Le cerveau humain est composé de trois étages. Le premier étage, le cerveau reptilien, est le siège des besoins primaires, comme manger pour vivre, se reproduire, fuir ou se battre. Seul, il fonctionne de façon purement instinctive. C’est à ce niveau profond que se situe l’amygdale que l’on sait aujourd’hui être le siège de l’agressivité. Le second étage, le cerveau mammalien, est le siège de la mémoire. C'est le cerveau des mammifères. Il permet de conserver l'histoire des expériences et de guider ainsi les fonctions du cerveau reptilien. Enfin, le troisième étage est le cortex. C'est l'apanage de l'homme. Il permet de faire des associations, il guide l'intuition, il organise les processus du comportement. Il serait faux de croire que nous ne fonctionnons que grâce à ce troisième étage. Ecoutez cette expérience instructive du professeur Laborit, professeur à l’hôpital du Val de Grace dans les années 1950.
Première partie : prenez un rat, blanc de préférence. En fait, la couleur a peu d'importance, mais les rats blancs sont moins répugnants à manipuler. Mettez-le dans une cage à deux compartiments, séparés par une cloison comportant une ouverture. Le sol de la cage est fait de lattes métalliques, de sorte qu'il vous est possible d'envoyer un courant électrique dans le plancher d'un compartiment ou de l'autre et que le rat ressentira.
Faites retentir une sonnerie avant de faire passer le courant. Recevant le choc électrique, le rat s'agite et finit par passer de l'autre coté de la cloison. Son cerveau reptilien réagit à la punition et à la douleur par la fuite. Recommencez l'expérience autant de fois que nécessaire et ne vous laissez pas attendrir pas les pleurs du rat qui ne sont que des larmes de crocodile. Au bout d'un certain nombre d'expériences, le rat finit par comprendre qu'il faut passer de l'autre coté de la cloison au moment où il entend la sonnerie, avant de recevoir la décharge. Si vous faites l'expérience en respectant un rythme constant, vous verrez bientôt le rat changer de côté juste avant la sonnerie. C'est son cerveau mammalien qui guide son comportement. De plus, le rat reste en parfaite santé physique et morale, si tant est qu'on puisse parler de moralité du rat.
Deuxième partie : fermez l'ouverture entre les deux cotés de la boîte. Le rat ne peut plus s'enfuir comme un lâche pour éviter la punition du courant électrique. Il ne peut rien faire, il doit subir. Vous allez le voir entrer peu à peu dans un état léthargique, dû à une inhibition totale. Il reste prostré comme un imbécile. Et puis, il va tomber malade. Son poil ternit, il va faire de l'hypertension, développer un ulcère à l'estomac, tomber en neurasthénie, montrer des signes d'astrasie ; tout ce que son organisme peut faire contre lui-même.
Troisième partie : recommencez l'expérience avec deux rats en bonne santé et fermez l'ouverture entre les deux parties de la boîte. Les deux rats subissent les chocs électriques. Mais, au lieu de rester prostrés, comme ils ont un congénère sous la patte, ils vont se battre comme des chiffonniers. Et alors, direz-vous ? Et bien, le fait de pouvoir décharger leur hargne de ne pouvoir se défendre contre l'électrocution, de pouvoir répondre aux sollicitations du cerveau reptilien et aux sollicitations d’agressivité des zones amygdaliennes, va les conserver en parfaite santé ! Pas d'hypertension ni de neurasthénie. La forme, quoi !
Qu'en conclure, vous demanderez-vous ? Remplacez les rats par les humains, qui ne sont pas nécessairement blancs, et vous comprendrez pourquoi un homme agressé, qui n'a pas la possibilité de fuir, cherche d'abord à se retourner contre un semblable en répondant à l'agression par une autre, en répondant à une attaque par la guerre. C'est son cerveau reptilien qui le pousse à agir de la sorte. Et vous comprendrez aussi pourquoi il développe des maladies psychosomatiques, de l'hypertension, des ulcères à l'estomac, des coliques néphrétiques, si les règles de la société, imprimées dans son cerveau tout au long de sa vie, lui interdisent toute action violente envers un congénère !!! Il est comme le rat dans sa cage, sans possibilité de fuite. L'homme possède, par malheur, ce cerveau supplémentaire, le cortex que ne possède pas (ou si peu) le rat. C'est là que s'incrustent, dès le premier jour et peut-être même avant, les influences externes qui vont façonner les liaisons nerveuses et créer les interdits qui vont fermer la porte de la cloison. Le cortex va créer lui-même les conditions qui vont interdire au cerveau reptilien d'imposer ses décisions.
Le choix est simple : la guerre ou le suicide, telle est la question. L'homme est fait comme un rat.
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