La parallaxe est une différence de vision qui se crée lorsque l’on regarde depuis deux points de vue différents. Un point de vue unique fait courir le risque d’une appréciation partielle relevant du politiquement correct. En portant un regard différent, on peut alors percevoir des aspects cachés du monde. Regarder, écouter, et chercher un point de vue décalé peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes.
19 février 2009
Le sens des mots
Le 17 Février 2009, un homme a été abattu par balle à Pointe-à-Pitre, lors des émeutes qui ont enflammé la ville durant toute la nuit du Mardi au Mercredi. Au journal de France Inter de midi, le lendemain, le (la, en l’occurrence) journaliste a présenté cet assassinat comme étant la conséquence de la « colère » des jeunes. Je suis resté un moment interdit en entendant ce commentaire. Certes, le français est une langue en perte de vitesse dans son propre pays. L’utilisation abusive du sabir SMS et d’un volapuk de plus en plus incompréhensible ont fait perdre à un nombre de plus en plus grand de Français la connaissance de leur langue, vieille de plus de deux millénaires. Or la langue est le ciment d’un peuple. Perdre sa langue, c’est oublier son histoire, c’est rompre une communauté. Il n’est que de constater l’invraisemblable ignorance d’un nombre de plus en plus important de jeunes élèves concernant l’orthographe et la grammaire. La langue française périclite de façon dramatique. On aurait pu espérer que les médias, tellement présentes dans tous les instants de la vie, pourraient participer au sauvetage de celle-ci. Hélas, les fautes de langage font flores et il ne se passe pas un jour sans que l’on entende une faute de français, un néologisme, un barbarisme, une floraison de liaisons inadéquates, de contresens et de faux-sens, telle l’utilisation du mot « colère » dans le journal de France Inter évoqué ci-dessus. La colère est un sentiment de révolte qui fait suite à une injustice, une blessure, une injure, un refus et qui se manifeste envers celui qui en est la cause. L’homme qui a perdu la vie ce soir-là, sur une route de la Guadeloupe avait comme seul tord de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Le sniper qui l’a abattu n’avait aucun grief envers cet homme. Il ne s’agit donc, en aucun cas, d’un geste de colère mais d’une insondable bêtise. Évoquer la colère suggère qu’il existe une raison à celle-ci et qu’elle est donc compréhensible. Il ne peut y avoir de compréhension envers un meurtre sans raison.
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