On croyait que le problème de la cohabitation du religieux et du politique était réglé depuis 1905. La loi votée cette année-là, en fait, est extrêmement simple dans un énoncé un peu compliqué. Elle stipule que :
« • La république garantit le libre exercice des cultes, ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
• La République ne prend en charge que les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics.
• Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte. Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit. Sont punis d'une amende ceux qui, par violence ou menaces contre un individu, l'auront déterminé à exercer ou à s'abstenir d'exercer un culte.
• Si un discours prononcé ou un écrit affiché ou distribué publiquement dans les lieux où s'exerce le culte contient une provocation directe à résister à l'exécution des lois ou s'il tend à soulever ou à armer une partie des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s'en sera rendu coupable sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans. »
Tout le reste du texte traite de la délicate question du transfert des biens immobiliers de l’Église à l’État.
Que peut- on penser de cette loi ? Tout d’abord qu’il n’a pas été jugé anormal, au début du XXème siècle, que l’État se mêle du religieux. Il stipule un fait, qui paraît naturel aujourd’hui, à savoir que chacun a le droit d’exercer sa religion, quelle qu’elle soit, à condition qu’il le fasse sans prosélytisme et sans signe visible en dehors de sa sphère privée. Bien entendu, aucun classement de valeur n’est précisé ni entre les religions ni entre le religieux et le laïc. Mais séparation ne veut pas dire ignorance. Peut-on faire de l’histoire sans rien connaître de l’histoire particulière des religions et des multiples interactions qu’elles ont eues sur la vie citoyenne ? Doit-on passer sous silence la Saint Barthélemy, la guerre des Chouans, l’éradication des Cathares et des Templiers, les atrocités des croisades et de l’Inquisition ? La destinée de l’Europe et du Moyen-Orient a été façonnée en profondeur par les religions. Or, l’ignorance est grande, tant chez les adultes que chez les enfants, de l’histoire des religions. Peut-on limiter l’histoire du peuple juif à la seule Shoa, en omettant l’exode du VIIème siècle avant JC provoqué par les Assyriens,la déportation à Babylone en 586 avant JC, le début de la diaspora en l’an 70 après la destruction du temple de Jérusalem par les Romains, la création de ghettos espagnols par ordonnance royale en 1412 servant de précurseur à la lutte anti-sémite espagnole de XIIème siècle commençant par l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492 ? Peut-on ignorer l’histoire musulmane et de son expansion depuis l’invasion du Maghreb en 400 et de la Syrie par les Arabes en 636 jusqu’à leur arrivée en Europe et la conquête de l’Espagne en 711, leur pénétration en France jusqu’en 732, la grande renaissance de l’Islam de 1520 à 1629 qui mena les Ottomans jusqu’en Autriche ? Peut-on ignorer la différence entre un chiite et un sunnite , entre un juif ashkénaze et un séfarade ? Les massacres religieux ont jalonné l’histoire occidentale comme elle a jalonné, et jalonne encore, celle du Proche-Orient. Tirant enfin les leçons de l’Histoire, la loi de 1905, par la séparation nette des intérêts religieux et laïcs, entend éradiquer toute velléité d’actions politiques menées au nom d’une quelconque religion. La seule morale conduit l’action des hommes et cette morale est décrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme qui doit être le bien commun à toutes religions et à tous ceux qui sont athées ou agnostiques.
Liberté du choix religieux, égalité de traitement pour tous sans signe distinctif, laïcité et Droits de l’Homme.
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