La multi-crise que nous traversons est angoissante parce qu’elle est multi-dimensionnelle : financière et bancaire au premier chef créant un tarissement du crédit, économique avec la récession qui s’annonce, énergétique avec le renchérissement des matières premières, environnementale avec les dangers pressentis des modifications climatiques, sociale avec le chômage qui va fortement augmenter. C’est-à-dire que nous allons ressentir les effets de cette crise dans tous les aspects de notre vie, pendant que les médias se masturbent le cerveau pour savoir si l’on est ou non en récession (voir l’article « les Dafiorus de l’économie »). Le capitalisme s’est développé depuis les années trente en augmentant de façon considérable la richesse du monde. Mais le succès a emballé la machine économique dont les acteurs se sont mis à faire n’importe quoi : comment peut-on croire un instant qu’une économie basée sur la seule spéculation financière, c’est-à-dire qui ne produit aucune richesse réelle mais qui enrichit considérablement une toute petite partie de la population au détriment du plus grand nombre et des plus pauvres , peut perdurer sans dommage ? Les marchés se sont décloisonnés et mondialisés sans régulation. Ces marchés ont fleuri en même temps que les paradis fiscaux et les places off-shore, avec l’objectif de capturer l’épargne du plus grand nombre. C’est-à-dire que l’on a bien affaire à du grand banditisme. Les soubresauts des bourses ne sont que le révélateur du comportement voyou des organismes financiers avec leurs salles de marchés et des entreprises multinationales avec leurs traders attitrés qui continuent, malgré les difficultés économiques, à boursicoter à grande échelle pour engranger d’énormes profits. La vente massive de leurs actions pour réaliser ces profits et les « mettre à l’abri » est la cause de la chute des bourses. Pendant ce temps, on demande aux petits épargnants de rester calmes et de se conduire en citoyens.
Mais de ce marasme peuvent naître trois opportunités qui peuvent changer la donne. Tout d’abord, la prise de conscience des responsables politiques européens de la nécessité d’une action commune peut permettre de faire un pas de plus vers l’Europe politique. À condition que les égoïsmes nationaux ne prennent pas le dessus dans un réflexe opportuniste, comme l’Irlande (passager clandestin de l’Europe) a commencé de le faire en entraînant dans son sillage quelques autres pays européens dont l’Allemagne. Si ce genre de comportement se généralise, l’Europe est morte. La volonté d’assainir l’anomie du monde financier et ses pratiques de casino peut permettre de saisir l’occasion d’interdire aux banques de l’OCDE toutes relations avec les places off-shore et les paradis fiscaux, ce qui conduira ceux-ci à disparaître, toutes les autres banques mondiales hésitant à traiter avec ces organismes mis effectivement à l’index par 30 pays développés. Cette crise peut être aussi une opportunité pour assainir les pratiques boursières et interdire les produits dérivés « titrisés » qui, non seulement relèvent du pur jeu de casino, mais dissolvent les responsabilités. À l’inverse, si rien n’est fait dans ce sens, alors, immanquablement, tout recommencera et une nouvelle crise, encore plus grave, se produira nécessairement. Enfin, la prise de conscience que les seuls investissements éthiques sont ceux qui bénéficient à la création de plus-values réelles orientera ces investissements vers l’innovation et les placements productifs (ce qui est bénéfique pour les plus jeunes, car favorisant le développement et l’emploi) au détriment des produits d’épargne et des fonds de pension (ce qui pénalisera les plus âgés).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire