La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
26 octobre 2008
La crise vient de loin
Lorsqu’on écoute les différents commentateurs de l’actualité, on a l’impression que la crise profonde que le monde commence à subir est née au mois de Septembre de cette année. Cette affirmation est le signe soit d’un énorme mensonge soit d’une incompétence impardonnable. Cette crise trouve ses premières prémices dès les années 1975 avec la première crise pétrolière lorsque les pays producteurs de pétrole ont augmenté de façon inconsidérée le prix de cette matière première. La crise économique qui s’est répandue essentiellement en Europe n’était que le premier pas vers la situation d’aujourd’hui. Les pays du Moyen-Orient et la Russie, elle aussi exportatrice de gaz et de pétrole, ont commencé à engranger une rente considérable. De son côté, la Chine, à partir des années 1990, assoit son développement économique sur les exportations, donnant la priorité aux investissements tournés vers les industries exportatrices. Ce faisant, elle « oublie » d’investir dans les domaines de la sécurité sociale ou dans les retraites. L’inquiétude des chinois les pousse vers l’épargne de précaution qui devient considérable, compte tenu de l’importance de la population. Tout cela conduit, vers les années 1990 à 2000 à une épargne mondiale excédentaire en provenance de la Russie, du Moyen-Orient et de la Chine. Cette épargne a, de façon naturelle, cherché à se placer. De façon naturelle, elle est allée vers le seul marché attractif existant, celui des États-Unis. C’est la première cause profonde de la crise d’aujourd’hui. La seconde est la libéralisation du marché des capitaux qui s’est produit de façon parallèle facilitant leur circulation vers les paradis fiscaux. Cette libéralisation du marché des capitaux a nourri la spéculation qui a continué à alimenter la rente des pays producteurs de pétrole. La troisième cause fondamentale est la titrisation. La titrisation, avec un système de contrôle bancaire insuffisant, a conduit à la dilution du risque et au développement d’un sentiment d’impunité et d’enrichissement sans risque. Le placement de l’épargne mondiale sur les marchés immobiliers et financiers américains ont provoqué l’apparition des prêts immobiliers « pourris » dits « subprimes » et de produits financiers à risque de plus en plus considérable, à la base d’une économie de casino. Dans le même temps, la spéculation pratiquée par les fonds de pension a provoqué une énorme pression sur les dirigeants d’entreprise pour obtenir des rendements d’actions au moins équivalents à ceux des produits financiers à risque. Ceci a conduit les entrepreneurs à détourner une partie de plus en plus grande des investissements productifs vers des placements boursiers. C’est ce mécanisme complexe, qui tourne depuis plus de trente ans, qui a abouti à la bulle financière et à la bulle immobilière de 2008. La conséquence immédiate de l’éclatement de ces bulles à laquelle nous assistons est la raréfaction drastique des prêts bancaires qui nous conduit tout droit à la récession. On remarquera, au passage, que les banques, acteurs essentiels de la crise d’aujourd’hui, sont maintenant les responsables de la récession en supprimant les prêts aux entreprises et aux particuliers. Après avoir pris des risques considérables et catastrophiques, aujourd’hui ces mêmes banques refusent toute aide aux acteurs économiques. Décidément la finance et la morale vivent dans deux mondes séparés.
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