Il s’est entouré de fondamentalistes protestants qui ont ranimé les guerres de religion ; merci Monsieur Bush !
Il a refusé toute action en faveur du climat, alors que les USA représentent la plus grande part de la pollution de la planète ; merci Monsieur Bush !
Il s’est complètement désintéressé du Moyen-Orient, laissant cette région du monde s’enfoncer dans une impasse mortelle ; merci Monsieur Bush !
Il a laissé les organismes financiers américains désorganiser le système financier mondial et provoquer une récession planétaire ; merci Monsieur Bush !
Il a provoqué une crise économique mondiale qui conduit à une explosion du chômage ; merci Monsieur Bush !
Après la débâcle financière mondiale, il a refusé de moraliser le système ; merci Monsieur Bush !
Il a menti au monde entier en tentant de faire croire que l’Irak fabriquait une bombe atomique ; merci Monsieur Bush !
Il a apporté la guerre en Afghanistan et en Irak, en renforçant le terrorisme mondial ; merci Monsieur Bush !
Après la destruction du mur de Berlin pour laquelle il n’y est pour rien, il a construit le mur du Mexique ; merci Monsieur Bush !
Il a relancé un début de guerre froide avec la Russie en voulant implanter des missiles anti-missiles en Europe de l’Est ; merci Monsieur Bush !
Vous partez ? Mille fois merci, Monsieur Bush !
La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
29 novembre 2008
26 novembre 2008
Une histoire édifiante
Ayant hérité de sa famille une petite fortune, plein d’idées et d’esprit d’entreprise, Jean Treprand créa un petit atelier où il fabriquait, avec deux employés, un grille-pain ingénieux sur une idée qu’il possédait depuis qu’enfant, il regardait sa mère faire griller les tranches de pain sur la cuisinière. Son produit trouva rapidement une clientèle locale dans sa petite ville et sur les marchés locaux. Devant le succès de son grille-pain, il décida alors d’augmenter sa production et, quittant son atelier, il ouvrit une petite usine où il embaucha une dizaine d’ouvriers venant du village et de ses environs. Inventif et entrepreneur dans l’âme, il décida d’élargir la gamme de ses produits, acheta quelques machines-outils allemandes et accrut son personnel. Il lui fallut alors un chef d’atelier et un comptable. Ses ouvriers venaient de beaucoup plus loin et il réfléchit à la meilleure façon d’améliorer leur vie. Il décida de franchir un grand pas et fit construire une série de petites maisons pour les loger à proximité de l’usine. L’arrivée de toutes ces familles eut un gros impact sur la ville. Des commerces s’ouvrirent, des classes supplémentaires se créèrent à l’école qui se transforma bientôt en collège. La ville s’enrichit et les travaux d’aménagement se multiplièrent. Comme la production demandait de faire venir à l’usine des matières premières et des composants, quelques-uns des fournisseurs de l’usine ouvrirent une succursale dans la ville. Lui, soucieux de ses ouvriers, fit construire une cantine puis une garderie pour les enfants, car les femmes venaient maintenant travailler à l’usine. Les années passèrent, l’usine s’agrandit, la ville s’enrichit. Le banquier se frottait les mains car les bénéfices de l’usine venaient alimenter son compte bancaire le plus important. Lui aussi, bien sûr. Le nombre des salariés augmentait de plus en plus. L’ambiance à l’usine était sereine. Jean Treprand avait maintenant à ses côtés deux collaborateurs pour l’aider dans les taches de gestion. Les ouvriers appelaient leur patron Monsieur Jean. Et puis, un jour, les salariés créèrent une cellule syndicale afin de défendre leurs intérêts, disaient-ils. Ils ont dit que le patron était paternaliste et que c’était une injure à la classe ouvrière parce que c’était un management méprisant. Ils firent grève pour obtenir des augmentations de salaire et la prise en charge de leurs frais de déplacement. Tout en cherchant à ne pas mettre l’usine en danger, Jean Treprand accepta en partie ces revendications. Mais les relations avec les ouvriers devinrent plus difficiles. Il y eut même des manifestations violentes avec blocage de l’usine et piquets de grève devant le portail d’entrée. Ils enfermèrent même Monsieur Jean pendant tout un week-end dans son bureau. Une angoisse obsidionale régnait alors parmi les ouvriers.
Cependant, malgré ces difficultés, tout allait à peu près bien jusqu’au jour où des produits concurrents provenant de l’étranger commencèrent à envahir le marché. Des produits moins bons, certes, moins fiables mais beaucoup moins chers. Ils étaient fabriqués dans des pays où le coût du travail était beaucoup plus faible car les salaires étaient ridiculement bas. Les ventes se firent alors difficiles. Et puis, le prix des matières premières s’accrut considérablement. Les bénéfices s’évaporèrent comme neige au soleil. Il fallut envisager de licencier un certain nombre de salariés. L’atmosphère, à l’usine, devint de plus en plus lourde. Le bilan annuel vira au rouge et Jean Treprand se trouva dans l’obligation de négocier avec la banque des prêts et des découverts que le banquier, oublieux du passé, lui accordait de plus en plus difficilement. Et puis, un jour, il fallut se rendre à l’évidence : la faillite n’était plus très loin. Jean Treprand s’enquit alors d’un repreneur. Et il en trouva un. C’était un groupe industriel important qui, implanté dans plusieurs pays, pensait se servir de ses différentes implantations pour agrandir le marché des produits de l’usine. Jean Treprand, la mort dans l’âme, vendit son usine. Les nouveaux managers rachetèrent la totalité du capital et ils nommèrent Jean Treprand président d’honneur, mais c’était là une nomination honorifique et sans aucun pouvoir. Les salariés, un instant inquiets, se rassurèrent rapidement en constatant que la faillite avait été évitée. Mais, rapidement, ils constatèrent aussi que le mode de management avait radicalement changé. Il n’était plus du tout question de paternalisme, mais de performances, d’objectifs, de polyvalence, de productivité. Les nouveaux managers, au prétexte de recentrer les activités sur le cœur de métier, arrêtèrent un certain nombre de fabrications pour les confier à des sous-traitants et se séparèrent des ouvriers concernés. Il fallait que la rémunération des actionnaires augmente fortement. C’était le seul moyen pour que le fond de pension, actionnaire majoritaire, ne revende pas la totalité de ses actions en se retirant du capital. Pour soutenir leur cours et préserver les dividendes des actionnaires, les managers utilisèrent les bénéfices pour racheter les actions détenus par les actionnaires minoritaires plutôt que d’investir. Le nombre d’ouvriers diminua fortement car le chiffre d’affaires s’effondrait. Un peu forcé et sans recevoir de parachute doré, Jean Treprand pris sa retraite, poussé dehors par le nouveau PDG. L’inquiétude revint parmi les salariés. Les grèves se multiplièrent. La concurrence étrangère devint féroce. Et puis un jour, les salariés reçurent une lettre à leur domicile parlant de mondialisation, de globalisation des marchés et leur apprenant que leur usine allait être délocalisée dans un pays d’Europe de l’Est. Il leur était proposé de suivre l’usine dans ce pays en acceptant une forte réduction de salaire pour être à peu près au niveau des salaires moyens locaux. En cas de refus de leur part, le management se verrait dans la pénible obligation de les licencier. Ce fut un grand choc chez les ouvriers qui se mirent immédiatement en grève. Les réunions se multiplièrent. Un petit nombre d’entre eux accepta les conditions proposées, mais le plus grand nombre se révolta et refusa tout net. Ils se réunirent tout un week-end dans la salle polyvalente de la ville pour décider de la conduite à tenir. Ils décidèrent d’occuper l’usine dès le Lundi suivant à l’aube. Mais, lorsqu’ils se présentèrent sur leur lieu de travail, ils constatèrent, consternés, que l’usine était cadenassée. Après avoir forcé l’ouverture, la stupeur fut à son comble quand ils s’aperçurent que les machines et les stocks avaient disparu. Les bureaux étaient vides, les locaux silencieux. Ce fut un choc violent. Certains ouvriers pleuraient. Ils organisèrent une manifestation en ville. Des personnalités politiques vinrent les soutenir tout en leur faisant comprendre qu’ils ne pouvaient rien faire pour eux. Petit à petit, après une période de grands désordres, le calme se rétablit et les anciens salariés se retrouvèrent au chômage ainsi que ceux des anciens fournisseurs qui firent rapidement faillite. Une antenne de l’ANPE vint même ouvrir un bureau en ville. Le syndicat entama une action en justice et les propriétaires de l’usine furent condamnés à verser de lourdes indemnités aux anciens salariés. Mais, comme ils avaient quitté la France, cette action en justice n’eut aucune suite et aucune indemnité ne fut jamais versée. L’usine fermée, les ouvriers dispersés, toute la ville se trouva en situation difficile. Au collège, deux classes furent fermées car le nombre des élèves avaient fortement diminué. La ville devint triste et grise et sa jeunesse partit pour chercher du travail ailleurs.
Une histoire, dites-vous ?
Cependant, malgré ces difficultés, tout allait à peu près bien jusqu’au jour où des produits concurrents provenant de l’étranger commencèrent à envahir le marché. Des produits moins bons, certes, moins fiables mais beaucoup moins chers. Ils étaient fabriqués dans des pays où le coût du travail était beaucoup plus faible car les salaires étaient ridiculement bas. Les ventes se firent alors difficiles. Et puis, le prix des matières premières s’accrut considérablement. Les bénéfices s’évaporèrent comme neige au soleil. Il fallut envisager de licencier un certain nombre de salariés. L’atmosphère, à l’usine, devint de plus en plus lourde. Le bilan annuel vira au rouge et Jean Treprand se trouva dans l’obligation de négocier avec la banque des prêts et des découverts que le banquier, oublieux du passé, lui accordait de plus en plus difficilement. Et puis, un jour, il fallut se rendre à l’évidence : la faillite n’était plus très loin. Jean Treprand s’enquit alors d’un repreneur. Et il en trouva un. C’était un groupe industriel important qui, implanté dans plusieurs pays, pensait se servir de ses différentes implantations pour agrandir le marché des produits de l’usine. Jean Treprand, la mort dans l’âme, vendit son usine. Les nouveaux managers rachetèrent la totalité du capital et ils nommèrent Jean Treprand président d’honneur, mais c’était là une nomination honorifique et sans aucun pouvoir. Les salariés, un instant inquiets, se rassurèrent rapidement en constatant que la faillite avait été évitée. Mais, rapidement, ils constatèrent aussi que le mode de management avait radicalement changé. Il n’était plus du tout question de paternalisme, mais de performances, d’objectifs, de polyvalence, de productivité. Les nouveaux managers, au prétexte de recentrer les activités sur le cœur de métier, arrêtèrent un certain nombre de fabrications pour les confier à des sous-traitants et se séparèrent des ouvriers concernés. Il fallait que la rémunération des actionnaires augmente fortement. C’était le seul moyen pour que le fond de pension, actionnaire majoritaire, ne revende pas la totalité de ses actions en se retirant du capital. Pour soutenir leur cours et préserver les dividendes des actionnaires, les managers utilisèrent les bénéfices pour racheter les actions détenus par les actionnaires minoritaires plutôt que d’investir. Le nombre d’ouvriers diminua fortement car le chiffre d’affaires s’effondrait. Un peu forcé et sans recevoir de parachute doré, Jean Treprand pris sa retraite, poussé dehors par le nouveau PDG. L’inquiétude revint parmi les salariés. Les grèves se multiplièrent. La concurrence étrangère devint féroce. Et puis un jour, les salariés reçurent une lettre à leur domicile parlant de mondialisation, de globalisation des marchés et leur apprenant que leur usine allait être délocalisée dans un pays d’Europe de l’Est. Il leur était proposé de suivre l’usine dans ce pays en acceptant une forte réduction de salaire pour être à peu près au niveau des salaires moyens locaux. En cas de refus de leur part, le management se verrait dans la pénible obligation de les licencier. Ce fut un grand choc chez les ouvriers qui se mirent immédiatement en grève. Les réunions se multiplièrent. Un petit nombre d’entre eux accepta les conditions proposées, mais le plus grand nombre se révolta et refusa tout net. Ils se réunirent tout un week-end dans la salle polyvalente de la ville pour décider de la conduite à tenir. Ils décidèrent d’occuper l’usine dès le Lundi suivant à l’aube. Mais, lorsqu’ils se présentèrent sur leur lieu de travail, ils constatèrent, consternés, que l’usine était cadenassée. Après avoir forcé l’ouverture, la stupeur fut à son comble quand ils s’aperçurent que les machines et les stocks avaient disparu. Les bureaux étaient vides, les locaux silencieux. Ce fut un choc violent. Certains ouvriers pleuraient. Ils organisèrent une manifestation en ville. Des personnalités politiques vinrent les soutenir tout en leur faisant comprendre qu’ils ne pouvaient rien faire pour eux. Petit à petit, après une période de grands désordres, le calme se rétablit et les anciens salariés se retrouvèrent au chômage ainsi que ceux des anciens fournisseurs qui firent rapidement faillite. Une antenne de l’ANPE vint même ouvrir un bureau en ville. Le syndicat entama une action en justice et les propriétaires de l’usine furent condamnés à verser de lourdes indemnités aux anciens salariés. Mais, comme ils avaient quitté la France, cette action en justice n’eut aucune suite et aucune indemnité ne fut jamais versée. L’usine fermée, les ouvriers dispersés, toute la ville se trouva en situation difficile. Au collège, deux classes furent fermées car le nombre des élèves avaient fortement diminué. La ville devint triste et grise et sa jeunesse partit pour chercher du travail ailleurs.
Une histoire, dites-vous ?
22 novembre 2008
Le propre de l’homme
Henri Bergson disait que le rire est le propre de l’homme. Cette faculté d’extérioriser la joie serait ce qui nous différencie des autres êtres vivants, spécialement des animaux. Est-ce bien certain ? Ce qui rend le rire humain perceptible est la juxtaposition d’une expression du visage associée à un son particulier. Encore que ce dernier point n’est pas juste : les muets ou les opérés de la gorge ne seraient-ils plus capables de rire ? Et, dans ce cas, selon Bergson, ne seraient-ils plus des humains ? L’aspect sonore du rire n’est donc pas un critère d’humanité. Reste l’expression. Mais certains grands singes sont tout aussi capables que nous d’afficher une expression visuelle démontrant le contentement. Sommes-nous des singes ou sont-ils des hommes ? Et que sait-on de la signification des trilles des oiseaux ou du feulement des félidés ? Rien qui nous permette de dire qu’il ne s’agit pas d’un rire animal. Le rire n’est donc pas le propre de l’homme. Alors, où chercher la différence ? La conscience de soi ? Des expériences ont montré que les grands singes et les dauphins savaient très bien se reconnaître dans un miroir. La mémoire n’est pas, non plus, une spécificité humaine. Les éléphants sont reconnus pour posséder une mémoire performante qui les pousse à montrer une attitude vindicative envers ceux qui les ont agressés dans le passé. Ils sont susceptibles de présenter, comme les humains, les symptômes du stress post-traumatique, signe qu’ils gardent en mémoire la trace d’évènements violents antérieurs. Bien entendu, la capacité meurtrière n’est pas l’apanage du genre humain. Le lion qui tue les lionceaux qui ne sont pas de lui en est la preuve, s’il en fallait une. La guerre, alors ? C’est-à-dire le meurtre en groupe ? La chasse organisée par les lionnes ou par la meute de loups nous montre un exemple de meurtre organisé en groupe. Faut-il alors rechercher la différence dans l’existence de sentiments plus intimes ? La tristesse, le désir, la vanité, la cupidité, l’esprit de vengeance, le chagrin ou la tristesse ? La dépression du vieux lion chassé de sa parentèle ou du singe dominant ayant perdu son statut nous montre l’exemple d’animaux frappés d’une grande tristesse qui peut les amener à se laisser mourir. Les larmes du crocodile sont célèbres. La parade anacréontique des oiseaux de paradis est un bel exemple de vanité et l’écureuil qui amasse et cache sa nourriture jusqu’à l’oublier ne nous montre-t-il pas un exemple de cupidité ? Quant à l’esprit de vengeance, les éléphants nous ont déjà montré qu’il existait dans le monde animal. N’a-t-on pas vu les éléphants chassés et blessés par les Massaïs se venger sur leurs troupeaux de bovins ? Lorsqu’un éléphant se trouve en face des dépouilles d’un membre de son groupe, ne le voit-on pas montrer les signes d’une évidente tristesse et d’une sorte de culte des morts ? L’esprit parental et la capacité d’éduquer sont manifestes dans le monde animal et ne sont donc pas non plus caractéristiques du genre humain. L’esprit de groupe, dont se vantent bien des hommes, existe manifestement dans le monde animal, chez les fourmis, les termites, les singes, les suricates, les loups ou les lémuriens. Alors, que reste-t-il ? Le rêve ? Il existe manifestement chez le chien ou l’éléphant et l’on ne sait rien des autres. La capacité d’avoir un projet immédiat ? La transhumance africaine des gnous, la longue marche des manchots empereurs, le vol d’un pôle à l’autre des sternes, la préparation de l’hibernation chez l’ours ou la marmotte sont des exemples de projets guidant le comportement vers un objectif précis. Bien entendu, il est facile de dire que la pensée est intrinsèque au genre humain. Mais cette fausse certitude ne s’appuie que sur notre totale ignorance de ce qui se passe dans le cerveau animal, bien que tous les exemples cités plus haut laissent fortement soupçonner l’existence d’une pensée.
Il reste la conscience du temps, c’est-à-dire la capacité de se poser des questions du genre : que ferai-je demain (la prévision), pourquoi ai-je fait cela hier (le regret, le remords) ?
Il reste aussi le mensonge, la dissimulation et l’hypocrisie. Pour faire bonne mesure, j’ajouterai que l’homme se caractérise aussi par sa capacité à torturer.
Il reste la conscience du temps, c’est-à-dire la capacité de se poser des questions du genre : que ferai-je demain (la prévision), pourquoi ai-je fait cela hier (le regret, le remords) ?
Il reste aussi le mensonge, la dissimulation et l’hypocrisie. Pour faire bonne mesure, j’ajouterai que l’homme se caractérise aussi par sa capacité à torturer.
17 novembre 2008
De la nécessité du leader
Le Parti Socialiste vient de nous offrir le spectacle que l’on redoutait, à savoir une pantalonnade tragi-comique. Éventuel prodrome de son éclatement, le congrès de Reims a été le champ clos où se sont affrontées des ambitions égoïstes et effrénées, où se sont multipliés complots et intrigues. Le processus propre au Parti Socialiste qui se définit essentiellement par le dépôt de motions dont l’une est censée recueillir une majorité de voix s’est enrayé en mettant les trois motions principales pratiquement à égalité sans atteindre la majorité. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque les différences entre ces motions se mesurent à l’aune de l’épaisseur d’un papier de cigarette ? Les seules différences visibles ont porté sur le ton des discours, allant de l'envolée évangélique à la vindicte gauchiste en passant par l’indignation feinte. Qu’est-ce que cela montre ? Que le Parti Socialiste est peut-être riche de personnalités mais qu’il est en manque cruel d’un leader. Si celui-ci avait existé, même en présence de motions quasiment identiques, son seul nom aurait suffi à recueillir la majorité des votants. La Vème République impose sa logique qui veut que le futur secrétaire du Parti devienne, quoi que l’on ait entendu dire par des éléphants vieillissants dans leurs tentatives d’éliminer telle ou telle personnalité jugée gênante, le candidat naturel à la Présidence de la République. Imagine-t-on l’un des candidats actuels au Secrétariat du Parti occuper la fonction suprême ? Quoique minoritaire au congrès qui l’a porté au Secrétariat du Parti, F. Mitterrand s’est imposé comme le seul présidentiable du Parti … et tout le monde s’est finalement rangé derrière lui. Qui, aujourd’hui, peut prétendre à cela au sein du Parti ? Absolument personne. Ce Parti est, certes, riche de personnalités, mais ne possède aucun homme ou femme ayant l’envergure d’un chef d’État. Qui peut imaginer la France dirigée par une mystique maternisante et, donc, infantilisante et faisant le faux-sens historique de rattacher le socialisme à la Révolution de 1789 ou par une pasionaria des 35 heures aux accents des mineurs de Carmaux et qui se trompe de siècle ? On en frémit d’avance !!
12 novembre 2008
L’homme est fait comme un rat
Le cerveau humain est composé de trois étages. Le premier étage, le cerveau reptilien, est le siège des besoins primaires, comme manger pour vivre, se reproduire, fuir ou se battre. Seul, il fonctionne de façon purement instinctive. C’est à ce niveau profond que se situe l’amygdale que l’on sait aujourd’hui être le siège de l’agressivité. Le second étage, le cerveau mammalien, est le siège de la mémoire. C'est le cerveau des mammifères. Il permet de conserver l'histoire des expériences et de guider ainsi les fonctions du cerveau reptilien. Enfin, le troisième étage est le cortex. C'est l'apanage de l'homme. Il permet de faire des associations, il guide l'intuition, il organise les processus du comportement. Il serait faux de croire que nous ne fonctionnons que grâce à ce troisième étage. Ecoutez cette expérience instructive du professeur Laborit, professeur à l’hôpital du Val de Grace dans les années 1950.
Première partie : prenez un rat, blanc de préférence. En fait, la couleur a peu d'importance, mais les rats blancs sont moins répugnants à manipuler. Mettez-le dans une cage à deux compartiments, séparés par une cloison comportant une ouverture. Le sol de la cage est fait de lattes métalliques, de sorte qu'il vous est possible d'envoyer un courant électrique dans le plancher d'un compartiment ou de l'autre et que le rat ressentira.
Faites retentir une sonnerie avant de faire passer le courant. Recevant le choc électrique, le rat s'agite et finit par passer de l'autre coté de la cloison. Son cerveau reptilien réagit à la punition et à la douleur par la fuite. Recommencez l'expérience autant de fois que nécessaire et ne vous laissez pas attendrir pas les pleurs du rat qui ne sont que des larmes de crocodile. Au bout d'un certain nombre d'expériences, le rat finit par comprendre qu'il faut passer de l'autre coté de la cloison au moment où il entend la sonnerie, avant de recevoir la décharge. Si vous faites l'expérience en respectant un rythme constant, vous verrez bientôt le rat changer de côté juste avant la sonnerie. C'est son cerveau mammalien qui guide son comportement. De plus, le rat reste en parfaite santé physique et morale, si tant est qu'on puisse parler de moralité du rat.
Deuxième partie : fermez l'ouverture entre les deux cotés de la boîte. Le rat ne peut plus s'enfuir comme un lâche pour éviter la punition du courant électrique. Il ne peut rien faire, il doit subir. Vous allez le voir entrer peu à peu dans un état léthargique, dû à une inhibition totale. Il reste prostré comme un imbécile. Et puis, il va tomber malade. Son poil ternit, il va faire de l'hypertension, développer un ulcère à l'estomac, tomber en neurasthénie, montrer des signes d'astrasie ; tout ce que son organisme peut faire contre lui-même.
Troisième partie : recommencez l'expérience avec deux rats en bonne santé et fermez l'ouverture entre les deux parties de la boîte. Les deux rats subissent les chocs électriques. Mais, au lieu de rester prostrés, comme ils ont un congénère sous la patte, ils vont se battre comme des chiffonniers. Et alors, direz-vous ? Et bien, le fait de pouvoir décharger leur hargne de ne pouvoir se défendre contre l'électrocution, de pouvoir répondre aux sollicitations du cerveau reptilien et aux sollicitations d’agressivité des zones amygdaliennes, va les conserver en parfaite santé ! Pas d'hypertension ni de neurasthénie. La forme, quoi !
Qu'en conclure, vous demanderez-vous ? Remplacez les rats par les humains, qui ne sont pas nécessairement blancs, et vous comprendrez pourquoi un homme agressé, qui n'a pas la possibilité de fuir, cherche d'abord à se retourner contre un semblable en répondant à l'agression par une autre, en répondant à une attaque par la guerre. C'est son cerveau reptilien qui le pousse à agir de la sorte. Et vous comprendrez aussi pourquoi il développe des maladies psychosomatiques, de l'hypertension, des ulcères à l'estomac, des coliques néphrétiques, si les règles de la société, imprimées dans son cerveau tout au long de sa vie, lui interdisent toute action violente envers un congénère !!! Il est comme le rat dans sa cage, sans possibilité de fuite. L'homme possède, par malheur, ce cerveau supplémentaire, le cortex que ne possède pas (ou si peu) le rat. C'est là que s'incrustent, dès le premier jour et peut-être même avant, les influences externes qui vont façonner les liaisons nerveuses et créer les interdits qui vont fermer la porte de la cloison. Le cortex va créer lui-même les conditions qui vont interdire au cerveau reptilien d'imposer ses décisions.
Le choix est simple : la guerre ou le suicide, telle est la question. L'homme est fait comme un rat.
Première partie : prenez un rat, blanc de préférence. En fait, la couleur a peu d'importance, mais les rats blancs sont moins répugnants à manipuler. Mettez-le dans une cage à deux compartiments, séparés par une cloison comportant une ouverture. Le sol de la cage est fait de lattes métalliques, de sorte qu'il vous est possible d'envoyer un courant électrique dans le plancher d'un compartiment ou de l'autre et que le rat ressentira.
Faites retentir une sonnerie avant de faire passer le courant. Recevant le choc électrique, le rat s'agite et finit par passer de l'autre coté de la cloison. Son cerveau reptilien réagit à la punition et à la douleur par la fuite. Recommencez l'expérience autant de fois que nécessaire et ne vous laissez pas attendrir pas les pleurs du rat qui ne sont que des larmes de crocodile. Au bout d'un certain nombre d'expériences, le rat finit par comprendre qu'il faut passer de l'autre coté de la cloison au moment où il entend la sonnerie, avant de recevoir la décharge. Si vous faites l'expérience en respectant un rythme constant, vous verrez bientôt le rat changer de côté juste avant la sonnerie. C'est son cerveau mammalien qui guide son comportement. De plus, le rat reste en parfaite santé physique et morale, si tant est qu'on puisse parler de moralité du rat.
Deuxième partie : fermez l'ouverture entre les deux cotés de la boîte. Le rat ne peut plus s'enfuir comme un lâche pour éviter la punition du courant électrique. Il ne peut rien faire, il doit subir. Vous allez le voir entrer peu à peu dans un état léthargique, dû à une inhibition totale. Il reste prostré comme un imbécile. Et puis, il va tomber malade. Son poil ternit, il va faire de l'hypertension, développer un ulcère à l'estomac, tomber en neurasthénie, montrer des signes d'astrasie ; tout ce que son organisme peut faire contre lui-même.
Troisième partie : recommencez l'expérience avec deux rats en bonne santé et fermez l'ouverture entre les deux parties de la boîte. Les deux rats subissent les chocs électriques. Mais, au lieu de rester prostrés, comme ils ont un congénère sous la patte, ils vont se battre comme des chiffonniers. Et alors, direz-vous ? Et bien, le fait de pouvoir décharger leur hargne de ne pouvoir se défendre contre l'électrocution, de pouvoir répondre aux sollicitations du cerveau reptilien et aux sollicitations d’agressivité des zones amygdaliennes, va les conserver en parfaite santé ! Pas d'hypertension ni de neurasthénie. La forme, quoi !
Qu'en conclure, vous demanderez-vous ? Remplacez les rats par les humains, qui ne sont pas nécessairement blancs, et vous comprendrez pourquoi un homme agressé, qui n'a pas la possibilité de fuir, cherche d'abord à se retourner contre un semblable en répondant à l'agression par une autre, en répondant à une attaque par la guerre. C'est son cerveau reptilien qui le pousse à agir de la sorte. Et vous comprendrez aussi pourquoi il développe des maladies psychosomatiques, de l'hypertension, des ulcères à l'estomac, des coliques néphrétiques, si les règles de la société, imprimées dans son cerveau tout au long de sa vie, lui interdisent toute action violente envers un congénère !!! Il est comme le rat dans sa cage, sans possibilité de fuite. L'homme possède, par malheur, ce cerveau supplémentaire, le cortex que ne possède pas (ou si peu) le rat. C'est là que s'incrustent, dès le premier jour et peut-être même avant, les influences externes qui vont façonner les liaisons nerveuses et créer les interdits qui vont fermer la porte de la cloison. Le cortex va créer lui-même les conditions qui vont interdire au cerveau reptilien d'imposer ses décisions.
Le choix est simple : la guerre ou le suicide, telle est la question. L'homme est fait comme un rat.
08 novembre 2008
Le nouveau péril jaune
La guerre entre les grandes puissances a changé de protagonistes et de nature. Ce n’est plus à la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS à laquelle nous assistons, mais à une confrontation d’une autre nature, tout aussi réelle, entre les mêmes États-Unis et la Chine. Sur le plan politique, ces deux États sont en opposition sur les relations avec le Soudan (le Darfour), l’Iran, la Corée du Nord, autant de pays soutenus par la Chine et combattus par les USA. Certains courants conservateurs américains tentent de mettre en place une stratégie d’endiguement (le containment) de la Chine pour empêcher que celle-ci ne devienne une puissance concurrente des États-Unis menaçant de mettre fin leur l’hégémonie. La confrontation politique est soutendue par une lutte sans merci pour l’accès aux matières premières. La Chine, sans aucun scrupule, alimente et soutient tout pays ou toute dictature susceptible de lui fournir les matières premières dont elle a un besoin vital. Elle devient peu à peu le principal concurrent des Américains en ce qui concerne l’approvisionnement pétrolier. C’est pourquoi chacun des deux pays est en train de mettre en place une stratégie destinée à lui permettre de sécuriser et diversifier ses sources d’approvisionnement pétrolier. Ainsi l’Afrique est devenue le champs-clos d’un affrontement sino-américain dont on parle peu mais qui est sans pitié. La Chine est, en effet, en train de prendre pieds au Soudan, en Angola ou au Gabon. On assiste également à un spectaculaire rapprochement avec les pays d’Amérique latine, sphère d’influence privilégiée et historique des États-Unis.
Chaque pays cherche à développer ses atouts concurrentiels. Celui de la Chine est essentiellement les bas coûts de fabrication. Tout est bon pour maintenir ces coûts au niveau le plus faible possible afin d’envahir les marchés occidentaux et notamment américains (pour compenser les engagements de rachat de la dette extravagante des USA que la crise économique actuelle ne fera qu’aggraver), d’où des manipulations monétaires, des pratiques frauduleuses et dangereuses, comme l’a démontré l’affaire du lait contaminé (et d’autres produits alimentaires) et des faux médicaments qui inondent l’Afrique. Mais, comme des frères ennemis, ces deux pays sont indissociables, chacun d’eux ayant un besoin vital de l’autre. Les USA ont besoin de la Chine pour faire perdurer leur formidable déficit et racheter leur dette colossale en lui vendant des bons du Trésor. La Chine a besoin du marché américain pour obtenir les devises nécessaires à ce rachat et à son développement. Sur le plan économique, on peut dire que les relations Chine/ États-Unis sont tellement imbriquées les unes dans les autres qu’on peut aujourd’hui parler d’interdépendance. Nous allons assister, durant les prochaines années, à un rattrapage économique de la Chine qui va profiter du déclin relatif, mais déjà en cours, des USA. C’est, en effet, la première fois depuis la crise de 1929 que les USA entrent en récession économique. Compte tenu de l’interdépendance objective des deux pays, il faut s’attendre à ce que la Chine connaisse également de fortes difficultés économiques et sociales dans le court et moyen terme. Le monde entier en sera fragilisé.
Chaque pays cherche à développer ses atouts concurrentiels. Celui de la Chine est essentiellement les bas coûts de fabrication. Tout est bon pour maintenir ces coûts au niveau le plus faible possible afin d’envahir les marchés occidentaux et notamment américains (pour compenser les engagements de rachat de la dette extravagante des USA que la crise économique actuelle ne fera qu’aggraver), d’où des manipulations monétaires, des pratiques frauduleuses et dangereuses, comme l’a démontré l’affaire du lait contaminé (et d’autres produits alimentaires) et des faux médicaments qui inondent l’Afrique. Mais, comme des frères ennemis, ces deux pays sont indissociables, chacun d’eux ayant un besoin vital de l’autre. Les USA ont besoin de la Chine pour faire perdurer leur formidable déficit et racheter leur dette colossale en lui vendant des bons du Trésor. La Chine a besoin du marché américain pour obtenir les devises nécessaires à ce rachat et à son développement. Sur le plan économique, on peut dire que les relations Chine/ États-Unis sont tellement imbriquées les unes dans les autres qu’on peut aujourd’hui parler d’interdépendance. Nous allons assister, durant les prochaines années, à un rattrapage économique de la Chine qui va profiter du déclin relatif, mais déjà en cours, des USA. C’est, en effet, la première fois depuis la crise de 1929 que les USA entrent en récession économique. Compte tenu de l’interdépendance objective des deux pays, il faut s’attendre à ce que la Chine connaisse également de fortes difficultés économiques et sociales dans le court et moyen terme. Le monde entier en sera fragilisé.
05 novembre 2008
Il est 5 heures, Paris s’éveille
Il est cinq heures, ce 5 Novembre 2008.
Le monde se réveille différent de ce qu’il était hier. Un noir vient d’être élu Président des États-Unis. La nouvelle est trop récente pour mesurer entièrement la signification de cet événement. Mais une chose est certaine : les américains sont un grand peuple. Quelle preuve plus éclatante peut-on donner d’une démocratie vivante que d’élire au poste suprême du pouvoir un homme dont le père devait subir, il y a cinquante ans à peine, l’infamie de la ségrégation ? Cette élection est une délivrance pour les noirs du monde entier car elle apporte la preuve que tout leur devient possible, sinon facile. Peut-on imaginer la même chose en Europe et en France, alors que nous regardons encore comme une curiosité la présence discrète de représentants des minorités dites « visibles » au sein du gouvernement ? Quelle leçon pour ceux qui manifestent un anti-américanisme viscéral et irréfléchi !
Mais l’avenir n’est pas écrit. Ce Président noir va devoir convaincre ceux qui ont réagi non par adhésion mais par rejet d’une administration républicaine qui a mené l’Amérique et le monde au désastre économique et qui a semé le désordre sur la planète. Il va devoir gérer les contraintes qu’impose la situation américaine et mondiale et faire accepter, comme toujours, qu’il peut y avoir une grande différence entre l’espoir et les rêves qu’il a suscités et l’incontournable réalité. La réaction peut alors être d’autant plus violente qu’il s’agit d’un noir. Croisons les doigts pour qu’il n’en soit pas ainsi.
Le monde se réveille différent de ce qu’il était hier. Un noir vient d’être élu Président des États-Unis. La nouvelle est trop récente pour mesurer entièrement la signification de cet événement. Mais une chose est certaine : les américains sont un grand peuple. Quelle preuve plus éclatante peut-on donner d’une démocratie vivante que d’élire au poste suprême du pouvoir un homme dont le père devait subir, il y a cinquante ans à peine, l’infamie de la ségrégation ? Cette élection est une délivrance pour les noirs du monde entier car elle apporte la preuve que tout leur devient possible, sinon facile. Peut-on imaginer la même chose en Europe et en France, alors que nous regardons encore comme une curiosité la présence discrète de représentants des minorités dites « visibles » au sein du gouvernement ? Quelle leçon pour ceux qui manifestent un anti-américanisme viscéral et irréfléchi !
Mais l’avenir n’est pas écrit. Ce Président noir va devoir convaincre ceux qui ont réagi non par adhésion mais par rejet d’une administration républicaine qui a mené l’Amérique et le monde au désastre économique et qui a semé le désordre sur la planète. Il va devoir gérer les contraintes qu’impose la situation américaine et mondiale et faire accepter, comme toujours, qu’il peut y avoir une grande différence entre l’espoir et les rêves qu’il a suscités et l’incontournable réalité. La réaction peut alors être d’autant plus violente qu’il s’agit d’un noir. Croisons les doigts pour qu’il n’en soit pas ainsi.
01 novembre 2008
La conscience du monde en physique
La physique possède un Graal : l’équation « du tout » qui permettrait d’expliquer le monde depuis ses origines jusqu’à sa fin en passant par ce qu’il est aujourd’hui. La tâche est extrêmement complexe et difficile, mais elle repose sur une conviction : le monde est un objet logique dont l’évolution relève d’une loi unique. Cette quête a conduit les plus illustres physiciens à élaborer des théories, à la fois révolutionnaires à leur époque et généralisant les connaissances antérieures, comme la théorie de l’électromagnétisme de Maxwell ou la théorie de la Relativité Générale d’Einstein. Chacune de ces théories a élaboré des équations les plus compactes, et donc les plus belles, pour expliquer un aspect du monde. Les équations de Maxwell sont mathématiquement trop complexes pour être écrites ici, mais qui ne connaît pas la célébrissime équation d’Einstein E = mc2 ? Au début du siècle précédent, âge d’or de la physique théorique, est née une nouvelle théorie dont l’ambition était d’expliquer le fonctionnement du monde des particules élémentaires : la physique quantique. Cette théorie est devenue un paradigme et possède, elle aussi, son équation étendard : l’équation de Schrödinger ou fonction d’onde. La grande différence entre cette équation et les autres tient dans le fait que les équations de la physique classique proposent des certitudes, alors que la physique quantique ne propose plus que des probabilités. C’est-à-dire que cette physique nous dit qu’il est impossible d’avoir des certitudes sur le monde qui nous entoure. Tout ce que l’on peut espérer est de savoir que le monde a des chances de se trouver dans tel ou tel état. Voilà qui heurte le sens commun, puisque le monde que nous voyons nous apparaît dans un état déterminé, sans aucun doute possible. La fonction d’onde nous dit qu’on ne peut pas savoir où se situe l’électron d’un atome ni dans quel état se trouve cet atome. On ne dispose plus que de probabilités pour que cet atome soit dans tel ou tel état. De la même façon, il est impossible de savoir si l’électron est une onde ou une particule. Une expérience célèbre a démontré ce fait. Si l’on fait passer un faisceau d’électron à travers un écran possédant deux fines fentes proches l’une de l’autre, on obtient sur un écran placé à la suite du premier ce que l’on appelle un réseau d’interférences, caractéristique indiscutable d’une onde. Mais, si l’on place un appareillage permettant de savoir par laquelle des deux fentes passent les électrons, les interférences disparaissent pour donner des impacts distincts sur l’écran de lecture, caratéristiques d’un faisceau de particules. Onde ou particule ? Les deux à la fois. Mais dans sa conformation ondulatoire, il est impossible de localiser précisément l’électron. On ne possède plus que des probabilités de localiser l’électron à tel ou tel endroit. En termes plus scientifiques, on dit que la causalité déterministe est remplacée par une causalité probabiliste. Une autre expérience, dite de pensée car fictive, est celle du célèbre chat de Schrödinger. Le système expérimental imaginé est constitué d’une boîte contenant une source radioactive, un détecteur de particules comme un compteur Geiger, une fiole contenant du cyanure et un chat vivant. Si le détecteur enregistre une particule issue de la désintégration de l’atome, la fiole se brise, le poison se répand et le chat meurt. Vous comprenez pourquoi l’expérience est fictive !! Que nous dit la fonction d’onde ? Tant que l’on ne regarde pas dans la boîte, la fonction d’onde du système est une superposition des possibilités (l’atome se désintègre, l’atome ne se désintègre pas), donc une superposition des états. Tant qu’on ne regarde pas dans la boîte, cette superposition est réelle : il y a un échantillon radioactif qui, à la fois, se désintègre ET ne se désintègre pas, une fiole de poison qui, à la fois, se brise ET reste intacte, un chat qui, à la fois, est mort ET vivant. Invraisemblable ? Non, car il reste heureusement vrai que, dès que l’on ouvre la boîte, on constate l’état vital du chat. Mais, ce faisant, la fonction d’onde se modifie et les probabilités fournies changent, donnant une probabilité de cent pour cent à l’état constaté. Cette expérience montre la discontinuité fondamentale et l’aporie entre le monde subatomique et le monde macroscopique qui est le nôtre. Devant cette incompatibilité apparente, certains physiciens ont fini par accepter le fait qu’il nous sera toujours impossible de connaître l’état du monde en dehors de nos observations. C’est l’interprétation dite de Copenhague. D’autres sont allés encore plus loin en affirmant que le monde tel que nous le connaissons n’existe que parce que nous le regardons, et que c’est la prise de conscience du résultat qui modifie la fonction d’onde ! L’onde de Schrödinger devient une « onde de conscience ». Il est impossible de parler du monde mais, uniquement, de ce que nous percevons, renonçant à jamais à la connaissance intrinsèque de ce monde. Vous qui lisez ce texte (avec intérêt, j’espère !), vous avez la certitude qu’il existe mais vous ne pouvez pas avoir la certitude que j’existe tant que vous ne m’avez pas vu ! Actuellement, la fonction d’onde qui décrit le système composé de vous-même en train de lire et de l’auteur de ce texte me décrit comme étant, à la fois, existant ET non existant. Il faut vous y faire !! La réciproque est d’ailleurs vraie. La fonction d’onde qui décrit le système me contenant en train d’écrire cet article et vous-même, lecteur attentif, m’indique que vous avez une chance sur deux d’exister ET une chance sur deux de ne pas exister. Nous verrons bien ce qu’il en est lorsque nous nous rencontrerons !!
Tout ceci a l’air quelque peu ésotérique. Pour ma part, je suis de ceux qui pensent que la physique quantique est incomplète et que viendra un jour le physicien qui restaurera dans sa plénitude le principe de causalité objective. Pourtant, êtes-vous certain que le monde que vous regardez est exactement le même que celui que, moi, je vois ? Et comment en apporter la preuve ? Voilà une question qui me hante depuis toujours. Le bleu que vous percevez est-il, en tous points, identique à celui que je vois ? Comment le savoir ?
Tout ceci a l’air quelque peu ésotérique. Pour ma part, je suis de ceux qui pensent que la physique quantique est incomplète et que viendra un jour le physicien qui restaurera dans sa plénitude le principe de causalité objective. Pourtant, êtes-vous certain que le monde que vous regardez est exactement le même que celui que, moi, je vois ? Et comment en apporter la preuve ? Voilà une question qui me hante depuis toujours. Le bleu que vous percevez est-il, en tous points, identique à celui que je vois ? Comment le savoir ?
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