite , entre un juif ashkénaze et un séfarade ? Les massacres religieux ont jalonné l’histoire occidentale comme elle a jalonné, et jalonne encore, celle du Proche-Orient. Tirant enfin les leçons de l’Histoire, la loi de 1905, par la séparation nette des intérêts religieux et laïcs, entend éradiquer toute velléité d’actions politiques menées au nom d’une quelconque religion. La seule morale conduit l’action des hommes et cette morale est décrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme qui doit être le bien commun à toutes religions et à tous ceux qui sont athées ou agnostiques.
Liberté du choix religieux, égalité de traitement pour tous sans signe distinctif, laïcité et Droits de l’Homme.
17 février 2008
Le poison est dans le fruit
Le Kosovo vient d’annoncer son indépendance, c’est-à-dire son détachement de la Serbie. Cette ancienne province serbe est grande comme deux départements français. Sa viabilité économique n’est rien moins que douteuse, mais l’esprit communautaire (et l’esprit de revanche, en l’occurrence) a prévalu sur toute autre considération. Cette indépendance va, sans aucun doute, être validée par la majorité des pays occidentaux. Il est vraisemblable que le Kosovo va ainsi servir d’exemple à d’autres tentations séparatistes, en Espagne, en Belgique, en Corse, en Italie du Nord entre autres. Tous ces communautarismes européens font courir un risque majeur à l’idée d’Europe, qu’elle soit fédéraliste ou non. Un éclatement des nations en leurs différentes composantes communautaires conduirait à la fin d’un rêve de plusieurs générations d’européens.
Le devoir de mémoire
La polémique actuelle, qui s’est levée comme un ouragan à la suite de la proposition du Président de la République demandant que chaque enfant se voit « confié » la mémoire d’un enfant mort en déportation, donne à chacun le devoir de s’interroger sur la façon dont la société exerce son devoir de mémoire. Peut-on dire que tout est fait pour que personne n’oublie plus jamais (tout tient dans le « jamais ») l’horreur que des hommes ont engendrée ? La mémoire doit-elle se satisfaire d’une connaissance généraliste et partielle, globalisante, noyant dans un anonymat rédempteur et collectif les victimes expiatoires d’une folie humaine ? Hélas, la Shoa n’est pas le seul génocide perpétré par les hommes et ne peut faire sombrer dans l’ombre immense de sa démesure le génocide des Arméniens de Turquie, des Tutsis du Rwanda, des Albanais de Serbie, des chiites irakiens. L’horreur de la Shoa n’a pas empêché celle du Rwanda ni celle du Kosovo. La mémoire ne semble pas être suffisante pour empêcher la folie collective des hommes. Alors ? Les adultes, ayant montré leur incapacité à tirer les leçons de l’histoire, doivent-ils se décharger sur leurs enfants de la mémoire de l’indicible, lorsqu’on soupçonne que cela ne sera peut-être pas suffisant ? Les adultes peuvent-ils échanger le sommeil de leur conscience par les cauchemars de leurs enfants ?
Mais le problème ne peut se limiter à cette interrogation trop facile à cause de son évidence. Instaurer chez les enfants un devoir de mémoire spécifique attaché aux enfants juifs morts en déportation ne risque-t-il pas de renforcer, sinon de créer, un esprit communautaire ? Que demande-t-on aux enfants ? De garder en mémoire le nom d’un enfant juif ou celui d’un enfant ? De même, ce devoir de mémoire s’attache-t-il à un enfant mort ou à un enfant ? Ces questions montrent qu’il est indispensable d’expliquer avec intelligence le comment et le pourquoi pour ne pas laisser l’enfant seul en face de l’horreur. Devoir de mémoire et pédagogie sont, comme toujours, indissociables. L’indignation de Simone Weil se comprend aisément si l’explication manque (encore que ses propos du 16 Février au Pavillon d’Armenonville ont été beaucoup plus mesurés). Mais l’hydre n’est pas morte qui peut renaître d’une autre folie collective emmenée par un fanatique affamé de pouvoir. Ne doit-on pas, alors, tout faire pour empêcher que l’horreur recommence ? Et, dans ce but, le meilleur moyen n’est-il pas d’éduquer les enfants dans « l’horreur de l’horreur » ? La violence est constamment mise devant les enfants par l’intermédiaire de la télévision ou des jeux video. N’est-il pas sain que les enfants comprennent très tôt que la violence n’est pas uniquement virtuelle et qu’elle peut ne pas être un simple jeu ? On meurt deux fois. La première fois lorsque la vie vous quitte, la seconde lorsque l’oubli vous efface de toutes les mémoires. Que vaut-il mieux ? Le souvenir ou l’oubli ? On objecte que l’âge est un risque et que le poids du souvenir est trop lourd pour de jeunes esprits. Il est certain que l’on ne parle pas de Hitler aux enfants du primaire. Peut-être est-ce pour cela que certains d’entre eux n’en entendront jamais parler (Hitler, connais pas !). Dans tous les domaines, les pédagogues insistent sur l’importance de l’enfance pour assimiler et comprendre. Pourquoi pas dans celui qui nous préoccupe ici ? Le risque de la culpabilité enfantine doit pouvoir être maîtrisé par une pédagogie collective. La faisabilité et la méthodologie de la mise en œuvre d’une idée comme celle-là auraient dû être soigneusement réfléchies avant de tomber dans la tentation de l’inattendu. Dans le seul but du sensationnel, a-t-on le droit de négliger une nécessaire réflexion préalable qui engage toute une société ?
Mais le problème ne peut se limiter à cette interrogation trop facile à cause de son évidence. Instaurer chez les enfants un devoir de mémoire spécifique attaché aux enfants juifs morts en déportation ne risque-t-il pas de renforcer, sinon de créer, un esprit communautaire ? Que demande-t-on aux enfants ? De garder en mémoire le nom d’un enfant juif ou celui d’un enfant ? De même, ce devoir de mémoire s’attache-t-il à un enfant mort ou à un enfant ? Ces questions montrent qu’il est indispensable d’expliquer avec intelligence le comment et le pourquoi pour ne pas laisser l’enfant seul en face de l’horreur. Devoir de mémoire et pédagogie sont, comme toujours, indissociables. L’indignation de Simone Weil se comprend aisément si l’explication manque (encore que ses propos du 16 Février au Pavillon d’Armenonville ont été beaucoup plus mesurés). Mais l’hydre n’est pas morte qui peut renaître d’une autre folie collective emmenée par un fanatique affamé de pouvoir. Ne doit-on pas, alors, tout faire pour empêcher que l’horreur recommence ? Et, dans ce but, le meilleur moyen n’est-il pas d’éduquer les enfants dans « l’horreur de l’horreur » ? La violence est constamment mise devant les enfants par l’intermédiaire de la télévision ou des jeux video. N’est-il pas sain que les enfants comprennent très tôt que la violence n’est pas uniquement virtuelle et qu’elle peut ne pas être un simple jeu ? On meurt deux fois. La première fois lorsque la vie vous quitte, la seconde lorsque l’oubli vous efface de toutes les mémoires. Que vaut-il mieux ? Le souvenir ou l’oubli ? On objecte que l’âge est un risque et que le poids du souvenir est trop lourd pour de jeunes esprits. Il est certain que l’on ne parle pas de Hitler aux enfants du primaire. Peut-être est-ce pour cela que certains d’entre eux n’en entendront jamais parler (Hitler, connais pas !). Dans tous les domaines, les pédagogues insistent sur l’importance de l’enfance pour assimiler et comprendre. Pourquoi pas dans celui qui nous préoccupe ici ? Le risque de la culpabilité enfantine doit pouvoir être maîtrisé par une pédagogie collective. La faisabilité et la méthodologie de la mise en œuvre d’une idée comme celle-là auraient dû être soigneusement réfléchies avant de tomber dans la tentation de l’inattendu. Dans le seul but du sensationnel, a-t-on le droit de négliger une nécessaire réflexion préalable qui engage toute une société ?
13 février 2008
La fosse des septiques
Neuf mois à peine après avoir élu Nicolas Sarkozy à une grande majorité, voilà les Français prêts à se jeter à nouveau dans les bras de l’opposition socialiste qu’ils ont rejetée il y a moins d’un an. La France est décidément bien malade. Le choix politique est aujourd’hui entre un parti qui soutient un homme qui n’a pas pris la mesure du rôle et du comportement d’un Président de la République et un parti déliquescent qui se meurt de ses luttes internes et de son incapacité à comprendre le monde d’aujourd’hui. Finalement, les Français ont à choisir entre la comédie dramatique et la tragédie. En dehors des palinodies électorales et municipales, les raisons sont décidément nombreuses d’être très inquiet pour l’avenir du pays. Le fric et la morale ont divorcé, la pauvreté s’étend à de nouvelles couches de la population, les entreprises sont mal en point en dépit de résultats financiers mirobolants qui résultent en grande partie de la spéculation financière et pétrolière, les syndicats se corporatisent à outrance en oubliant le bien commun, le système financier et bancaire est en danger, le monde regarde la France en rigolant gentiment, les hommes politiques ont les yeux rivés sur les sondages ce qui leur permet d’éviter d’avoir des idées et ce qui autorise les medias à toutes les arrogances voire toutes les dérives (la course à l’audimat !!), les travailleurs sociaux ne sont pas assez compétents parce que subjectifs et idéologues. Le pays est débordé par les problèmes que les politiques ont été incapables de résoudre, ou n’ont pas voulu résoudre depuis trente ans. Aujourd’hui ces problèmes ont pris une telle ampleur que le pays n’a plus les moyens de les résoudre, compte tenu de son état de quasi-faillite. C’est le cas de la délinquance et de l’insécurité en banlieue, de la crise du logement, de l’investissement et de la recherche, de l’accompagnement durant le chômage, de l’Éducation Nationale et du nombre d’élèves en échec scolaire (tous les ans, 20% d’une génération d’élèves quittent l’école sans aucun diplôme), du fonctionnement de la justice, etc … Vive la France !! N’oublions pas ce que l’on dit du coq, emblème national : c’est le seul être vivant qui chante avec les deux pattes dans la m…
11 février 2008
Une honte
Les patrons des plus importants groupes du CAC 40 ont reçu chacun en valeur médiane 6,175 millions d'euros de rémunération totale en 2007, selon une étude du cabinet Hay Group portant sur 135 groupes dont tous ceux du CAC 40. Ceci représente une augmentation moyenne de 40% pour les trois quarts de ces patrons. La France est dans une situation difficile dont une des causes est le déficit monstrueux de la balance commerciale, bon indicateur de la mauvaise performance des entreprises françaises qui perdent des parts de marché sur toute la planète. Les Français ont un pouvoir d’achat en berne et l’inflation est repartie, rendant leur vie de plus en plus difficile. N’êtes-vous pas heureux de savoir qu’il y a des patrons qui sont à l’abri de ces petites mesquineries que sont les difficultés de vivre, malgré leurs piètres performances ?
10 février 2008
Fadela contre les intellectuels
Le 10 Février a eu lieu sur France 5, dans l’émission Riposte, une confrontation entre Fadela Amara et quelques intellectuels bon teint. Une jeune femme, visiblement sincère et profondément investie dans sa mission sur les banlieues, seule face à des hommes plus ou moins jeunes, uniquement attachés à la polémique ou viscéralement opposés à Nicolas Sarkozy, s’est vue confrontée à des attaques systématiques et contradictoires, sans que cette contradiction visible ne soit, d’ailleurs, relevée par le meneur de l’émission, Serge Moati. On avait l’impression d’un combat entre la sincérité et l’engagement d’un côté et la polémique de mauvaise foi de l’autre.
On entend, dans un même tour de table, reprocher à Fadela le « paquet fiscal » qui ne la concerne absolument pas, la démagogie supposée du projet à cause de la proximité des municipales. Comme d’habitude, les contradicteurs avancent des arguments en s’appuyant sur des annonces, des mots, des faits qui, sortis de leur contexte, deviennent partiels et de mauvaise foi. Pendant toute l’émission, on a eu le spectacle d’une vraie sincérité, sans langue de bois, face à un discours construit sur la volonté farouche de s’opposer au Président à travers Fadela Amara.Lorsque l’on entend le meneur de l’émission glisser au cœur d’une phrase que Fadela Amara est soumise à l’ISF, on est interloqué devant ce qui ne peut être qu’une manœuvre de déstabilisation, car on ne voit absolument pas le rapport avec le sujet de l’émission si ce n’est la volonté de jeter un doute sur la légitimité du ministre vis-à-vis du plan banlieu. Serge Moati a inséré dans l’émission une interview de Monsieur Azouz Begag, ulcéré de n’avoir pas été appelé par Nicolas Sarkozy au gouvernement, qui reprochait au « plan banlieue » de Fadela Amara de ne pas contenir les excuses du Président sur l’emploi des mots « karcher » et « racaille ». Cette émission n’a, finalement, montré que les limites de cet exercice.
La France a trop d’intellectuels inefficaces et pas assez de Fadela Amara.
On entend, dans un même tour de table, reprocher à Fadela le « paquet fiscal » qui ne la concerne absolument pas, la démagogie supposée du projet à cause de la proximité des municipales. Comme d’habitude, les contradicteurs avancent des arguments en s’appuyant sur des annonces, des mots, des faits qui, sortis de leur contexte, deviennent partiels et de mauvaise foi. Pendant toute l’émission, on a eu le spectacle d’une vraie sincérité, sans langue de bois, face à un discours construit sur la volonté farouche de s’opposer au Président à travers Fadela Amara.Lorsque l’on entend le meneur de l’émission glisser au cœur d’une phrase que Fadela Amara est soumise à l’ISF, on est interloqué devant ce qui ne peut être qu’une manœuvre de déstabilisation, car on ne voit absolument pas le rapport avec le sujet de l’émission si ce n’est la volonté de jeter un doute sur la légitimité du ministre vis-à-vis du plan banlieu. Serge Moati a inséré dans l’émission une interview de Monsieur Azouz Begag, ulcéré de n’avoir pas été appelé par Nicolas Sarkozy au gouvernement, qui reprochait au « plan banlieue » de Fadela Amara de ne pas contenir les excuses du Président sur l’emploi des mots « karcher » et « racaille ». Cette émission n’a, finalement, montré que les limites de cet exercice.
La France a trop d’intellectuels inefficaces et pas assez de Fadela Amara.
07 février 2008
Un gros mot
Dans le petit monde médiatique et politique, se murmure un vocable fantasmatique qui cristallise toutes les peurs et toutes les oppositions : une politique de rigueur. À entendre les réactions devant ce vocable, on pourrait croire que l’association de ces deux mots est un véritable scandale. La rigueur et la politique ne peuvent être associées dans un même vocable sans provoquer immédiatement des réactions irritées et des vociférations outrancières. Et pourtant … Qu’y a-t-il de scandaleux à ce que la politique soit menée avec rigueur ? La France est-elle trop habituée au laxisme en matière d’économie politique, laxisme qui se traduit concrètement par l’insondable dette du pays, pour pouvoir imaginer que l’économie politique puisse demander un peu de rigueur ? Pourtant, l’enseignement s’attache à inculquer aux élèves et aux étudiants que la rigueur est la base de tout travail et de toute réflexion.
Doit-on voir là aussi une faillite du système éducatif français ? Ou bien, en rejoignant ce que le Général De Gaulle pensait des Français, que le peuple est tellement étranger à l’effort que toute idée de rigueur lui est insupportable ? Comment expliquer autrement ce fait qu’il n’existe aucune corporation, aucun corps de métier, aucun syndicat qui ne réclame encore et toujours plus de moyens, alors que le pays est en état de quasi- cessation de paiement et que la balance commerciale affiche des records de déficit atteignant les quarante milliards d’Euros !! Mais la réalité est têtue : la France n’échappera pas aux sacrifices nécessaires et indispensables pour retrouver le chemin d’une saine gestion. Elle ne peut continuer à imposer aux autres pays européens des règles de rigueur qu’elle refuse de s’appliquer à elle-même. Préparer vos ceintures…
Doit-on voir là aussi une faillite du système éducatif français ? Ou bien, en rejoignant ce que le Général De Gaulle pensait des Français, que le peuple est tellement étranger à l’effort que toute idée de rigueur lui est insupportable ? Comment expliquer autrement ce fait qu’il n’existe aucune corporation, aucun corps de métier, aucun syndicat qui ne réclame encore et toujours plus de moyens, alors que le pays est en état de quasi- cessation de paiement et que la balance commerciale affiche des records de déficit atteignant les quarante milliards d’Euros !! Mais la réalité est têtue : la France n’échappera pas aux sacrifices nécessaires et indispensables pour retrouver le chemin d’une saine gestion. Elle ne peut continuer à imposer aux autres pays européens des règles de rigueur qu’elle refuse de s’appliquer à elle-même. Préparer vos ceintures…
05 février 2008
Vous avez dit démocraties ?
Qu’elle soit représentative, d’opinion, directe ou participative, la démocratie est au centre des réflexions des analystes politiques et des intellectuels (ou de ceux qui se déclarent tels) sans toujours faire la juste différence entre ces diverses formes d’un même système politique. Démokratia est un terme grec signifiant le commandement par le peuple. Originellement, il désignait le mode de gouvernement des cités grecques où la maîtrise de l’Etat était l’apanage du peuple assumant l’administration des affaires publiques : l’Assemblée du peuple cumulait tous les pouvoirs et chaque citoyen avait la possibilité de participer à l’Assemblée de la cité. Il s’agit donc de ce qui s’appelle la démocratie directe. Chaque cité grecque avait ainsi son assemblée fonctionnant sur le principe de la démocratie directe du peuple. L’idée de démocratie a traversé les siècles pour s’incarner sous la forme d’un mode de gouvernement d’un pays tout entier. La participation de tous les citoyens à la gestion directe du pays étant inopérante, les compétences nécessaires à cette gestion étant de plus en plus complexes, le peuple a délégué à des hommes jugés les plus capables cette responsabilité ; la démocratie représentative était née. En France, la démocratie directe n’a pas totalement disparu puisque l’élection du Président de la République se fait au suffrage universel direct. Cependant, des évènements récents, les propos tenus lors de la dernière élection présidentielle, ont semblé remettre en cause la démocratie représentative en voulant favoriser l’émergence d’un nouveau type de démocratie : la démocratie dite participative. On a même entendu, ces temps derniers, des parlementaires juger non démocratique le fait que le Président de la République ait choisi de faire voter le texte du projet Européen par le Parlement au lieu de faire appel au référendum ! Décidément, tous les dinosaures n’ont pas disparu, il en reste quelques-uns au sein du Parti Socialiste. Avant d’analyser le concept de démocratie participative, il faut également se rendre compte que l’épisode du CPE, le blocage des Universités par une minorité d’étudiants, sont des évènements où une loi votée par l’Assemblée Nationale est rejetée par la rue ou contestée par une partie du peuple. C’est-à-dire que la légitimité de la démocratie représentative a été gravement remise en question. C’est bien pourquoi la commission dite « Balladur » sur l’évolution de la Constitution, propose (chat échaudé craint l’eau froide !) qu’une loi subisse une « étude d’impact » avant la parution des décrets d’application. Ce que l’on peut traduire de la façon suivante : il faut mettre en place une démocratie d’opinion. Tenir compte de l’opinion publique pour orienter les décisions de gestion de la Nation, tel est le principe de base de la démocratie d’opinion. Cette façon de dénaturer la démocratie comporte un risque énorme : rien ne dit que l’opinion ait raison !! L’opinion, sensible à l’émotion et versatile, peut décider contre toute raison. La peine de mort n’aurait jamais pu être abolie si le pouvoir politique s’était soumis à l’opinion. Se pose également le problème de l’appréciation de l’opinion. Il est patent que la démocratie d’opinion conduit tout droit à la dictature des sondages. Il s’agit bien d’une dictature, car il n’existe aucun contre-pouvoir. Qui ne sent que les sondages ont déjà pris une part trop grande dans la prise de décision des politiques qui nous gouvernent ? Lorsque l’on voit comment ont fonctionné les Assemblées d’étudiants, faisant fi de tout comportement démocratique, on est en droit de craindre la démocratie d’opinion, tout aussi susceptible de manipulation que tout autre manifestation d’opinion.
La démocratie directe n’étant pas opératoire, la démocratie d’opinion étant dangereuse, il reste le concept de démocratie participative. Reste à comprendre ce que ce concept recouvre. S’il s’agit, comme l’a laissé entendre la candidate de gauche aux dernières élections présidentielles, de soumettre l’action des représentants du peuple au jugement de jurys populaires, cela revient à dénier au principe du vote électoral toute justification. La délégation faite lors du vote électoral perd son sens ainsi que le principe même de démocratie représentative. S’il s’agit de faire participer le citoyen aux prises de décisions, cela existe déjà à l’échelon local à travers les comités de quartiers, les commissions ad hoc, les associations. Un examen un peu attentif de ces initiatives montre qu’il ne s’agit que de l’application au niveau local de la notion de représentativité. En effet, les participants à ces comités ou associations sont censés représenter l’ensemble des concitoyens qui leur ont délégué leur pouvoir de décision. On est bien dans le cadre d’une démocratie représentative. On peut donc conclure que le concept de démocratie participative n’est qu’un avatar de la démocratie représentative. Si les citoyens perdent confiance dans les hommes politiques, cela ne tient pas au fonctionnement de la démocratie, mais à la compétence et au courage des élus. Cela tient également à l’égoïsme du citoyen pour qui la notion de bien commun est étranger.
Le régime actuel français est, sans conteste, celui de la démocratie représentative. Cependant, nous assistons à ce qui pourrait bien devenir une dérive, voire une régression. Lorsque N. Sarkozy affronte directement les pêcheurs, les cheminots grévistes, les ouvriers, la majorité des Français louent son courage…et retiennent la leçon, à savoir que, seul, le président est apte à entendre leurs problèmes. C’est exactement ce qui se passait, il y a deux cent cinquante ans, lorsque le peuple ne s’adressait qu’au roi.
La démocratie directe n’étant pas opératoire, la démocratie d’opinion étant dangereuse, il reste le concept de démocratie participative. Reste à comprendre ce que ce concept recouvre. S’il s’agit, comme l’a laissé entendre la candidate de gauche aux dernières élections présidentielles, de soumettre l’action des représentants du peuple au jugement de jurys populaires, cela revient à dénier au principe du vote électoral toute justification. La délégation faite lors du vote électoral perd son sens ainsi que le principe même de démocratie représentative. S’il s’agit de faire participer le citoyen aux prises de décisions, cela existe déjà à l’échelon local à travers les comités de quartiers, les commissions ad hoc, les associations. Un examen un peu attentif de ces initiatives montre qu’il ne s’agit que de l’application au niveau local de la notion de représentativité. En effet, les participants à ces comités ou associations sont censés représenter l’ensemble des concitoyens qui leur ont délégué leur pouvoir de décision. On est bien dans le cadre d’une démocratie représentative. On peut donc conclure que le concept de démocratie participative n’est qu’un avatar de la démocratie représentative. Si les citoyens perdent confiance dans les hommes politiques, cela ne tient pas au fonctionnement de la démocratie, mais à la compétence et au courage des élus. Cela tient également à l’égoïsme du citoyen pour qui la notion de bien commun est étranger.
Le régime actuel français est, sans conteste, celui de la démocratie représentative. Cependant, nous assistons à ce qui pourrait bien devenir une dérive, voire une régression. Lorsque N. Sarkozy affronte directement les pêcheurs, les cheminots grévistes, les ouvriers, la majorité des Français louent son courage…et retiennent la leçon, à savoir que, seul, le président est apte à entendre leurs problèmes. C’est exactement ce qui se passait, il y a deux cent cinquante ans, lorsque le peuple ne s’adressait qu’au roi.
01 février 2008
Pauvre Afrique
Le continent noir, berceau de l’humanité, n’en finit pas de s’enfoncer dans la misère. Le spectacle que donne l’Afrique aujourd’hui est accablant. Non seulement en proie aux premières conséquences dramatiques du réchauffement planétaire, elle est dévastée par une vingtaine de conflits armés, aucune région n’étant épargnée : Somalie, Soudan, Tchad, Rwanda et Burundi, Ethiopie, Ouganda, Kenya, République Démocratique du Congo, Angola, Sierra Leone, Liberia. À cette liste, il faut ajouter l’horreur que constitue la permanence du terrorisme au Maghreb, en Mauritanie. Au premier rang des causes de ces guerres figure l’ethnisme qui pousse les peuples à tenter de régler les différends politiques par les armes à feu ou les machettes. Ce qui se passe actuellement au Kenya est symptomatique de ces antagonismes racistes (car il faut bien appeler les choses par leur nom). Les conflits à coloration tribale, souvent aggravés par le fanatisme religieux, sont nombreux : l’antagonisme Hutus-Tutsis de l’Afrique des Grands Lacs, les problèmes Afar dans la Corne, la question Targui au Sahel, le problème Oromo en Éthiopie, le conflit du Nigeria, celui du Soudant et de l’Ouganda en sont des exemples. Ces conflits s’accompagnent de déplacements de population d’une ampleur considérable (un réfugié sur deux dans le monde est africain) qui ajoutent à la déliquescence du continent. Les camps de réfugiés sont de gigantesques camps de la mort pour les plus faibles, femmes, enfants et vieillards. L’Afrique meurt de la corruption et de l’incompétence de ses dirigeants, des trafics de tous ordres dont la drogue. C’est un continent qui a produit plus de dictateurs que de poètes ou de philosophes. Devant une telle dérive, le monde entier devrait se mobiliser pour aider ces populations à sortir de ce drame. Et ceci, en s’abstenant de soutenir des dirigeants corrompus et incapables au nom d’une « real » politique uniquement préoccupée des intérêts égoïstes des pays occidentaux et asiatiques.
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